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L’icône de l’Hymne Acathiste (2)

Publié le : 16 Janvier 2019
Le blog "Patrimoine des Chrétiens d'Orient" vous emmène à la découverte des icônes orientales, sous la plume du professeur Charbel Nassif. Nous poursuivons notre analyse de l'icône de l'Hymne Acathiste. Après avoir exploré les premières vignettes détaillant des scènes de l'Enfance du Christ, nous terminons aujourd'hui avec les vignettes 13 à 25.

Voir l'article sur les vignettes 1 à 12 de l'icône de l'Hymne Acathiste.

Vignette 13 

Le prophète David tient un phylactère avec l’inscription en arabe : « Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille, oublie ton peuple »(1) (Ps 45, 11). Couronné et vêtu d’un costume royal, il se tient debout devant un trône et porte un luth. La représentation du prophète David nous semble inédite. Aucun cycle iconographique antérieur de l’Acathiste n’a intégré le prophète David. La représentation du luth vient illustrer la qualité de poète du prophète David.

À l’instar des psaumes, l’Hymne Acathiste est un texte poétique s’adressant à la Théotokos. En outre, un verset du psaume chanté souvent pendant les fêtes mariales et l’office de Paraklissis(2) est reproduit sur le phylactère tenu par David. Ce verset fait allusion à l’obéissance et la disposition de Marie pour accepter la conception du Verbe. Les psaumes sont souvent interprétés dans la liturgie byzantine comme des prophéties messianiques dans lesquelles la Vierge Marie occupe une place privilégiée. Youssef Al-Musawwer, prêtre et peintre, à travers la représentation du prophète David dans le cycle iconographique de l’Acathiste a montré de nouveau la liaison intrinsèque entre liturgie et iconographie et que la liturgie demeure une source inépuisable pour la création et l’association de nouveaux thèmes iconographiques.

Vignette 14 : Dieu renouvelle son œuvre lorsqu’en naissant devant nous, ses créatures, il s’est révélé ; sans semence il germa d’un sein immaculé, afin que nous chantions ses merveilles en disant :

Marie est assise sur un trône. Elle tient Jésus sur ses genoux et le présente à un groupe d’hommes qui s’inclinent devant elle. D’autres œuvres représentent le Christ entouré de ses apôtres ou le Christ montrant à un groupe d’hommes le livre de l’évangile posé sur un grand lutrin.

Vignette 15 : Voyant l’étrange naissance, au monde nous deviendrons étrangers, convertissant vers le ciel nos cœurs et nos esprits ; c’est pour nous, en effet, que le Dieu très-haut sur terre est apparu comme un homme plein d’humilité, car il veut entraîner vers les hauteurs tous ceux qui lui chanteront : Alléluia 

Marie est allongée sur un matelas à l’extérieur de la grotte dans laquelle figure le Christ emmailloté dans une mangeoire avec un bœuf. Un groupe d’hommes  exprimant leur émerveillement se tiennent devant la grotte. La foule ou le groupe d’hommes est considérée comme l’élément important de la composition. Ils sont souvent représentés avec la Vierge Marie allongée et le Christ dans la mangeoire.

Vignette 16 : Sans être absent du ciel, sans changement de lieu, tout entier ici-bas, le Verbe incirconscrit, en vertu de la condescendance de Dieu, devient fils d’une Vierge qu’on acclame ainsi

Le Christ est représenté assis sur un trône et tenant l’évangile, bénissant et entouré de deux putti. Il est représenté une deuxième fois en buste dans un segment du ciel bénissant de ses deux mains. Cette stance parle du séjour terrestre du Verbe tout en siégeant à la droite du Père au ciel.

Vignette 17 : Tous les anges dans le ciel furent troublés par ton Incarnation, car ils voyaient l’inaccessible Dieu si proche des mortels, conversant avec les hommes et recevant leur acclamation : Alléluia

Marie, l’âne et l’Enfant Jésus figurent dans une grotte. Quatre anges sont représentés au-dessus de la grotte.. L’iconographie prédominante dans la période byzantine est la Mère de Dieu trônant avec son enfant entourée des anges. La Mère de Dieu est parfois remplacée par le Christ, Emmanuel ou Pantocrator.

Vignette 18 : Les rhéteurs bavards, muets comme des poissons, pour toi, Mère de Dieu, ne savent expliquer comment tu as conçu dans la virginité, mais nous admirons ton mystère et te disons :

La Vierge apparaît avec l’enfant Jésus sur un trône. Elle est entourée de deux rhéteurs. Deux livres sont par terre pour illustrer l’impuissance rhétorique des orateurs. Cette stance illustre l’incapacité des orateurs à comprendre le mystère de l’Incarnation du Verbe. L’iconographie habituelle de cette stance représente plusieurs orateurs entourant la Mère de Dieu, avec ou sans l’enfant Jésus.

Vignette 19 : Voulant sauver le monde, le Créateur de l’univers y vint de son propre gré ; notre divin Pasteur s’est fait homme parmi nous et pour notre salut il nous est apparu comme l’Agneau de Dieu ; vers sa ressemblance il appelle son image et nous entend répondre à son appel : Alléluia

Pour une description minutieuse de cette stance, nous la divisons en quatre registres en commençant par la partie inférieure. Le premier registre illustre, devant une grotte sombre, la personnification du Cosmos : il s’agit de la représentation d’un homme assis habillé d’une tunique bleue et d’un himation rouge qui couvre ses pieds. Il pose sur son épaule droite une longue corne d’abondance. À sa droite figure un lapin, un paon, un oiseau et un loup et à sa gauche un taureau. Le second registre représente, devant un fond rocheux, un chien, un lion, deux canards et un cerf. Sur le troisième registre, le Christ Anapeson est allongé sur un rocher. Deux hommes assis figurent, en petites dimensions, à côté de lui. L’un d’eux s’appuie sur un cèdre. Devant un fond montagneux, nous voyons sur le quatrième registre trois petits cèdres avec un homme levant sa hache. Des édifices à toiture rouge surmontent le quatrième registre. 

