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L’icône de l’Hymne Acathiste (1)

Publié le : 20 Décembre 2018
Le blog "Patrimoine des Chrétiens d'Orient" vous emmène à la découverte des icônes orientales, sous la plume du professeur Charbel Nassif. L'icône présentée aujourd'hui figure un hymne pratiqué dans la liturgie orientale : l'Hymne Acathiste. Les premières vignettes, représentant des scènes de l'Enfance du Christ, sont à découvrir dans cet article.

Youssef Al-Musawwer, Icône de l'hymne Acathiste, XVIIe siècle © collection Georges Antaki / Dépôt à l'institut du monde arabe

L’Hymne Acathiste est un office de louange à la Mère de Dieu qu’on a l’habitude de chanter, pendant le Grand Carême, en se tenant debout. Le mot acathiste est dérivé du α privatif et de καθίζω qui signifie « ne pas s’asseoir ». Rédigée par Romanos le mélode (493-555), cette hymne composée de 24 strophes alternativement longues et courtes, évoque l’histoire de l’Incarnation à partir de l’Annonciation jusqu’à la Présentation du Christ au Temple et renferme des enseignements théologiques sur la glorification de la Vierge et le mystère de l’Incarnation. Selon la tradition, l’Hymne Acathiste a sauvé trois fois Constantinople de l’occupation étrangère aux VIIe et VIIIe siècles. Le siège fut levé après une procession sur les remparts de la ville en chantant l’Hymne Acathiste debout.

L’illustration de l’Acathiste s’est développée à Byzance sous le règne des Paléologues vers la fin du XIIIe siècle ou au début du XIVe siècle. Notre icône fait partie de la collection Georges Antaki. Elle est actuellement en dépôt et exposée à l’Institut du Monde Arabe à Paris. Elle fait 87 cm de hauteur et de 58.5 cm de largeur. Elle est composée de vingt-cinq vignettes divisées en cinq rangées. Le peintre alépin Youssef Al-Musawwer, actif entre 1641 et 1658, a apposé sa signature en grec sur un phylactère de la dernière vignette en bas à droite au bas du pupitre : ΧΕΙΡ ΙωCΥΦ qui signifie « main de Youssef ». Les vingt-quatre scènes sont disposées autour du prophète David qui occupe la partie centrale de l’icône. Les inscriptions grecques sont alternativement noires et rouges et figurent au-dessous des vignettes. Les inscriptions arabes sont présentes sur le fond doré supérieur de l’icône. Elles sont largement abîmées voire effacées. Nous procéderons à la description de douze premières vignettes de gauche à droite et de haut en bas en les faisant précéder du texte des stances correspondantes*.

Vignette 1 : Du ciel fut envoyé un archange éminent pour dire à la Mère de Dieu : Réjouis-toi, et, Te voyant, Seigneur, prendre corps à sa voix il clame sa surprise et son ravissement…

L’Annonciation au puits : L’ange sortant du ciel apparaît à la Vierge Marie accompagnée de deux vierges au bord d’un puits cruciforme.

Vignette 2 : La Vierge, connaissant son état virginal, à l’ange Gabriel répondit fermement : Quelle étrange merveille m’apporte ta voix, à mon âme elle paraît difficile à saisir, sans semence concevrai-je pour enfanter comme tu dis  Alléluia

L’Annonciation : L’ange s’approche de Marie qui se tient debout. Un vase figure entre les personnages.

Vignette 3 : La Vierge, pour comprendre un mystère inconnu s’adresse au serviteur et demande comment en ces chastes entrailles un Fils serait conçu. L’Ange, plein de respect, lui dit joyeusement

L’Annonciation : L’ange tenant un rameau fleuri s’approche de Marie assise.

Vignette 4 : La puissance du Très-Haut couvrit alors de son ombre la Vierge inépousée pour la mener à concevoir, et son sein fécondé devint un jardin délicieux pour ceux qui veulent y moissonner le salut en chantant : Alléluia

Marie est debout en position d’orante, deux anges tiennent un voile derrière elle pour symboliser le mystère de l’Incarnation. Un triple rayon jaillit d’une demi-sphère bleue qui forme un médaillon englobant une colombe d’où émanent trois petits rayons vers la Vierge. Dans d’autres icônes et miniatures, le voile est tendu par deux filles.

