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La représentation des sentiments dans "la Prière dans le jardin" de Francisco Salzillo

Publié le : 27 Mars 2018
Chaque année, au moment de la Semaine Sainte, des milliers d’espagnols défilent autour d’ensembles de figures sculptées, rappelant les épisodes de la Passion du Christ. Pour ce mardi saint, nous nous intéressons à une représentation de la prière dans le jardin des oliviers, par Francisco Salzillo.

Francisco Salzillo- La oración en el huerto (en procession)- 1754- bois polychrome-Musée Salzillo (Murcie) ©Nathalie Cerezales

Les Pasos de la Semaine Sainte espagnole représentent un instant précis des derniers moments de la vie de Jésus Christ. Francisco de Salzillo, artiste de la fin de la période baroque, choisit le moment où Jésus Christ se retire avec Saint Pierre, Saint Jacques le majeur et Saint Jean pour symboliser La prière dans le jardin de Guethsémani (La Oración en el huerto). Afin de montrer le caractère exceptionnel des processions, mais aussi faire preuve de respect et de solennité, il est courant que les Pasos soient ornés de fleurs. Elles siéent d’autant plus à celui de la Oración en el huerto, que la végétation et les fleurs aident à reconnaître la scène représentée.

Il est caractéristique de trouver dans les Pasos créés par Francisco Salzillo, des éléments naturels, ajoutés seulement lors des processions. Outre le parterre de fleurs, deux arbres viennent scinder le Paso en deux scènes distinctes. À l’arrière-plan, sous un olivier se trouve Jésus Christ. Il est à genoux, les bras ballants, les traits tirés. Francisco Salzillo représente ici le Christ en prière, pétri d’angoisse. Il regarde dans la direction pointée par la main d’un ange qui parait juste avoir posé les pieds au sol. Ses ailes ne sont pas tout à fait repliées. Il semble soutenir le Christ. Cette scène contraste avec l’atmosphère paisible de l’avant du Paso. Sous un palmier luxuriant, plein de dates, Pierre, Jean et Jacques le majeur se sont assoupis. Salzillo aurait voulu symboliser en chacun des apôtres un des âges de la vie. Le sommeil confiant de Jean représenterait le temps de l’insouciance. Celui apaisé de Saint Jacques figurerait alors la maturité, tandis que la légèreté de celui du vieux Saint Pierre symboliserait celle des derniers âges de l’existence. Il a d’ailleurs la main sur les pommeaux de son épée, prêt à intervenir.

Francisco Salzillo - La oración en el huerto (en procession) - 1754 - bois polychrome - Musée Salzillo (Murcie) ©Nathalie Cerezales

Ce qui frappe néanmoins le plus dans cet ensemble est le contraste entre les expressions du visage du Christ et celles des autres personnages. Selon l'usage, les Pasos doivent se rapprocher de la réalité. Plusieurs corps de métiers interviennent le plus souvent sur ces œuvres. Le sculpteur doit rendre la matière vivante. L’utilisation du bois, à partir de l’époque moderne, est d’ailleurs une caractéristique de la sculpture religieuse processionnelle ibérique et latino-américaine. L’usage de la polychromie vient renforcer cette impression de réalité. Les différents tons de couleur indiquent le temps, l’âge ou encore l’état du personnage figuré. Le sculpteur crée les images et le peintre leur donne vie. Et l’alliance des deux arts permet de dresser avec maints détails les portraits des divers personnages.

Dans le Paso de la Oración en el huerto, les couleurs rosées et les traits détendus des apôtres qui se reposent au premier plan ne peuvent que mettre en relief la souffrance et la solitude du Christ, blanchâtre. L’ange qui, à ses côtés, le réconforte, montre à Jésus un calice, placé sur le palmier, chargé de dates, en signe d’abondance et de renouveau. On raconte d’ailleurs que ces fruits sortis en procession favoriseraient la conception chez les femmes qui les mangeraient et qui auraient éprouveraient des difficultés à enfanter. A la souffrance de l’arrière scène, succède alors la douceur du premier plan, comme à la mort succède la vie.

 

Nathalie Cerezales

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