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Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

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Pinceaux et cordes

Publié le : 8 Mai 2017
Les artistes nous sont connus grâce aux œuvres qu’ils nous ont laissées dans la forme d’expression qu’ils ont choisie en s’adressant à l’œil ou à l’oreille. Mais ils ont souvent cultivé les autres formes d’expression artistique qui ont à leur manière nourri leurs créations. Combien de peintres ont été fascinés par la musique à l’image de Vermeer exposé en ce moment à Paris. En peignant un luth, une guitare ou un clavecin, qu’avait-il dans les oreilles ? Promenons-nous au pays des cordes pincées.

J. Vermeer, la joueuse de guitare, vers 1671-1674 © Londres, the Iveagh Bequest, Kenwood House

La guitare, aujourd’hui liée intimement à la chanson, est devenue l’image même de l’instrument moderne sous ses différentes formes, depuis la guitare dite sèche dont les chanteurs de variétés s’accompagnent jusqu’à la guitare dite électrique, symbole du rock et autres formes actuelles de la chanson.

Mais il s’agit, en réalité, d’un instrument très ancien puisqu’il était connu dès le treizième siècle où il accompagnait les troubadours. C’est à la fin du dix-neuvième siècle que la guitare s’est stabilisée dans les dimensions que nous lui connaissons. A l’époque de Vermeer, la guitare est plus petite, la caisse moins large que ce que nous connaissons et le nombre de cordes moins important : aujourd’hui une guitare possède six cordes simples. A l’époque baroque elle n’en possédait que cinq, chacune étant doublée pour enrichir la sonorité. Comme son frère le luth, la guitare était pratiquement exclusivement un instrument de l’intimité comme nous le montre Vermeer : son répertoire est assez riche tant pour accompagner le chant que comme instrument soliste.

Robert de Visée, dont nous écoutons une page, fut « Maître de guitare du Roi » Louis XIV à Versailles.

 

 

Le Virginal est un instrument à clavier de la même famille que le clavecin. C’est l’instrument par excellence de la demeure privée par ses dimensions réduites et malgré cela par la richesse de sa sonorité.

J. VERMEER, Autour du Virginal, VERS 1662-1664 © LONDRES, Royal Collection Trust, S.M. la reine Elisabeth II

Deux caractéristiques évidentes permettent d’identifier facilement le virginal : les cordes sont disposées parallèlement au clavier, ce qui permet de réduire l’instrument à des dimensions modestes et le clavier est décalé vers la droite, ce que l’on faisait uniquement en Flandre et aux Pays-Bas.

Nous écoutons une Toccata jouée au virginal de Jan Pieterszoon SWEELINCK (1562-1621) : il eut une carrière paradoxale. Organiste de la Oude Kerk à Amsterdam, il ne participa jamais au culte puisque le calvinisme de cette époque refusait tout instrument, mais se faisait entendre chaque semaine à l’occasion d’auditions d’orgue en dehors des offices. D’autre part, il ne quitta pratiquement jamais sa bonne ville et fut pourtant le formateur de nombreux organistes d’Europe qui venaient travailler sous sa direction.

 

 

Le clavecin nous et plus familier. Cet instrument, image même de la musique baroque, a connu au vingtième siècle une renaissance étonnante avec Manuel de Falla ou Francis Poulenc qui lui ont consacré chacun une œuvre majeure.

J. VERMEER, Le concert, VERS 1663-1664, ce tableau a été volé en 1990 au Musée Isabella Stewart Gardner, Boston © Wikimedia Commons

Les cordes du clavecin sont disposées perpendiculairement aux claviers : l’instrument est de ce fait plus volumineux. Il comporte plusieurs rangs de cordes (trois dans les grands instruments) que l’on joue sur deux claviers. L’ampleur du meuble, les larges surfaces qu’offre le couvercle sont une invitation pour les peintres décorateurs d’exercer leur talent : Vermeer nous donne dans son tableau une image d’un clavecin ainsi orné.

Nous écoutons du même Sweelinck des variations sur une chanson très en vogue aux 17/18ème siècles dans les Pays-Bas : Ma jeune vie a une fin.

 

 

A titre de cadeau printanier, voici un extrait du Concerto champêtre de Francis Poulenc (1899-1963) qui date de 1930, œuvre majeure de la renaissance du clavecin au vingtième siècle.

 

DTh
DTh a écrit :
18/05/2017 20:10

Article très intéressant, bravo à Emmanuel Bellanger!

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Emmanuel Bellanger

Après des études au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et à l’Institut Grégorien, Emmanuel Bellanger a mené une carrière d’organiste comme titulaire de l’orgue de Saint Honoré d’Eylau à Paris, et d’enseignant à l’Institut Catholique de Paris : Institut de Musique Liturgique et Institut des Arts Sacrés (aujourd’hui ISTA) dont il fut successivement élu directeur. Ancien responsable du département de musique au SNPLS de la Conférence des évêques de France, il est actuellement directeur du comité de rédaction de Narthex. Il s’est toujours intéressé à la musique comme un lieu d’expérience sensible que chaque personne, qu’elle se considère comme musicienne ou non, est appelée à vivre.

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