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Chanter la Résurrection dans le silence

Publié le : 13 Avril 2020
L’Eglise va célébrer cette année les fêtes pascales dans des conditions bien particulières. C’est dans le cœur des chrétiens que résonneront les chants liturgiques plus réellement que dans les églises qui resteront vides par nécessité sanitaire. La mort du Christ sur la croix fut un évènement public, mais personne ne fut témoin de l’évènement de sa résurrection. La musique, là encore, nous en révèle une part du mystère.

La liturgie de la nuit pascale commence par le chant de l’annonce de la résurrection du Seigneur : dans la liturgie orientale de rite grec, c’est ce tropaire qui est chanté trois fois de suite. Il commence par la formule : « Christ est ressuscité ! » par laquelle les chrétiens orientaux se saluent en répondant : « Il est vraiment ressuscité ! »

Nous entendons cette annonce liturgique de la Pâque du Seigneur chantée par sœur Marie Keyrouz. En ce temps d’isolement et de silence dans nos villes et peut-être dans nos vies, cette interprétation nous révèle quelque chose du Mystère : nous sommes les héritiers des premiers témoins qui n’ont rien vu de la résurrection mais qui ont rencontré le Christ ressuscité et, la première : Marie-Madeleine comme nous le rapporte d’évangile de Saint-Jean (20, 11-18).

C’est une voix seule, sans aucun accompagnement (ni vocal ni instrumental) qui chante ces simples mots « Christ est ressuscité » qui ont changé la face du monde. Dans son langage musical avec ses intervalles non tempérés, cette musique nous rapproche du Proche-Orient où se sont déroulés ces évènements extraordinaires.

Voici le texte de ce tropaire, en écriture restituée et dans sa traduction :

Christos anesti ek nekron   Christ est ressuscité des morts,
Thanato thanaton patisas  par la mort il a vaincu la mort
Kai tois en tois mnimasi     et à ceux qui gisaient dans les tombeaux
Zoin charisamenos.            Faisant grâce de la vie.

Quel ton trouver pour chanter la résurrection, qui respecte la grandeur de ce mystère et ouvre pourtant le chemin de l’écoute intérieure, respectueuse de chacun ?

Le Credo de la Berliner Messe du compositeur estonien Arvo Pärt (né en 1935) ne manque pas de grandeur dans sa simplicité et même son apparente froideur : cette messe fut écrite en 1990 pour le grand rassemblement des catholiques allemands de cette année-là à Berlin. Le compositeur utilise ici sa technique personnelle du « tintinnabule » : un dispositif musical simple fait de plusieurs éléments qui se superposent et se combinent de façon aléatoire, sans chercher à traduire expressivement le texte. Juste un silence ponctue les mots « sepultus est ». Le « et resurrexit » sonne sur exactement la même musique qui poursuit son chemin en grande indépendance : personne ne s’est aperçu de l’évènement de la résurrection. Dans le silence des conditions que les circonstances nous imposent, voilà peut-être une autre manière d’entendre le chant du Christ ressuscité.

Emmanuel Bellanger

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Emmanuel Bellanger

Après des études au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et à l’Institut Grégorien, Emmanuel Bellanger a mené une carrière d’organiste comme titulaire de l’orgue de Saint Honoré d’Eylau à Paris, et d’enseignant à l’Institut Catholique de Paris : Institut de Musique Liturgique et Institut des Arts Sacrés (aujourd’hui ISTA) dont il fut successivement élu directeur. Ancien responsable du département de musique au SNPLS de la Conférence des évêques de France, il est actuellement directeur du comité de rédaction de Narthex. Il s’est toujours intéressé à la musique comme un lieu d’expérience sensible que chaque personne, qu’elle se considère comme musicienne ou non, est appelée à vivre.

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