Pour découvrir les verres de lumière dès le 9 septembre
Publié le : 30 Août 2017
L’église Saint-Ignace rouvre ses portes le samedi 9 septembre à 18h. Vous pourrez alors découvrir la première moitié de l’édifice sous une lumière nouvelle : la pierre blanche désormais débarrassée de 160 années de poussières, associée aux anciens vitraux nettoyés et à un nouvel éclairage, rayonne et nous invite à lever les yeux ! Dorénavant, les célébrations se vivront dans une partie de la nef, en retrouvant la disposition en ellipse. Dans le fond de l’église, le nettoyage du chœur a commencé, avec de nouveau un immense échafaudage sur toute la hauteur. La fin de l’ensemble des travaux est prévue pour Noël, fête célébrant la victoire de la lumière sur les ténèbres.
Le système d’éclairage des six verres de lumière est en cours de réglage. Dès le 9 septembre, vous pourrez découvrir cette œuvre rayonnante dans une architecture renouvelée. Dans cet article, je vous propose quelques clés de lecture pour rentrer dans le projet de l’artiste.
Ces 6 fenêtres sont une méditation sur le texte du Principe et Fondement d’Ignace de Loyola. Ce texte est un passage essentiel pour toute expérience de la foi chrétienne. Voici ce qui est proposé à la méditation :
L’homme est créé pour louer, respecter et servir Dieu notre Seigneur et par là sauver son âme, et les autres choses sur la face de la terre sont créées pour l’homme, et pour l’aider dans la poursuite de la fin pour laquelle il est créé.
D’où il suit que l’homme doit user de ces choses dans la mesure où elles l’aident pour sa fin et qu’il doit s’en dégager dans la mesure où elles sont, pour lui, un obstacle à cette fin. Pour cela il est nécessaire de nous rendre indifférents à toutes les choses créées, en tout ce qui est laissé à la liberté de notre libre arbitre et qui ne lui est pas défendu ; de telle manière que nous ne voulions pas, pour notre part, davantage la santé que la maladie, la richesse que la pauvreté, l’honneur que le déshonneur, une vie longue qu’une vie courte et ainsi de suite pour tout le reste, mais que nous désirions et choisissions uniquement ce qui nous conduit davantage à la fin pour laquelle nous sommes créés.
Si l’homme est créé, Dieu est déjà là avant lui. Dieu n’est pas au bout du chemin, il nous accompagne dès nos premiers pas, et chaque croyant commence son chemin en s’appuyant sur cette présence. Pour vivre conscient de cette présence, des attitudes de fond nous aident. Louer, respecter et servir sont trois verbes d’action qui nous mettent en relation avec quelqu’un d’autre tout en demandant notre engagement.
Le sens de cette vie donnée par Dieu est appelé ici "la fin pour laquelle nous sommes créés". Tout au long de sa marche, le croyant pourra reconnaître ce qui lui est donné, car tout est créé par Dieu. Ainsi, c’est en plaçant la louange et la reconnaissance de ce qui est reçu au fondement de sa vie que le croyant pourra avancer et ensuite s’interroger sur la manière de répondre à ces dons.
Les 6 verres de lumières de Patrick Rimoux sont rythmés par des découpes donnant un mouvement général. Cette œuvre nous place dans le passage d’un chemin. Les 2 côtés de l’œuvre ne sont pas du même ton : gris-sombre à gauche, ocre-rouge à droite. Il y a un avant et un après. Dans ce mouvement général, de nombreux petits éléments vont et viennent. Pour Patrick Rimoux, la Foi, c’est avant tout les croyants, et chaque croyant se met en chemin avec une attente, un désir fort. Les centaines de petits éléments veulent signifier ces croyants.
Nous rapprochant, nous découvrons que ce sont en fait des portes, ou des fenêtres, avec à chaque fois un mot en français, latin ou espagnol. "liberté", "servir", "crainte", "salut"… Tous ces mots sont ceux utilisés par Ignace de Loyola pour présenter comment accompagner les personnes. Chacun arrive avec un grand désir, une recherche, et ces mots accolés aux fenêtres le montrent bien. Quand on regarde attentivement ces fenêtres dessinées, on découvre que quelque chose en jaillit, comme des graines dans le vent. Et ce souffle vient toujours d’une même origine : ce soleil brillant. Ce qui peut grandir en nous, ce qui attire à lui les jeunes pousses, c’est ce soleil. Dieu est toujours là, et il donne la croissance et le mouvement. Même dans les nuits que chacun peut traverser, une lumière est toujours là. Le deuxième astre, d’une couleur bleu argenté rappelle la lune et le ciel étoilé qu’Ignace aimait regarder le soir à Rome : à genoux, il pleurait, consolé d’être aimé d’un tel Seigneur.
La parabole du semeur dans l’évangile de Luc au chapitre 8 peut également nous aider : le semeur est sorti pour semer. Comme si le soleil attirait à lui les jeunes pousses, ce qui est semé ne peut grandir que si nous tournons les yeux vers celui qui veut nous donner la vie.
- Jean Berger, s.j.
Scolastique jésuite, étudiant en philosophie et théologie