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Imitation de Jésus-Christ de Thomas a Kempis (1380-1471), Livre I, chapitre 23, De la méditation de la mort

Publié le : 3 Mai 2019
L'Imitation de Jésus-Christ, en latin "Imitatio Christi", est un best-seller médiéval du mystique allemand Thomas a Kempis. Au fil des semaines, vous êtes invités à en découvrir quelques extraits choisis. Le chapitre 23, du Livre I, que nous étudions aujourd'hui, s'intitule "De la méditation de la mort ".

Gisant, Château de Pierrefonds - Flick

On est frappé à la lecture de ce chapitre De la Méditation de la mort de Thomas a Kempis par l’abondance du vocabulaire temporel et des antithèses (aujourd’hui/ demain, présent/ avenir, longue vie/ un seul jour, matin/ soir). L’auteur s’adresse directement à son lecteur, l’interpelle de façon impérative, le questionne afin de l’inciter à réfléchir sur le mystère des fins dernières, sur la finitude du temps humain vis-à-vis de l’Eternité de la vie divine. « Car Dieu ne nous a pas destinés à subir sa colère, mais à posséder le salut par notre Seigneur Jésus Christ mort pour nous afin que, veillant ou dormant, nous vivions alors unis à lui », 1 Th 5,10.

L'attitude du priant exprime l’anticipation du salut, comme celle du gisant exprimait la jouissance du repos éternel.

Philippe Ariès écrit dans son ouvrage, L’homme devant la mort, paru en 1975 : « Ainsi, et c’est cela qu’il faut souligner avec force, le priant, même s’il est encore vivant, n’est pas un homme de la terre. Il est une figure d’éternité (...). Son attitude exprime l’anticipation du salut, comme celle du gisant exprimait la jouissance du repos éternel. Éternité ici et là, mais ici l’accent est mis sur le dynamisme du salut, et là sur la passivité du repos ».

1. C'en sera fait de vous bien vite ici-bas : voyez donc en quel état vous êtes. L'homme est aujourd'hui, et demain il a disparu, et quand il n'est plus sous les yeux, il passe bien vite de l'esprit. O stupidité et dureté du coeur humain, qui ne pense qu'au présent et ne prévoit pas l'avenir ! Dans toutes vos actions, dans toutes vos pensées, vous devriez être tel que vous seriez s'il vous fallait mourir aujourd'hui. Si vous aviez une bonne conscience, vous craindriez peu la mort. Il vaudrait mieux éviter le péché que fuir la mort. Si aujourd'hui vous n'êtes pas prêt, comment le serez-vous demain ? Demain est un jour incertain : et que savez-vous si vous aurez un lendemain ?

Soyez donc toujours prêt, et vivez de telle sorte que la mort ne vous surprenne jamais.

2. Que sert de vivre longtemps puisque nous nous corrigeons si peu ? Ah ! une longue vie ne corrige pas toujours ; souvent plutôt elle augmente nos crimes. Plût à Dieu que nous eussions bien vécu dans ce monde un seul jour ! Plusieurs comptent les années de leur conversion ; mais souvent, qu'ils sont peu changés, et que ces années ont été stériles ! S'il est terrible de mourir, peut-être est-il plus dangereux de vivre si longtemps. Heureux celui à qui l'heure de sa mort est toujours présente, et qui se prépare chaque jour à mourir ! Si vous avez vu jamais un homme mourir, songez que vous aussi vous passerez par cette voie.

3. Le matin, pensez que vous n'atteindrez pas le soir ; le soir, n'osez pas vous promettre de voir le matin. Soyez donc toujours prêt, et vivez de telle sorte que la mort ne vous surprenne jamais. Plusieurs sont enlevés par une mort soudaine et imprévue : car le Fils de l'homme viendra à l'heure qu'on n'y pense pas. Quand viendra cette dernière heure, vous commencerez à juger tout autrement de votre vie passée, et vous gémirez amèrement d'avoir été si négligent et si lâche.

