Pour une Nativité dans la ville….
Publié le : 25 Décembre 2020Si elle suscite l’enthousiasme d’un très grand nombre de visiteurs, la Nativité de Prosper Legault n’est pas, non plus, sans provoquer des réactions négatives, voire hostiles, mais qui ont le mérite de nous faire réfléchir à l’histoire de l’art, au récit de l’Evangile et surtout à la nature de notre foi.
Présentée à l’église Saint-Eustache, pour la cinquième année de sa collaboration avec l'Ecole des Beaux-Arts de Paris et le Fonds de dotation Rubis Mécénat, l'installation sur le thème de la Nativité a été conçue et imaginée par Prosper Legault, jeune diplômé de l’Ecole.
Si nous prenons le temps de la regarder, la peinture classique, si magnifique soit-elle, n’est pas sans évoquer elle aussi les conditions précaires de la naissance du Christ.
Il est vrai que cette Nativité est constituée de « débris récupérés », de néons usagés, d’un caddie de supermarché, de cageots et d’une tente Quetchua qui n’a rien d’un palais. Mais ces rebuts de notre société de consommation, à défaut d’autre chose, font le bonheur des sans-abris et nous rappelle que Jésus est né « pauvre parmi les pauvres ». Si nous prenons le temps de la regarder, la peinture classique, si magnifique soit-elle, n’est pas sans évoquer elle aussi les conditions précaires de la naissance du Christ.
Etonnante par contre, cette croix dressée sur la ville. Constituée d’un néon de pharmacie revisité par l’artiste, elle est peut-être la pièce la plus importante de cette Nativité. Dans notre joie de la naissance du Christ, un temps de repos bienfaisant, nous pourrions être tenté de l’oublier un moment, mais la passion est bien là, cette croix nous la rappelle. « Quand j'étais un enfant, » nous dit Saint-Paul, « je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j'ai fait disparaître ce qui faisait de moi un enfant ». (1) « Ainsi la crèche de Prosper Legault nous rappelle avec encore plus d’insistance cette année, qu’au-delà de l’église, de la communauté qu’elle abrite, voire de la foi qui l’anime, la Paroisse Saint Eustache est aussi un territoire, un ensemble de réalités humaines dont sa communauté porte la responsabilité au nom de son baptême, même quand ses membres habitent au loin. » (2)
Une incitation à nous interroger, en toute liberté, sur la signification à donner à ce que nous laissons de côté ou ne voulons pas regarder et à célébrer la joie extrême d’une naissance.
Nous voyons actuellement « une image obscure dans un miroir » écrivait aussi Saint-Paul (1). Cependant, en faisant monter vers la voûte de Saint Eustache des lumières pleines de joie, le jeune artiste donne d’une façon toute symbolique une seconde chance à ces néons abandonnés et nous invite à lever la tête et à ne pas baisser les bras : « Dans l’espace clos de l’église ce « poème de rue » de Prosper Legault métamorphose les restes abandonnés de la ville lumière pour leur donner une vie nouvelle, tout autre ». (3) Une incitation à nous interroger, en toute liberté, sur la signification à donner à ce que nous laissons de côté ou ne voulons pas regarder et à célébrer, malgré toutes nos difficultés, la joie extrême d’une naissance.
Françoise Paviot
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(1) Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (XII 31-XIII 13)
(2) James Cunningham / Oratoire – Edito paroissial du 12/12/2020
(3) Paul-Louis Rinuy – www.dieumaintenant.com