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Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

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"J’ai soif" de Gregorio Fernández : faire ressentir au fidèle la souffrance du Christ

Publié le : 29 Mars 2018
Chaque année, au moment de la Semaine Sainte, des milliers d’espagnols défilent autour d’ensembles de figures sculptées, rappelant les épisodes de la Passion du Christ. Ce jeudi saint, le Paso que nous vous proposons représente le Christ en croix.

Gregorio Fernández, Sed Tengo (en procession),1612-1616-bois polychrome- Musée National de Sculpture (Valladolid) ©Nathalie Cerezales

Les jeudis et vendredis saints sont les deux jours les plus importants de la Semaine Sainte. Dans les grandes villes, les processions se succèdent jour et nuit. A Murcie, les Pasos de Francisco de Salzillo, appelés communément les « Salzillos » sortent en procession les uns après les autres chaque vendredi saint au matin. Véritable évènement, la procession est surnommée « musée dans la rue ». Une autre ville voit aussi qualifier la sortie de ces Pasos de cette expression. Valladolid, capitale de la région de Castilla y León, dans le Nord-Ouest de l’Espagne, conserve certains des Pasos les plus importants de l’histoire de l’art national.

Chaque vendredi saint, lors de la Procesión General de la Sagrada Pasión del Redentor (procession générale de la Passion sacrée du Rédempteur), alors que la nuit s’apprête à tomber, les vingt confréries pénitentielles de la ville et leurs centaines de membres, défilent en procession les unes après les autres, accompagnant les Pasos qu’ils ont promenés dans la ville une première fois dans la semaine, afin de faire revivre aux fidèles et aux spectateurs, la Passion du Christ. La tradition qui date de la première partie du XXe siècle avait un rôle catéchétique, l’ordre chronologique des Pasos étant établie selon l’iconographie des œuvres. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que ce soit dans cette ville qu’ait été installé le Musée National de Sculptures.

Cofrades défilant lors de la Procesión General de la Sagrada Pasión del Redentor  (Valladolid-2014) ©Nathalie Cerezales

Comme à Murcie, le musée conserve des Pasos. Mais ces derniers, par les aléas de l’histoire, et contrairement à la ville du Sud de l’Espagne, appartiennent au Domaine Public. Rentrés dans les collections nationales dans la première partie du XIXe siècle, ils sont depuis le depuis du siècle dernier, prêtés aux confréries pour que s’accomplisse le rituel de la Semaine Sainte.

Les Pasos conservés au musée ont été créés par les plus grands sculpteurs des XVIe et XVIIe siècles. Le Paso Sed tengoJ’ai soif »), par exemple, est l’un des Pasos les plus célèbres et les plus imposants du musée. Il est livré par l’artiste et chef de file de l’école castillane de sculpture, Gregorio Fernández, à la confrérie Nuestro Padre Jesus Nazareno de la ville en 1612. Gregorio Fernández, originaire de la région de Galice s’installe à Valladolid au début du XVIIe siècle. Profondément pieux, il se voit rapidement chargé de la création d’une multitude d’œuvres, encore présentes, pour un grand nombre, dans les églises de la ville ou dans le Musée national de Sculptures.

Gregorio Fernández, Sed Tengo (en procession), 1612-1616, bois polychrome, Musée National de Sculpture (Valladolid) ©NATHALIE CEREZALES

Composé de six images, Le Paso Sed Tengo est le premier qu’il crée à Valladolid. Il représente le Christ sur la croix. Son corps a demi nu porte les traces du supplice qu’il est en train de vivre. Le sang qui coule sur son visage, provoqué par la couronne d’épine, ainsi que les ecchymoses que porte son corps nu font état du temps qui a passé depuis le début de ses épreuves. Tout comme dans les autres œuvres processionnelles, les différentes images ne peuvent se comprendre sans les autres.

Les cinq personnages composant le Paso s’articulent ainsi pour orienter le regard du spectateur vers le Christ sur la Croix. Affublés d’habits contemporains, comme cela est commun à l’époque, leur geste et les regards construisent une pyramide qui amène au visage meurtri de Jésus Christ. Les deux personnages à l’avant du Paso se baissent et s’agenouillement, afin de laisser entrevoir la scène au spectateur. Le personnage de gauche aux pieds de la croix, approche des lèvres du Christ une éponge imbibée de vinaigre. Tel est le principal propos des Pasos de la Semaine Sainte : faire revivre, à travers ces ensembles sculptés, les étapes de la Passion du Christ et permettre au visiteur de ressentir les peines de Jésus Christ. Cette œuvre y arrive à merveille, laissant le spectateur ébahi par tant de beauté, de monumentalité et meurtri par la souffrance qui émane de cet ensemble.

 

Nathalie Cerezales

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