Gisant de François II, duc de Bretagne cathédrale de Nantes. (Photo Jibi44 Wikimedia Commons)

4. Qu'heureux et sage est celui qui s'efforce d'être tel dans la vie qu'il souhaite d'être trouvé à la mort. Car rien ne donnera une si grande confiance de mourir heureusement, que le parfait mépris du monde, le désir ardent d'avancer dans la vertu, l'amour de la régularité, le travail de la pénitence, l'abnégation de soi-même et la constance à souffrir toutes sortes d'adversités pour l'amour de Jésus-Christ. Vous pourrez faire beaucoup de bien tandis que vous êtes en santé ; mais, malade, je ne sais ce que vous pourrez. Il en est peu que la maladie rend meilleurs, comme il en est peu qui se sanctifient par de fréquents pèlerinages.

5. Ne comptez point sur vos amis ni sur vos proches, et ne différez point votre salut dans l'avenir ; car les hommes vous oublieront plus vite que vous ne pensez. Il vaut mieux y pourvoir de bonne heure et envoyer devant soi un peu de bien, que d'espérer dans le secours des autres. Si vous n'avez maintenant aucun souci de vous-même, qui s'inquiétera de vous dans l'avenir ? Maintenant le temps est d'un grand prix. Voici maintenant le temps propice, voici le jour du salut. Mais, ô douleur ! que vous fassiez un si vain usage de ce qui pourrait vous servir à mériter de vivre éternellement ! Viendra le temps où vous désirerez un seul jour, une seule heure, pour purifier votre âme, et je ne sais si vous l'obtiendrez.

6. Ah ! mon frère, de quel péril, de quelle crainte terrible vous pourriez vous délivrer si vous étiez à présent toujours en crainte de la mort ! Etudiez-vous maintenant à vivre de telle sorte qu'à l'heure de la mort vous ayez plus sujet de vous réjouir que de craindre.
Apprenez maintenant à mourir au monde afin de commencer alors à vivre avec Jésus-Christ. Apprenez maintenant à tout mépriser, afin de pouvoir alors aller librement à Jésus-Christ. Châtiez maintenant votre corps par la pénitence afin que vous puissiez alors avoir une solide confiance.

Vivez sur la terre comme un voyageur et un étranger à qui les choses du monde ne sont rien. Conservez votre coeur libre et toujours élevé vers Dieu

7. Insensés, sur quoi vous promettez-vous de vivre longtemps, lorsque vous n'avez pas un seul jour d'assuré ? Combien ont été trompés et arrachés subitement de leur corps ! Combien de fois avez-vous ouï dire : Cet homme a été tué d'un coup d'épée ; celui-ci s'est noyé, celui-là s'est brisé en tombant d'un lieu élevé ; l'un a expiré en mangeant, l'autre en jouant ; l'un a péri par le feu, un autre par le fer, un autre par la peste, un autre par la main des voleurs ! Et ainsi la fin de tous est la mort, et la vie des hommes passe comme l'ombre.

8. Qui se souviendra de vous après votre mort, et qui priera pour vous ? Faites, faites maintenant, mon cher frère, tout ce que vous pouvez, car vous ne savez pas quand vous mourrez, ni ce qui suivra pour vous la mort. Tandis que vous en avez le temps, amassez des richesses immortelles. Ne pensez qu'à votre salut, ne vous occupez que des choses de Dieu. Faites-vous maintenant des amis, en honorant les saints et en imitant leurs oeuvres, afin qu'arrivé au terme de cette vie, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels.

9. Vivez sur la terre comme un voyageur et un étranger à qui les choses du monde ne sont rien. Conservez votre coeur libre et toujours élevé vers Dieu, parce que vous n'avez point ici-bas de demeure permanente. Que vos gémissements, vos larmes, vos prières, montent tous les jours vers le ciel afin que votre âme, après la mort, mérite de passer heureusement à Dieu.

Martine Petrini-Poli

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Martine Petrini-Poli

Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

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