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Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

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Gilgamesh : un Oratorio

Publié le : 16 Janvier 2023
Voici une œuvre musicale oubliée aujourd’hui, que Narthex nous donne l’opportunité de découvrir : l’épopée de Gilgamesh présentée sur notre site à l’occasion de sa publication aux Editions Diane de Selliers dans une nouvelle traduction enrichie d’une somptueuse iconographie, a inspiré le compositeur tchèque Bohuslav Martinů. Un texte très ancien, le plus ancien de l’humanité peut-être, résonne encore aujourd’hui parce qu’il touche au plus profond de la vie.

Bohuslav Martinů en compagnie de sa mère à Polička, 1927 © Wikimedia commons

Bohuslav Martinů (1890-1959) est un compositeur d’une incroyable créativité : plus de 400 œuvres ont été répertoriées ! Tous les genres ont été abordés dans une production de belle qualité : musique de chambre, instruments solistes, cantates, ballets et cet oratorio intitulé simplement l’Épopée de Gilgamesh.

Martinů, agnostique revendiqué, s’est, comme tout être humain, affronté aux grandes questions du sens de la vie, de l’amitié, de l’amour, de la mort… C’est dans ce texte fondateur de notre civilisation que Martinu est allé chercher, sinon des réponses, au moins des ouvertures vers une forme de transcendance. Déjà en 1921, il s’était inspiré de cette épopée dans son ballet Istar. L’Épopée de Gilgamesh date des années 1954-55. Ce texte sumérien a presque encadré la vie créative de Martinů : son intérêt pour ce texte nous permet de percevoir la profondeur de ses propres questionnements qui, dans la beauté de sa musique, rejoignent les nôtres.

Cet oratorio est écrit pour une formation orchestrale originale et caractéristique de Martinu : aux cordes habituelles à tout orchestre se joignent une harpe, un piano, deux flûtes, deux clarinettes, trois trompettes, deux trombones et une riche percussion, pour accompagner le chant des solistes et du chœur. La sonorité qui résulte de cette formation s’apparente à du granit sonore : cela évoque le granit de l’épopée et aussi la matière des tablettes cunéiformes qui nous ont transmis ce texte.

Mais on percevra dans cette musique des échos d’Europe centrale, en particulier dans les lamentations du chœur et dans certains accents de l’orchestre, des cordes principalement.
Nous écoutons la deuxième partie de l’oratorio L’Épopée de Gilgamesh, intitulée La mort d’Enkidu. Enkidu, l’ami du roi Gilgamesh, meurt, précipitant le roi dans une lamentation qui se confronte aux grandes questions de la vie, de la mort, de l’au-delà…

Héros domptant un lion ou pseudo-Gilgamesh, Irak, 721-705 av. JC, albâtre ; Le dieu Ninourta poursuit le monstre Anzou, Irak, 883-859 av. JC, albâtre gypseux, in L’Épopée de Gilgamesh, Éditions Diane de Selliers © Photographies de Jean-Christophe Ballot

Dans une première séquence, Enkidu a le pressentiment de sa mort. Le récitant décrit cette mort puis, dans la deuxième partie, marquée par une note grave du piano grossi de percussions, nous vivons une longue lamentation ponctuée des thrènes (chants funèbres) du chœur, une des pages majeures de cet oratorio de Martinů.

La musique n’a pas besoin des mots, elle est en elle-même images, gémissements, cris, consolations. Nous sommes constamment projetés entre révolte, incompréhension, inconnu, acceptation…

Emmanuel Bellanger

Pour aller plus loin, découvrez notre entretien avec l'éditrice d'art Diane de Selliers qui présente sa dernière publication, L'Épopée de Gilgamesh

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Emmanuel Bellanger

Après des études au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et à l’Institut Grégorien, Emmanuel Bellanger a mené une carrière d’organiste comme titulaire de l’orgue de Saint Honoré d’Eylau à Paris, et d’enseignant à l’Institut Catholique de Paris : Institut de Musique Liturgique et Institut des Arts Sacrés (aujourd’hui ISTA) dont il fut successivement élu directeur. Ancien responsable du département de musique au SNPLS de la Conférence des évêques de France, il est actuellement directeur du comité de rédaction de Narthex. Il s’est toujours intéressé à la musique comme un lieu d’expérience sensible que chaque personne, qu’elle se considère comme musicienne ou non, est appelée à vivre.

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