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La prédication au XVIIe siècle (4/4)

Publié le : 5 Mars 2024
Dans la XXIIe session du Concile de Trente en 1562, le décret sur la messe indique au chapitre 8 :
« Le saint concile ordonne aux pasteurs et à tous ceux qui ont charge d’âme de donner quelques explications fréquemment, pendant la célébration des messes, par eux-mêmes ou par d’autres, à partir des textes lus à la messe (…) et d’éclairer le mystère de ce sacrifice, surtout les dimanches et les jours de fête. » La création des séminaires va permettre d’enseigner une prédication savante, teintée à la fois de scolastique et de rhétorique antique. Ainsi à l’âge classique, la prédication retrouve son faste : c’est alors une floraison de grands prédicateurs, comme Bossuet, Massillon, Vincent de Paul...

Homélies de Saint Vincent de Paul (1581-1660)

Vincent de Paul naît en 1581 à Pouy dans les Landes. Ses parents, cultivateurs et éleveurs, sont de fervents catholiques. Son père a pour lui l’ambition d’une carrière ecclésiastique, il l’envoie au collège à Dax où il est un élève brillant. Vincent devient précepteur chez un avocat qui lui conseille de s’orienter vers la prêtrise. Il part en 1598 faire des études de théologie à Toulouse ; il est ordonné prêtre deux ans plus tard. Le jeune Vincent part à Rome, puis en 1608 à Paris où il suit des cours de droit canonique à la Sorbonne. Le jeune prêtre visite les malades à l’Hôpital de la Charité. Le futur cardinal de Bérulle, devenu en 1609 son directeur spirituel, l’introduit dans le milieu de la cour. En 1610, il devient aumônier le l’ancienne reine de France, Marguerite de France. En 1612, il est nommé curé de l’église Saint-Médard de Clichy. 

Le Sermon de Folleville (1617)

En 1617, Vincent de Paul traverse une grave crise spirituelle, mais il reçoit alors la confession d’un paysan mourant, qui l’émeut profondément et lui fait prendre conscience de sa mission. Il prononce alors un sermon, le 25 janvier 1617, exhortant les « bonnes gens » à une confession générale, du haut de la chaire de l’église Saint-Jacques-le-Majeur-et-Saint-Jean-Baptiste de Folleville, dans la Somme. Le succès de ce sermon est tel qu’il faut faire appel, pour seconder les prêtres, aux jésuites d’Amiens pour les confessions. Marie-Françoise de Silly, dont Vincent de Paul est le confesseur, généralise la confession sur l’ensemble des terres de son mari Philippe-Emmanuel de Gondi, convaincue par la joie immense de ce malade à qui Vincent de Paul vient d’accorder le pardon.

         

chaire où prêcha Vincent de Paul en 1617,
église saint-jacques-le-majeur-et-saint-jean-baptiste de folleville, somme © vinckie (à droite) cc by-sa 4.0 deed

Aumônier général de galères

En 1618, ayant la volonté de « tout donner aux pauvres », Vincent de Paul se rend pour la première fois à la Conciergerie à Paris, où les forçats attendent leur départ pour Marseille. Vincent est frappé par l’état de santé des prisonniers dans ces cachots humides et sales. Les prisons dépendent du procureur général Molé, et Vincent de Paul, précepteur des enfants Gondi depuis 1613, obtient de Pierre-Emmanuel de Gondi, général des galères du roi, qu’il intervienne auprès de Mathieu Molé afin d’améliorer le sort des forçats. Bientôt les forçats sont regroupés dans une vaste maison et leurs conditions de détention améliorées grâce aux soins des fidèles de l’église Saint-Roch. Vincent côtoie ces prisonniers et obtient des conversions. L’année suivante, le roi nomme Vincent aumônier général des galères, charge qu’il conservera toute sa vie.

Opposant au style grandiloquent des sermons du temps son style direct, pastoral et vigoureux, Vincent de Paul attire à lui les âmes. Dans l’église Saint-Pierre de Mâcon, en Saône-et-Loire, sur le bras du transept sud, le tableau de Vincent de Paul prêchant devant Pierre-Emmanuel de Gondi a été peint par François de Troy en 1732. L’auréole a été ajoutée après la canonisation de Vincent de Paul en 1737. Philippe-Emmanuel de Gondi est général des galères du roi depuis 1598. La chiourme, c’est-à-dire les rameurs, est composée d’hommes libres volontaires mais aussi d’esclaves prisonniers de guerre, de condamnés à mort, de mendiants, de vagabonds, de voleurs…

Ce tableau est une œuvre de style baroque de la Contre Réforme, caractérisée par le sens du mouvement, l’ampleur théâtrale des draperies, la profusion des personnages, le décentrement de la scène, le trompe-l’œil des colonnes.

Vincent de paul prêchant devant pierre-emmanuel de gondi, 1732, jean-françois de troy,
église saint-pierre de mâcon © martine petrini-poli

Fondateur de congrégations

Vincent de Paul va fonder successivement la Congrégation de la Mission en 1617 et la Compagnie des Filles de la Charité en 1633. La Congrégation de la Mission (ou prêtres Lazaristes) a pour origine le sermon prononcé par Vincent de Paul à l’église de Folleville. Peu avant sa mort en 1625, Madame de Gondi lui alloue une rente et le collège des Bons-Enfants à Paris. En 1632, Vincent de Paul, par l’intermédiaire du cardinal de La Rochefoucauld, s’installe dans le prieuré de Saint-Lazare, origine du nom usuel de « Lazaristes » pour ses prêtres. L’année suivante, Vincent de Paul, devenu « Monsieur Vincent », est reconnu de tous : du roi qui lui concède ses lettres patentes pour sa congrégation ; de Richelieu, qui lui demande des missions ; de l’archevêque de Paris, Jean-François de Gondi, qui utilise les prêtres de la Mission partout où il l’estime nécessaire ; et du pape Urbain VIII qui lui délivre sa bulle de reconnaissance. La congrégation des Lazaristes compte aujourd’hui plus de 3000 membres dans 95 pays.

Le Bienheureux Vincent de Paul, fondateur de la Congrégation de la Mission et des Filles de la Charité (B. Vincentius à Paulo Congregationis Missionis et Puellarum Charitatis Fundator), estampe, Université de Limoges, Service Commun de la Documentation, Bibliothèque du Grand Séminaire

Vincent de Paul institue en 1633, avec Louise de Marillac, la compagnie des Filles de la Charité, il est à l’origine de la plus importante promotion de l’apostolat féminin pendant la Réforme catholique. Vincent de Paul demande aux Filles de la Charité de se mettre au service des pauvres, des malades et des enfants. Elles sont vêtues comme des femmes du peuple (robe simple, grise et droite), ne portent pas de voile, et ne prononcent que des vœux annuels. Les Filles de la Charité interviennent aussi dans les hôpitaux, elles créent de petits centres de bienfaisance urbains et ruraux, et développent les écoles primaires. Vincent de Paul précise aux Filles de la Charité leurs missions dans un sermon le 24 août 1659 : « Votre monastère est la maison des malades et celle où réside votre supérieure ; votre cellule est votre chambre de louage. […] Pour chapelle, l’église paroissiale […] Pour cloître, les rues de la ville, où vous devez aller pour le service de vos malades. Pour clôture, l’obéissance […] Pour grille, la crainte de Dieu. Pour voile, la sainte modestie. »

 

 

— Martine Petrini-Poli
(professeur de lettres en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme de Saône-et-Loire)

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Martine Petrini-Poli

Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

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