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Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

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Une méditation inattendue sur Noël !

Publié le : 24 Décembre 2020
En cette fête de la Nativité, voici un texte méditatif qui célèbre la douceur et la grâce de l'Avènement de Noël et le profond mystère de l'Incarnation, perçu avec finesse et sensibilité. Si vous ne l'aviez encore jamais lu, nous vous laissons en deviner l'auteur...!

« Vous avez le droit d’exiger qu’on vous montre la Crèche. La voici.

La Vierge est pâle et elle regarde l’enfant. Ce qu’il faudrait peindre sur son visage, c’est un émerveillement anxieux, qui n’apparut qu’une seule fois sur une figure humaine, car le Christ est son enfant, la chair de sa chair et le fruit de ses entrailles. Elle l’a porté neuf mois. Elle lui donna le sein et son lait deviendra le sang de Dieu. Elle le serre dans ses bras et elle dit : 'mon petit' !

Mais à d’autres moments, elle demeure toute interdite et elle pense : 'Dieu est là', et elle se sent prise d’une crainte religieuse pour ce Dieu muet, pour cet enfant, parce que toutes les mères sont ainsi arrêtées par moment, par ce fragment de leur chair qu’est leur enfant, et elles se sentent en exil devant cette vie neuve qu’on a faite avec leur vie et qu’habitent les pensées étrangères.

Et aucune femme n’a eu de la sorte son Dieu pour elle seule. Un Dieu tout petit qu’on peut prendre dans ses bras et couvrir de baisers, un Dieu tout chaud qui sourit et qui respire, un Dieu qu’on peut toucher et qui vit, et c’est dans ces moments-là que je peindrais Marie si j’étais peintre, et j’essayerais de rendre l’air de hardiesse tendre et de timidité avec lequel elle avance le doigt pour toucher la douce petite peau de cet enfant Dieu dont elle sent sur les genoux le poids tiède, et qui lui sourit. Et voilà pour Jésus et pour la Vierge Marie.

Et Joseph. Joseph ? Je ne le peindrais pas. Je ne montrerais qu’une ombre au fond de la grange et aux yeux brillants, car je ne sais que dire de Joseph. Et Joseph ne sait que dire de lui-même. Il adore et il est heureux d’adorer. »

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Ce texte a été rédigé en 1940, dans un camp de prisonniers français en Allemagne.
A la demande des prêtres en captivité avec lui, Jean-Paul Sartre, prisonnier depuis quelques mois dans ce camp, et bien qu'athée, a écrit cette méditation sur la veillée de Noël, d'une grande délicatesse d'expression, qui offre une perception inédite de la scène de la crèche.

Illustration : Giotto di Bondone (1266/67-1337), Nativité, 1303-1306, chapelle des Scrovegni de Padoue © Wikimedia commons

Luis M. Aguirre
Luis M. Aguirre a écrit :
22/01/2021 03:43

Merveilleux

Valérie de Maulmin
Valérie de Maulmin a écrit :
22/01/2021 11:49

Merci beaucoup pour votre commentaire !

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