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Questions d'artistes au Collège des Bernardins : Bruno Perramant et "Les aveugles"

Dans le cadre de « Questions d'artistes » – la création contemporaine au Collège des Bernardins, l'artiste Bruno Perramant installe une oeuvre qui a pour thème des aveugles dans l'ancienne sacristie. L'exposition est visible juqu'au 20 janvier 2013.
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    du 09/11/2012 au 20/01/2013

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Pour la nouvelle saison de « Questions d’artistes », le collège des Bernardins a invité l'artiste Bruno Perramant à investir l'ancienne sacristie du bâtiment cistercien. L'oeuvre est composée de deux grands polyptiques verticaux conçus pour le lieu. Cette installation adopte la structure classique des polyptiques ou retables de la peinture occidentale : sol, monde et ciel.

 

Selon Bruno Perramant : « La peinture est une contre-image. On vit dans une société envahie par les images et la peinture aujourd’hui est un exorcisme contre cela. » Les aveugles évoque la cécité, l’aveuglement, la difficulté à percevoir mais aussi le regard social et le regard culturel.

 

Ci-dessous un extrait de l'entretien avec Bruno Perramant par Alain Berland, publié dans le n°4 de la revue Questions d’artistes – création contemporaine au Collège des Bernardins.

 

Alain Berland : Quel projet spécifique as-tu conçu pour le Collège des Bernardins ?

 

Bruno Perramant : Tout d’abord le projet résulte d’une invitation à laquelle je suis heureux de répondre. Depuis l’exposition de Claudio Parmiggiani, c’est un lieu familier où on ne peut s’empêcher de se projeter tant la beauté et la présence architecturale est forte. J’ai beaucoup entendu parler de la prétendue impossibilité d’exposer de la peinture dans cet espace et donc le défi est d’autant plus intéressant à relever.

 

Je me disais que si durant la rénovation du bâtiment on avait découvert des fresques ou simplement des traces de peinture la question ne se poserait pas. La difficulté consiste aussi à concevoir un projet dont la durée sera brève et éphémère comparée au temps du lieu mais qui vienne quand même interroger cette question du temps et pas seulement de l’espace. Un flirt temporel en quelque sorte… Un dispositif qui puisse se conjuguer au passé, présent et futur et surtout au conditionnel. Cela aurait pu avoir lieu, cela pourrait avoir lieu… Une forme qui soit révélatrice d’une autre forme, d’un fantôme. Il est rare que l’on soit confronté à une telle verticalité, encadrée de plus par les formes d’ogives, accentuée par les colonnes. On pourrait repenser l’architecture, l’amener à se conformer aux principes du « white cube », ignorer la puissance du vide, jouer l’extrême sobriété, ce ne sera pas le cas.

 

Bruno Perramant, Les aveugles. Photo : CGC

 


J’ai montré l’an passé à la galerie In Situ, un polyptyque de 19 tableaux dont l’idée m’était initialement venue au Collège des Bernardins en visitant je ne sais plus quelle exposition. Je reprendrai le projet initial, enrichi de nouveaux tableaux et répondant cette fois à la hauteur du lieu. C’est un espace très haut mais aussi où l’on entre en descendant. Le centre de gravité est singulièrement placé et le vide en devient impressionnant.

 

Le sol est bas et le ciel est très haut. Le polyptyque est composé en 3 niveaux justement : sol, monde, ciel. Les tableaux se superposent, comme des couches de sens, les connexions se font de bas en haut, de gauche à droite, en profondeur et inversement dans tous les sens. C’est la pièce « centrale », je décompose également un grand triptyque horizontal en oeuvre verticale, il est possible qu’il explose complètement pour l’occasion, je verrai sur place, c’est le travail d’accrochage et de vérification des intuitions. C’est un projet complexe mais auquel je conserve une grande souplesse.

 

Le titre de ce polyptyque est Composition n°3 : les aveugles. Les aveugles est le titre du grand tableau central. Nous sommes dans une sacristie, c’est le lieu où l’on revêt les vêtements sacerdotaux, un lieu secret de préparation aux offices où l’on se voile et se dévoile, un lieu de passage d’une réalité à une autre. Ce qui n’est pas sans analogie avec les différents « sujets » présentés. Personnages soustraits à la réalité commune. Une constellation ou archipel se dessine autour d’eux reprenant de bas en haut la structure sol, monde, ciel.

 

Des draps abandonnés dans un temps incertain (à quelle date ?) qui peut être tous les temps. Draps des amoureux, draps des fantômes, draps des prisonniers, on ne sait pas. Les deux soleils (Dionysos), le feu, les livres, les reflets, la violence et le sang, l’idéogramme chinois de la fin, le noir, et son négatif qui n’est pas tout à fait blanc, le masque tutélaire de la justice et la présence cachée, et l’interrogation la plus simple et la plus brutale car sans réponse : « - Quoi ? ». Reste le chien stoïque et serein, seul, indifférent, voyant mais au regard détourné…

 

Bruno Perramant, Les aveugles. Photo : CGC

 

Le nouveau triptyque qui servira de base à l’autre composition a été conçu autour du tableau La forêt brune et jaune (sous-titré nel mezzo del cammin) il s'appelle Mezzo 1 2 3 et il est clairement dans la coloration des premiers vers de la Divine Comédie de Dante. Cela sera préservé plus ou moins, on verra. En tous cas le milieu du chemin de la vie, peut être multiple et n’est pas forcément le milieu mesurable du temps qui nous est imparti. Je m’aperçois que chaque ensemble contient, entre autres, une référence commune à Guy Debord et à Dionysos, c’est une indication, à vous de la trouver.

 

L'artiste : BRUNO PERRAMANT
Né en 1962 à Brest, Bruno Perramant vit et travaille à Paris. Il est l'un des peintres les plus importants de sa génération. Plus de 20 années de pratiques et de réflexions l'ont conduit à une peinture virtuose, savante et mystérieuse, nourrie de lectures et de références à son propre médium.


Son oeuvre a fait l'objet de très nombreuses expositions dans les plus prestigieuses institutions en France et à l'étranger. En France, il est représenté par la galerie In situ Fabienne Leclerc.


En écho à l'installation de Bruno Perramant, Sylvain Rousseau présente deux oeuvres qui nous interrogent sur notre tendance à ne voir que les apparences.


Autour de l’exposition Les aveugles :


Table ronde : « La peinture au XXIe siècle », jeudi 6 décembre 2012 à 20h.
Tarif plein : 5€ - Tarif réduit : 3€. Gratuit pour les moins de 26 ans dans la limite des places disponibles.

Tous à l’expo - Débat jeune public : « Ce que je perçois, est-ce la réalité ?», samedi 8 décembre 2012 de 14h30 à 15h30.
Entrée libre dans la limite des places disponibles.

 

Informations pratiques :

Entrée libre
Ouvert du lundi au samedi de 10h à 18h, le dimanche et les jours fériés de 14h à 18h.

Tél. : 01.53.10.74.44

Retrouvez « Questions d'artistes » sur Facebook et sur le blog du Collège des Bernardins : http://recherche.collegedesbernardins.fr/

Collège des Bernardins
20 rue de Poissy
75005 Paris
www.collegedesbernardins.fr

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