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Seconde semaine des Exercices Spirituels d’Ignace de Loyola (suite)

Publié le : 26 Mars 2015
La seconde semaine des Exercices Spirituels est consacrée à la contemplation de la vie du Christ. Nous observerons deux temps forts dans cette semaine : le 4e jour est consacré à la Méditation des deux étendards et la fin de la semaine au temps d’élection qui permet de faire un choix de vie important.

La Méditation des deux étendards (§137 à 156) est basée, au plan littéraire, sur la figure de style de l’antithèse et sur la métaphore militaire. L’étendard est, en effet, une enseigne de guerre et un signe de ralliement. Il s’agit donc de se rallier à un chef : le chef des ennemis, Lucifer, ou le chef de tous les hommes vertueux, Jésus-Christ. La méditation se déroule selon la méthode de la spiritualité jésuite : fait historique, composition de lieu, demande de ce que l’on veut obtenir, intervention des sens, colloque, contemplation finale. Chacun de ces points est développé par une antithèse. Le « fait historique » de la méditation est constitué de deux appels : « Jésus-Christ appelle tous les hommes et veut les réunir sous son étendard, Lucifer les appelle sous le sien » (137). Puis dans la composition de lieu sont opposées deux plaines : la plaine près de Jérusalem et celle près de Babylone, ville de la captivité et de la décadence.

William BLAKE, Nabuchodonosor – 1795 Epreuve en couleur, coloris et aquarelle H 43 cm X  l.60 cm, Minneapolis Institut des Arts.

Celui qui pratique les Exercices demande alors ce qu’il veut obtenir dans son combat spirituel « plus rude que la bataille d’hommes » : une connaissance personnelle exprimée à la première personne, « la connaissance des ruses du chef des ennemis et les secours pour m’en défendre et la connaissance de la véritable vie montrée par le chef souverain et légitime et la grâce pour l’imiter » (139). Ensuite la vue et l’ouïe sont sollicitées et toute l’iconographie médiévale ressurgit pour représenter Lucifer « aux traits horribles et à l’aspect épouvantable » répandant « des démons innombrables dans tout l’univers, n’oubliant aucune province, aucun lieu, aucune personne en particulier » (141). Tel un gladiateur aux jeux du cirque, Lucifer menace de « jeter filets et chaînes ».

En fait, ses chaînes sont les richesses, les vains honneurs du monde et l’orgueil sans bornes : c’est la triple tentation de la libido sentiendi, libido dominandi, libido sciendi (désir immodéré des sens, du pouvoir et du savoir). L’antithèse se développe alors autour de Jésus-Christ, chef souverain et véritable, « beau et plein de grâce », modèle de pauvreté, d’acceptation des opprobres et d’humilité (§143 à 146). Suit le colloque à Notre-Dame, au Christ et à Dieu le Père. L’Exercice suivant (§148 à 155) illustre la Méditation sur les deux étendards par une réflexion sur les trois classes d’hommes et une invitation au détachement, avant d’entrer dans la contemplation.

Nous sommes maintenant au 5e jour des Exercices Spirituels qui vont s’étendre jusqu’au 12e jour. Chaque jour, est proposée une méditation particulière de la vie du Christ (Baptême de Jésus, Appel des Apôtres, Sermon sur la montagne, Apparition aux disciples sur la mer, Prêche dans le Temple, Résurrection de Lazare et Jour des Rameaux). Ainsi l’exercice spirituel consiste à appliquer la méthode spécifique de lecture biblique sur ces textes et  à relire sa vie en parallèle en fonction de ce que l’on a vécu dans la prière. Une sorte d’ajustement entre la vie du Christ et sa propre vie doit s’opérer.

C’est pourquoi, dès le 5e jour, intervient le temps d’élection (§169 à 189), de choix important de vie : « Je commence à me mettre devant les yeux la fin pour laquelle je suis créé : savoir louer Dieu, notre Seigneur, et sauver mon âme » C’est le rappel du principe et fondement des Exercices Spirituels. Si j’ai accepté le principe de la primauté de Dieu dans mon existence, je serai « prêt à suivre le parti qui me semblera le plus propre à procurer la gloire de Dieu et le salut de mon âme » (179). On examine la nature des objets qui sont matière à élection et les circonstances favorables. On peut alors se réformer dans l’état de vie que l’on a embrassé. Puis on fixera son choix dans la prière et on offrira ce choix dans une oblation à Dieu. Cependant il est bien spécifié que « l’amour qui me porte et me détermine à choisir tel objet doit venir d’en haut, et descendre de l’amour de Dieu même » (184).

A l’orgueil ou tentation de l’autosuffisance, arme par excellence de Lucifer, s’oppose le paradoxe évangélique de l’humilité: «  Le troisième degré d'humilité est très parfait (…) et veut que, pour imiter plus parfaitement Jésus-Christ, notre Seigneur, et me rendre de fait plus semblable à lui, je préfère, j'embrasse la pauvreté avec Jésus-Christ pauvre, plutôt que les richesses; les opprobres avec Jésus-Christ rassasié d'opprobres, plutôt que les honneurs; le désir d'être regardé comme un homme inutile et insensé, par amour pour Jésus-Christ, qui le premier a été regardé comme tel, plutôt que de passer pour un homme sage et prudent aux yeux du monde » (§165 à 168). C’est l’Imitation de Jésus-Christ qui a nourri l’élan mystique d’Ignace de Loyola.

BICCI DI LORENZO (1373-1452), Baptême du Christ, H.1,27m  L.0,59m , Musée des Beaux-Arts,  Nantes
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Martine Petrini-Poli

Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

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