Aller au contenu. | Aller à la navigation

Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

Bonjour, notre site va bénéficier d’une refonte dans les prochains mois. L’activité de Narthex est actuellement réduite. Nous vous remercions de votre compréhension.

Jan Fabre, le pouvoir de l’imaginaire

Publié le : 7 Septembre 2018
Jusqu’au 11 novembre 2018, la Fondation Maeght accueille l’artiste belge Jan Fabre. L’exposition est consacrée à ses sculptures essentiellement en marbre et à ses dessins traitant de la pensée, du corps, de nos rêves et surtout, de nos imaginaires en dialogue avec les découvertes scientifiques, avec l’esprit et le cerveau qui deviennent une source, une terre, un personnage dont nous vivons les aventures dans cette exposition, grâce à des œuvres notamment créées pour cet événement.

Vue de l'exposition « Ma nation: l'imagination » de Jan Fabre à la Fondation Maeght. © Angelos bvba / Jan Fabre / © Adagp Paris 2018. Photos Roland Michaud / Archives Fondation Maeght.

Jan Fabre a conçu une exposition « sur-mesure » pour la Fondation Maeght, une exposition qu’il a voulue spirituelle, dans tous les sens du terme, à la fois onirique, grave, mais avec l’ironie des jeux et l’humour à la manière de James Ensor. Il fait dialoguer ses découvertes d’artiste avec celles de la science et de l’histoire des arts. Jan Fabre se veut à la fois « guerrier et serviteur de la beauté ».

Parfois considéré comme provocateur ou iconoclaste, le « mystique contemporain » Jan Fabre, artiste consacré qui s’intéresse ici au cerveau, garde en mémoire le souvenir des Primitifs flamands et des maîtres anciens du baroque flamand et s’appuie sur la tradition pour oser plonger dans l’inconnu : « Le cerveau représente à mes yeux la métaphore de la terra incognita. S’occuper d’art et de beauté, c’est toujours arpenter le sentier de cette terra incognita ». À l’image de la science qui prend appui sur la connaissance pour initier la découverte, la notion d’expérience, à travers l’étude et l’observation des choses, constitue un des fondements du travail et de la démarche de Jan Fabre.

"Pietà", installation - EXPOSITION « MA NATION: L'IMAGINATION » DE JAN FABRE À LA FONDATION MAEGHT. © ANGELOS BVBA / JAN FABRE / © ADAGP PARIS 2018. PHOTOS ROLAND MICHAUD / ARCHIVES FONDATION MAEGHT.

Le musée est un lieu spirituel. Ce sont des lieux où l’on espère échapper à la pression économique et politique, ce sont des lieux souverains. - Jan Fabre

Dans la Cour extérieure, l’artiste expose une installation réalisée pour l’église Santa Maria della Misericordia à l’occasion de la biennale de Venise 2011 : cinq Piétas monumentales en marbre de Carrare, chacune sur un socle brut, agencées sur un sol doré. Le visiteur y est porté par une sorte d’ascension spirituelle, de l’une à l’autre des sculptures jusqu’à la dernière Merciful Dream (Pietà V) qui s’inspire très librement de la célébrissime Pietà de Michel Ange à Saint-Pierre du Vatican. Jan Fabre y substitue sa propre représentation à celle du Christ, étendu mort sur les genoux de la Sainte Vierge, dont le visage est remplacé par une tête de mort. De la main droite de l’artiste tombe un cerveau. Il propose ainsi un triptyque science (cerveau) – religion (Vierge Marie) – art (autoportrait) puissant, qui ne manque pas d’interpeller le regard du spectateur.

  

(à g.) Merciful Dream (PIETA V) détail, 2011. Marbre, 190 x 195 x 110 cm, base 270 x 40 x 180 cm.  Photo Pat Verbruggen.  // (à d.) Sacrum Cerebrum XIII (Le tabernacle du cerveau), 2015. Marbre, 63,5 x 52 x 45 cm.
© Angelos bvba / Jan Fabre / © Adagp Paris 2018

Sa Pietà en est un exemple, le vocabulaire iconographique de Jan Fabre comporte de très nombreuses références à la symbolique chrétienne. Les vanités médiévales, les crucifixions baroques, les reliquaires gothiques le fascinent et on peut en trouver des échos, qui viennent ponctuer son œuvre avec régularité. On repère notamment la série des Sacrum Cerebrum où s’entremêlent des représentations naturalistes de cerveaux avec des objets liturgiques (reliquaire, ostensoire) ou des images chrétiennes (sacré-cœur, couronne virginale…). En outre, deux « Gisants » sont présentés dans l’exposition, rendant hommage à la neuroanatomiste américaine Elizabeth C. Crosby et au zoologiste et éthologue Konrad Z. Lorenz.

Vue de l'exposition « MA NATION: L'IMAGINATION » avec Gisant (Hommage à E.C. Crosby), 2011-2012. Marbre, 55 x 195 x 74 cm sans le socle © ANGELOS BVBA / JAN FABRE / © ADAGP PARIS 2018. PHOTOS ROLAND MICHAUD / ARCHIVES FONDATION MAEGHT.

On pourrait penser que l’artiste instrumentalise un vocabulaire chrétien détourné de son propos originel. Jan Fabre semble être, comme cela est propre aux êtres humains, traversé par une quête de spiritualité intense, débordante, qui s’entrecroise avec la quête du savoir. Par la présence récurrente de l’imagerie du cerveau et les références scientifiques, on perçoit bien l’ambiguïté qui traverse toute l’œuvre de Jan Fabre entre art, science et religion. Il jette des ponts entre les disciplines, abolissant les frontières et laissant à l’esprit humain la possibilité d’une ouverture vers un univers débridé.

L’artiste lui-même est comme un expérimentateur dans un laboratoire, ne s’imposant aucune limite que celle de l’esprit.

 

Toutes les informations pratiques pour visiter l'exposition en cliquant ici.

Recherchez sur le site
Inscrivez-vous à la newsletter