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Le Livre de la vie, un traité de l’oraison (Chapitre X à XXII)

Publié le : 7 Mai 2014
Après une transition au chapitre X, les chapitres XI à XXII du Livre de la vie constituent une sorte de traité d’oraison. Thérèse d’Avila envisage quatre degrés d’oraison et, pour bien les faire comprendre, elle a recours à la métaphore filée du jardin qui est irrigué de quatre façons:

« Je vais devoir user d’une comparaison ; j’aurais voulu les éviter, parce que je suis une femme et que j’écris simplement ce qu’on m’a commandé ; mais il est si difficile de s’expliquer dans ce langage spirituel à ceux qui, comme moi, n’ont pas d’instruction, qu’il me faudra chercher la manière, et il se pourrait que je ne trouve que rarement une comparaison bien venue ; mais de me voir si malhabile vous sera, mon père, un sujet de récréation.»(XI, 6)

1/ Le premier degré est l’oraison méditative. Elle est destinée à ceux qui commencent à faire oraison (chapitre XI à XIII), « on a déjà dit combien il en coûte pour arroser ce verger en tirant l’eau du puits à force de bras ». C’est une invitation à « la méditation sur le Christ à la colonne » et sur l’injonction à imposer silence à son entendement. En effet, les débutants de la vie de prière connaissent d’abord « sécheresse, inquiétude ou distraction dans les pensées » (11, 17), ce qui ne doit pas les troubler. Il leur faut « descendre maintes fois le seau dans le puits et le remonter sans eau » (XI, 10).

« Cela vient surtout, je crois, de ce qu’ils n’embrassent pas dès le début la croix du Christ et vivent dans l’affliction, persuadés de ne rien faire. » (XI, 15) Progressivement cette âme peut « s’exercer à s’éprendre de sa sainte humanité et l’avoir toujours présent en elle et lui parler… » (XII, 2). La grande tentation est « l’orgueil à vouloir monter plus haut par nous-mêmes » (XII, 4) avant que le Seigneur ne s’y emploie. Cette humilité n’exclut toutefois pas d’avoir de grands désirs, de s’animer à de grandes choses : « L’âme prend son vol et monte haut, même si, comme un petit oiseau qui a encore son duvet, elle se fatigue et s’arrête. » (XIII, 2) A ce niveau-là, l’inexpérience et le manque de discernement ne permettent pas de « faire la leçon aux autres » (XIII, 8).                             

                                   

   « Christ à la colonne », Monastère de l’Incarnation, Avila.

2/ Puis vient l’oraison de quiétude (chapitre XIV et XV), où l’effort personnel paraît moindre : « au moyen d’une roue et de godets, le jardinier en puise davantage et avec moins d’efforts et peut se reposer au lieu de travailler continuellement. » « L’eau est plus proche de nous parce que la grâce se fait plus clairement connaître à l’âme » (XIV, 2). A ce stade-là, on observe un recueillement intérieur des puissances (mémoire, imagination, volonté). Beaucoup d’âmes parviennent à ce degré d’oraison, peu vont au-delà.

3/ A l’étape suivante, qui est l’oraison contemplative imparfaite (chapitre XVI et XVII), « l’eau coule d’une rivière ou d’une fontaine et l’on arrose avec beaucoup moins de peine, bien qu’il en faille un peu pour acheminer l’eau. » « L’eau se répand jusqu’à la gorge de cette âme » (XVI, 1). C’est le sommeil des « puissances qui ne sont capables que de s’occuper entièrement de Dieu » (XVI, 3). L’âme atteint « un glorieux délire, une sainte et céleste folie. »

4/ Enfin on parvient à l’oraison d’union mystique de plus en plus parfaite (chapitre XVIII à XXI) : il s’agit de « laisser la pluie agir sans que nous ne prenions aucune peine. C’est l’œuvre du Seigneur lui-même. » C’est l’état de béatitude qui laisse toujours dans l’âme d’immense bénéfices d’extrême tendresse : « Lorsqu’elle regarde ce divin soleil, sa clarté l’éblouit (…) ; la petite colombe est aveuglée. Aussi lui arrive-t-il souvent de rester ainsi, aveugle, absorbée, étonnée, éperdue de toutes les grandeurs qu’elle voit » (XX, 29).

Le chapitre XXII clôt ce traité sur l’oraison en montrant « comment l’humanité du Christ doit être le moyen de contemplation la plus haute. » « Quoi qu’il advienne, il nous importe d’être embrassés à la Croix » (XXII, 10).

                               

Angèle de la GUERONNIERE, Sainte Thérèse d’Avila, huile sur toile, 157X127cm, église Saint-Pierre-ès-Liens, Thouron (Haute-Vienne). Copie classée MH en 1977 d’un tableau de Jean-Joseph TAILLASSON, réalisé en 1785 et conservé au Carmel de Limoges.

Les quatre degrés d’oraison correspondent aux demeures du Château intérieur : le premier degré équivaut aux trois premières demeures. Les deuxième et troisième degrés trouvent un parallèle dans la quatrième demeure. Enfin, le quatrième degré d’oraison est développé dans les 5e, 6e et 7e demeures. Ainsi nous verrons en quoi le Château intérieur ou les Demeures de l’âme est une réécriture du Traité de l’oraison du Livre de la vie.

GOYENETCHE
GOYENETCHE a écrit :
26/08/2020 16:12

Jolie synthèse du Livre de la Vie et de son lien aux Demeures

Valérie de Maulmin
Valérie de Maulmin a écrit :
26/08/2020 19:44

Merci pour votre appréciation !

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Martine Petrini-Poli

Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

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