Vignette 5 : Portant le Seigneur Dieu dans son sein maternel, la Vierge s’en alla trouver Elisabeth ; son enfant reconnaît le salut merveilleux et tressaille en chantant pour la Mère de Dieu

Marie et Elisabeth se jettent dans les bras l’une de l’autre, les têtes rapprochées.

Vignette 6 : L’âme secouée par d’inquiètes pensées, le prudent Joseph se trouble profondément, car il connaissait ta virginité et te soupçonne à présent, ô Mère immaculée ; mais apprenant ta conception de l’Esprit Saint, il s’écrie : Alléluia

Doutes de Joseph : devant un fond architectural, Joseph est représenté debout dans une attitude accusatrice conservant avec Marie dans une attitude d’émotion. Il arrive qu’on représente l’époux de Marie appuyé sur un bâton.

Vignette 7 : Les bergers entendant les anges qui chantaient l’Incarnation du Christ, couraient vers leur Berger pour contempler l’agneau nouveau-né reposant sur le sein de Marie, qu’ils chantèrent en disant

Trois anges annoncent la Nativité du Christ à trois bergers. La septième stance évoque l’annonce aux bergers et l’adoration des ces derniers. Les œuvres byzantines et postbyzantines de l’Acathiste représentent les bergers, les anges avec la Mère de Dieu et l’enfant Jésus selon différentes postures. Youssef Al-Musawwer s’est contenté d’illustrer uniquement la première partie de la stance en représentant les trois bergers recevant l’annonce de trois anges. La Nativité du Christ n’a pas été illustrée dans cette vignette.

Vignette 8 : Ayant aperçu l’étoile conduisant vers Dieu, les mages suivirent sa clarté et la prirent comme flambeau pour chercher à sa lumière le Roi tout-puissant ; ayant rejoint l’Inaccessible, ils se réjouirent en criant : AllélUIA
 

La Nativité du Christ : La Vierge, assise devant Joseph dans une grotte, contemple les deux sages-femmes en train de laver l’enfant Jésus. Au-dessus de la grotte figurent les trois mages à cheval guidés par un ange : le premier se retournant vers le dernier et le second montrant l’étoile.

Vignette 9 : Les mages de Chaldée, voyant leur Créateur, dans les bras de la Vierge adorent leur Seigneur, en sa forme d’esclave et offrent leurs présents, à la Toute-bénie criant joyeusement

L’Adoration des mages : Les mages offrent leurs présents à la Vierge avec l’enfant. Cette dernière est assise sur un trône avec un piédestal devant un complexe architectural.

Vignette 10 : Devenus les hérauts porteurs de Dieu, les mages retournèrent à Babylone, accomplissant ta prophétie et te proclamant devant tous comme le Christ, laissant Hérode comme un sot incapable de chanter : Alléluia

Le départ des mages : Les mages à cheval s’approchent de la porte de la ville de Babylone. Cette représentation, propre au cycle de l’Acathiste, a des formules variées vu l’absence des représentations antérieures de cet épisode. On montre parfois les mages, à pied, pénétrant dans la ville ou debout devant un personnage couronné qui pourrait être le gouverneur de Babylone. Les mages sont parfois attendus par un groupe de personnes.

Vignette 11 : Sur l’Egypte, Seigneur, brilla ta vérité, du mensonge tu as chassé l’obscurité ; leurs idoles n’ont pu soutenir ton éclat, et le peuple sauvé par la Vierge chanta

La fuite en Égypte : Marie tenant l’enfant est assise sur l’âne et est suivie par Joseph. Des murs de la ville tombent six idoles. Cette iconographie obéit aux normes traditionnelles à l’exception de la chute des idoles, une variante iconographique repérée uniquement dans le cycle acathiste.

Vignette 12 : Comme Siméon allait du présent siècle trépasser, tu lui fus présenté comme un petit enfant ; mais en toi il reconnut la perfection de la divinité et frappé par ton ineffable sagesse il s’écria : Alléluia

La Présentation du Christ au Temple : Marie tend l’enfant Jésus à Syméon qui le reçoit dans ses bras. Joseph, tenant deux colombes, figure derrière Marie.

 

Voir l'article sur les vignettes 13 à 25 en cliquant ici.

Charbel Nassif

 

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* Pour les stances longues, nous nous limitons à citer le refrain. Pour le texte complet, cf. Triode de Carême, traduit par Denis GUILLAUME, Diaconie apostolique, 1993, p. 365-373

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