Cette stance met en relief l’importance du mystère de l’Incarnation pour le salut du monde. Youssef Al-Musawwer, à travers la représentation de l’Anapeson, évoque l’Incarnation du Verbe « Il se fit homme comme nous ». Le monde que le Christ voulait sauver est illustré par la personnification du Cosmos.  Cet « univers de beauté » ce concrétise par la représentation des créatures divines tels les êtres humains, les animaux, les oiseaux et les arbres.

Vignette 20 : Vierge Mère de Dieu, le Rempart des vierges, protection de tous ceux qui accourent vers toi, le Dieu Créateur t’embellit de tout son art pour loger en ton sein, et nous chantons pour toi

La Vierge debout est flanquée de deux groupes d’hommes et de femmes. Il arrive qu’on représente la Mère de Dieu, avec ou sans l’enfant, entourée de deux groupes de femmes uniquement (vierges, moniales, vierges en costumes princières). Des moines et des évêques peuvent être également présents dans cette iconographie. 


Vignette 21 : Toute hymne est impuissante lorsqu’elle s’efforce d’égaler la multitude de tes miséricordes, Seigneur, nous pourrions t’adresser des odes nombreuses comme le sable de la mer sans parvenir à une perfection digne du don que tu nous as fait en nous permettant de chanter pour toi : Alléluia

Des évêques et des moines tenant des livres chantent devant l’icône du Christ qui surmonte un édifice architectural. Cette stance exprime la gratitude des hommes envers Dieu. Les œuvres byzantines représentent souvent le Christ flanqué d’évêques, des moines et des chantres en attitude de prière.

Vignette 22 : Comme dans les ténèbres un flambeau tout brillant, la Vierge sainte allume un phare immatériel pour nous conduire tous à la science du ciel ; vénérons son éclat très digne de nos chants

Marie tient un grand cierge fixé devant elle face à un groupe d’hommes inclinés dans une grotte. Cette iconographie n’est pas étrangère à la tradition byzantine. On représentait Marie devant un groupe d’hommes, enfermée dans une auréole en forme de flamme, tenant un cierge ou entourée d’une auréole avec un cierge devant elle. 

Vignette 23 : Voulant faire grâce à ses anciens débiteurs, celui qui acquitte les dettes de tous les hommes vint de son plein gré, vers ceux qui de sa grâce s’étaient éloignés ; ayant déchiré la cédule de nos obligations, il entendit tous les hommes l’acclamer ainsi : Alléluia

Devant une grotte, le Christ tient un phylactère déchiré en deux avec des inscriptions illisibles. Il est flanqué d’un groupe d’hommes agenouillés. L’iconographie de l’Anastasis illustre également cette stance.

Vignette 24 : Exaltant ton Enfantement, nous te louons sainte Mère de Dieu, temple spirituel dont fit sa demeure le Seigneur éternel ; et, l’ayant glorifiée, il veut que nous chantions

La Vierge est assise avec l’enfant et pose ses pieds sur un piédestal. Elle est entourée des fidèles et des chantres tenant des livres. Cette iconographie est récurrente dans la période byzantine. La Mère de Dieu est parfois remplacée par son icône.

Vignette 25 : Ô Mère toute digne de nos chants qui enfantas le Verbe plus saint que tous les saints, reçois maintenant l’hommage que nous présentons, délivre nous de tout malheur et préserve du châtiment futur ceux qui te chantent d’un même cœur : Alléluia

L’icône de la Mère de Dieu est placée sur une sorte de pupitre devant deux diacres portant des rhipidia(3), un évêque et d’autres personnes. Cette iconographie ne s’éloigne pas des œuvres byzantines antérieures. On illustrait cette stance aussi par la représentation de la Mère de Dieu, avec ou sans enfant, entourée des fidèles.

 

Charbel Nassif

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(1) اسمعي يا بنت وانظري وانصتي باذنيكي وانسي شعبك.

(2) Ce verset est chanté avant l’évangile des matines du 8 septembre, 15 août et 21 novembre. Il est chanté entre les apostiches des vêpres et des matines du 7 septembre, 8 septembre (uniquement pour les vêpres), 9,10 et 11 septembre. Il également chanté après la lecture de l’épître pendant la divine liturgie de 8 septembre et 21 novembre. C’est un office chanté tous les soirs pendant la première moitié du mois d’août - à l’exception de la veille du dimanche et de la fête de Transfiguration – dans la plupart des églises paroissiales et des monastères, pour magnifier la Théotokos et demander son intercession.

(3) Le rhipidion est un mince disque de métal ou de bois fixé à un long manche. Sur le rhipidion se trouve en général sculpté ou gravé un séraphin aux six ailes. Les rhipidia sont normalement utilisés par deux et transportés en procession pendant la liturgie. Les diacres les agitent au-dessus de l’autel à la manière d’un éventail avant les paroles de consécration.

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