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Rétrospective Zurbarán à Bruxelles : quand la peinture communie avec le sacré

Publié le : 14 Février 2014
Avec Velázquez, Greco et Murillo, il est le 4ème as de l’âge d’or espagnol. La contribution de Francisco Zurbarán (1598-1664) à ce flamboiement baroque est la plus classique sur le plan purement plastique mais peut-être aussi la plus spirituelle. Organisée au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles jusqu’au 25 mai 2014, la grande rétrospective de l’œuvre de Zurbarán est une aubaine à ne pas rater. Pour la première fois en Belgique, et exactement 350 ans après sa mort, cinquante toiles exceptionnelles, issues des plus prestigieuses collections, rendent hommage au maître espagnol. Le parcours thématique et chronologique présente une peinture « sans énigme » qui transcende le réel pour devenir un instrument de connaissance et d’émotivité.

C’est une des expositions phares de ce début d’année. Que BOZAR réunisse cinquante œuvres d’un artiste totalement absent des collections belges donne déjà à l’évènement une envergure unique. Le musée a en effet réussi à décrocher des prêts d’institutions telles que le musée Thyssens-Bornemisza (Madrid) ou la National Galley de Londres, et dévoile au public pour la première fois quatre œuvres de Zurbarán récemment découvertes, dont L’Apparition de la Vierge à Saint Pierre Nolasque.

©Francisco de Zurbarán, L’Apparition de la Vierge à Saint Pierre Nolasque, 1629 Huile sur toile, 179 x 223 cm, Madrid, Museo Nacional del Prado

Bien qu’il soit affilié à l’esthétique baroque, la peinture de Zurbarán se caractérise par la sobriété et l’immédiateté. Elle ne recèle pas de doubles lectures et ne cherche pas à susciter une lecture allégorique. Il opte pour la simplification.

Ce « sacré devenue réalité » correspond aux écrits des grands mystiques en vogue du XVIe siècle : ceux de sainte Thérèse d’Avila et de saint Jean de La Croix qui réprouvaient toute sorte de débordement. A ce titre, les représentations frappantes de la Vierge enfant ou du Christ mi-chérubin montrent comment l’irruption du divin dans le monde quotidien paraît naturelle et convaincante.

©Francisco de Zurbarán, La Vierge jeune endormie, vers 1655-60, Huile sur toile 109 x 90 cm, Jerez de la Frontera, Cathédrale de San Salvador, Cabildo

Ignacio Cano, commissaire principal de l’exposition, explique : « Les scènes et les objets servent à activer l’imagination pour développer la prière mentale et l’œil de l’imagination ». Il s’appuie sur des modèles traditionnels bien connus du peuple qu’il adapte à son propre langage visuel. Le tour de force de Zurbarán consiste à peindre des objets du quotidien pour leur donner une aura sacrée, une charge méditative. Ici, un simple agneau au pelage subtil devient l’Agnus Dei qui préfigure le Christ et sa Passion.

©Francisco de Zurbarán, Agnus Dei, vers 1635-1640, huile sur toile 35 x 52cm. The San Diego Museum of Art

Ses œuvres de jeunesse sont marquées par l’influence du Caravage, empreintes d’une forte expressivité et enveloppée d’obscurité.  En juin 1634, Zurbarán est appelé à la cour pour collaborer à la décoration du Palais du Buen Retiro, outil de propagande du monarque Philippe IV. Ce séjour laissera une profonde empreinte sur son style. Les collections royales permettent de contempler la peinture de la Renaissance et celle du baroque qui l’influenceront, comme l’attestent en particulier l’adoucissement des contrastes lumineux et la complexité accrue des compositions.

Une des sections les plus originales de la visite de l’exposition concerne des œuvres conçues par séries pour les colonies espagnoles du Nouveau Monde. En effet, dans les années 1640, les grandes commandes des ordres religieux diminuent. Il réalise alors pour l’Amérique des séries thématiques, représentant les fondateurs d’ordres, les saints, les figures bibliques, qu’il peint vêtus d’habits traditionnels aux somptueux effets de matières.

« Son art atteste de la sincérité de sa foi. Ses thèmes sont essentiellement religieux et sa sensibilité également. Zurbaran applique exactement les consignes du Concile de Trente, suivant lesquelles l’art doit aider à communier avec Dieu. Et il confère à ces consignes une évidence intérieure, car non seulement il sait ce qu’il doit représenter mais il le vit intérieurement »Ignacio Cano.

 

©Francisco de Zurbarán, Saint François d’Assise dans sa tombe, vers 1635, huile sur toile, 205 x 113 cm, Milwaukee, The Milwaukee Art Museum

Dans la dernière partie de sa vie, alors que Séville décline à cause de la dépression économique et de terribles vagues de peste, il s’installe à Madrid et renouvelle sa clientèle. De fait, les peintures que Zurbarán réalise à partir de 1658 signalent un changement de cap flagrant. Il adapte son style à l’esthétique nouvelle : sa peinture devient plus émotionnelle et plus tendre, une palette plus douce et harmonieuse bannit les forts contrastes de lumière qui lui ont assuré sa célébrité au début de sa carrière. Il s’agit en majorité de peinture dévotionnelles de format plus réduit, dans lesquelles domine une thématique appropriée au genre : aimables Vierges à l’Enfant. Processus que l’on suit jusqu’à la dernière des œuvres signées, « La Vierge, l’Enfant et Saint Jean » peinte en 1662.

Cette rétrospective témoigne du parcours d’un artiste qui n’a cessé de s’adapter aux évolutions de son temps ; exprimant sous forme aussi personnelle que directe l’esprit de la société espagnole de la 1ère moitié du XVIIe siècle. La grande force de Zurbarán est d’insuffler dans ses grandes compositions religieuses, une intimité nouvelle. Une approche inédite de l’expérience humaine, sans rien ôter à la monumentalité. En quelque sorte, une spiritualité concrète qui renouvelle le genre et nous parle toujours aujourd’hui.

©Francisco de Zurbarán, La Vierge, l’Enfant et Saint Jean, 1662, huile sur toile, 169 x 127 cm, Bilbao, Musée des Beaux-Arts


Informations pratiques
Zurbarán. Maître de l’Âge d’Or espagnol

Exposition conçue en collaboration avec les Gallerie d’Arte Moderna e Contemporanea di Ferrare, ville où elle fut montrée à l’automne 2013.

Jusqu’au 25 mai 2014

Palais des beaux-Arts (BOZAR)
Rue Ravenstein 23
1000 Bruxelles

Du mardi au dimanche, de 10h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h.

Tarif : 12€ / Tickets en ligne

BOZAR Infos :
+32 2 507 82 00
www.bozar.be

Autour de l'exposition

Catalogue
Francisco de Zurbarán (1598-1664)
248 pages, 49€
BOZAR BOOKS & Fonds Mercator

CD
La Oreja de Zurbarán (Cypres, Huelgas Ensemble & BOZAR)
18€ @BOZAR BOUTIK. En savoir plus: www.bozar.be

©Francisco de Zurbarán,Saint Gabriel Archange, vers 1631-1632, Huile sur Toile, 146,5 x 61,5 cm, Montpellier, Musée Frabre
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