Retrouver la paix et la sérénité avec le "Paso de los Durmientes" d’Alonso et José de Rozas

Nous refermons ce parcours de la Passion à travers l’histoire de la sculpture processionnelle de la Semaine Sainte espagnole, avec l’une des œuvres les plus singulières des célébrations religieuses de Valladolid. Appelé aussi Paso du Saint Sépulcre, le Paso des Dormants (de los Durmientes) représente le Christ mort, allongé dans un cercueil vitré, iconographie que l’on retrouve dans de nombreuses églises ibériques. Le type de représentation permet ainsi de voir le corps du Christ et de lui rendre culte. Rappelons alors que les images principales des pasos, appelées images tutélaires, étaient exposées dans les églises des confréries pénitentielles pendant l’année. Représentant le plus fréquemment la Vierge Marie ou Jésus Christ, ils sont l’objet d’une ferveur toute particulière.

Le Christ du Paso des Dormants n’échappait pas à la règle. Il avait été créé, dans la deuxième partie du XVIIe siècle, pour l’une des plus anciennes confréries de la ville de Valladolid, la confrérie de las Angustias, par les sculpteurs Alonso et José de las Rozas. L’urne aurait quant à elle été créée par l’artiste castillan Juan de Ávila. Suite aux politiques de nationalisation des biens du clergé des années 1830, le Paso est intégré aux collections du musée des Beaux-arts de la ville, transformé en 1933 en Musée national de Sculpture. L’œuvre, conservée au musée le reste de l’année, est aujourd’hui promenée par l’une des nombreuses confréries créées durant le XXe siècle après la revivification de la Semaine Sainte. La cofradía del Santo Sepulcro y Santísimo Cristo del Consuelo (confrérie du Saint Sépulcre et du Sanctissime Christ de la Consolation) est fondée en 1945. Elle se distingue de ses semblables par une cape et un capirote violets, une tunique et des gants blancs, ainsi qu’une ceinture jaune.

Outre la procession générale du vendredi saint où tous les Pasos de la ville défilent les uns après les autres, le Paso de los Durmientes est habituellement promené le Dimanche de Pâques au matin. Mais cette procession se fait sans l’image du Christ. Le cercueil vide est ainsi promené dans toute la ville, comme une preuve attestant du retour à la vie du Jésus.

L’iconographie de ce Paso contraste avec les autres œuvres de la Semaine Sainte. L’effet dramatique des autres sculptures présentées au fil des jours laisse place à une œuvre aux personnages aux traits plus doux et sereins. L’ensemble est composé de cinq images, à la symétrie parfaite. Quatre gardes sont représentés aux coins du cercueil. Ces derniers mandatés par Ponce Pilate à la demande des pharisiens, sont plongés dans un sommeil profond. Deux anges aux habits chatoyants aux pieds et à la tête du Christ veillent le cadavre avant la résurrection, afin de pouvoir communiquer la bonne nouvelle de son retour à la vie. Les processions du Dimanche de Pâques clôturent ainsi le cycle de la Semaine Sainte espagnole. Une fois le Christ ressuscité et les épreuves du Christ vécues et ressenties par les fidèles, la vie civile reprend ses droits jusqu’à la Semaine Sainte suivante.

Nathalie Cerezales

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