Troisième semaine des Exercices spirituels d’Ignace de Loyola

Le premier jour, la première contemplation se fera au milieu de la nuit sur le voyage de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de Béthanie à Jérusalem jusqu’à la dernière Cène. On rappellera d’abord l’histoire de ce mystère. Puis, dans la composition de lieu, on imaginera ce chemin de Béthanie à Jérusalem, large, uni ou raboteux, ainsi que le lieu de la Cène, vaste ou resserré. Enfin, on demandera ce que l’on veut obtenir. Il est important de voir les personnes de la Cène, de les entendre, de regarder leurs actes. Mais il s’agit toujours de retirer quelque fruit spirituel, à chaque étape. La finalité de cette contemplation vise à éprouver la compassion pour les souffrances du Christ. L’étymologie latine du terme de « compassion » montre la force de ce sentiment : cum patior, souffrir avec. Ignace de Loyola ajoute « jusqu’à m’exciter à la douleur, à la tristesse et aux larmes » (§195).

Le paragraphe suivant fait prendre conscience de la gravité du mystère de l’Incarnation du Deus absconditus (du Dieu caché) : « Il faut considérer comment la Divinité reste cachée durant toute la Passion du Sauveur. Elle abandonne aux plus cruels tourments la très Sainte Humanité qui lui est unie » (§196). Conscient de ce que « le Christ endure pour mes péchés, je demanderai ce que je dois faire et souffrir pour lui » (§197). Suivent le colloque avec Jésus-Christ et la prière du Notre-Père.

La seconde contemplation porte sur les faits qui se sont passés depuis la Cène jusqu’au jardin. On rappelle d’abord le précis de l’histoire, puis on voit les lieux de la contemplation : le chemin de la montagne de Sion à la vallée de Josaphat, et aussi le jardin. On imagine sa longueur, sa largeur, sa disposition. Suit la demande suivante : «  Ce qu'il est convenable de demander dans la Passion, c'est la douleur avec Jésus-Christ dans la douleur; le brisement de l'âme avec Jésus-Christ brisé dans son âme et dans son corps; des larmes, et le sentiment intérieur de tant de maux que Jésus-Christ a soufferts pour moi » (§203).

Le second jour, la contemplation reprend au milieu de la nuit, depuis la sortie du jardin jusqu’à la maison d’Anne, puis, le matin, depuis la maison d’Anne jusqu’à celle de Caïphe.

Le troisième jour, la méditation se poursuit, la nuit, de la maison de Caïphe au prétoire, et, le matin, du prétoire au palais d’Hérode (§208).

Du 4ème au 7ème jour (§209):

Quatrième jour
« Au milieu de la nuit, sur le renvoi d'Hérode à Pilate jusqu'à la moitié des mystères qui se sont passés dans la maison de Pilate; dans l'exercice du matin, les autres mystères qui se sont passés au prétoire; puis les répétitions et l'application des sens, comme il est dit. »

Cinquième jour
« Au milieu de la nuit, ce qui se passa depuis la maison de Pilate jusqu'au Crucifiement du Sauveur; et le matin, depuis qu'il fut élevé en Croix jusqu'à ce qu'il rendit le dernier soupir; ensuite les deux répétitions et l'application des sens ».

Sixième jour
« Au milieu de la nuit, depuis la descente de Croix jusqu'au Sépulcre exclusivement; et le matin, depuis le Sépulcre inclusivement jusqu'à la maison où se retira Notre-Dame, lorsque son Fils fut enseveli ».

Septième jour
« La contemplation de toute la Passion dans l'exercice du milieu de la nuit, et dans celui du matin; et au lieu des deux répétitions et de l'application des sens, on considérera tout le jour, autant qu'on le pourra, comment le très sacré corps de Notre-Seigneur Jésus-Christ resta séparé de son âme; où et comment il fut enseveli. On considérera de même, d'un côté, la solitude de Notre-Dame, plongée dans une grande douleur et dans une grande affliction; et, de l'autre, l'isolement et la tristesse des disciples. »

« La mise en cible comporte 14 stations comme la Passion du Christ (…). Observons ce Christ si émouvant du Caravage : infiniment doux, Il patiente dans l’innocence spirituelle d’une sensualité qui érotise son torse nu. Il est déterminant que ce soit ici un Christ aux outrages, pris dans toute la dimension de son humanité. Il n’est pas encore divinisé. Il est l’ecce homo désigné comme bouc émissaire : voici l’homme, c’est-à-dire la cible, cible-Christ. » Cahiers de Crimée n°13, Galerie Besson.

Dans le prolongement de cette semaine de méditation sur la Passion du Christ des Exercices spirituels, suit l’énoncé de huit règles de tempérance, où domine la notion de juste mesure : 1. Sur la nourriture 2. Sur la boisson 3. Sur les aliments en général, où il est recommandé de consommer des mets soit communs et grossiers soit en petite quantité. Il est aussi prescrit, dans la 4ème règle de retrancher de la nourriture un peu du nécessaire, mais sans prendre de risques pour sa santé, de pratiquer une abstinence volontaire. En effet, la 5ème règle recommande d’imaginer Notre-Seigneur Jésus-Christ prenant lui-même sa nourriture avec ses apôtres et de s’efforcer de l’imiter. La vie des saints est aussi un objet de réflexion (6ème règle). Il faut éviter la précipitation dans la prise de nourriture quant à la quantité et à la manière de la prendre (7ème règle). Enfin, on peut déterminer d’avance ce que l’on prendra au repas suivant (8ème  règle).

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