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Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

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Parlons trésor

Publié le : 25 Avril 2017
Le caractère particulier des trésors d’églises ou de cathédrales est que les pièces qui les composent, avant d’être des objets d’art, sont des objets du culte. D’ailleurs, les trésors de cathédrales ne sont pas des musées à proprement parler. La grande majorité des œuvres qui y sont entreposées sont susceptibles de servir au culte. De même que l’Église catholique est affectataire des cathédrales, elle est aussi affectataire des trésors. Le responsable du trésor peut donc sortir pour les célébrations des pièces nécessaires à l’exercice du culte.

Ouverture de la Porte Sainte de la Cathédrale Saint-Jean avec la crosse du cardinal Binet provenant du Trésor de la cathédrale. 13 décembre 2015. © François Julien

L’important, pour l’Église aujourd’hui, est le lien des pièces d’un trésor de cathédrale avec l’histoire du diocèse et le travail des artisans et des artistes qui par-delà le temps et les époques ont contribué par leur création à dire quelque chose de la foi chrétienne. Le pape Paul VI en 1964 s’adressait aux artistes qui enrichissent la liturgie par leur création en leur disant : « Vous avez aidé l’Eglise à traduire son divin message dans le langage des formes et des figures, à rendre saisissable le monde invisible. Ce monde dans lequel nous vivons a besoin de beauté pour ne pas sombrer dans la désespérance. La beauté, comme la vérité, c’est ce qui met la joie au cœur des hommes, c’est ce fruit précieux qui résiste à l’usure du temps, qui unit les générations et les fait communier dans l’admiration. Et cela par vos mains... »

Le mot trésor, s’agissant d’une telle collection, est ambigu. N’oublions pas qu’à la valeur marchande de ces objets s’ajoute une valeur, en quelque sorte transcendantale qui vient de ce que ces objets sont consacrés à un usage liturgique. Ces objets appartiennent à cette catégorie particulière que l’on appelle « arts sacrés ». Comme le dit le catéchisme de l’Église catholique : « L’art sacré véritable porte l’homme à l’adoration, à la prière et à l’amour de Dieu Créateur et Sauveur, Saint et Sanctificateur » (CEC 25O2). Le Concile Vatican II a rappelé que c’est d’abord l’homme qui est sacré et jamais un objet. Cependant, bien souvent le reliquaire est identifié à la relique qu’il contient ; cette relique est prélevée sur le corps mort d’une personne dont la vie a mérité d’être honorée par l’Église.

Châsse reliquaire des saints Ferréol et Ferjeux, Jean-Denis Thiébaud (1767-1833), 1819, argent fondu repoussé ciselé et cristal. Dépôt de la ville de Besançon (25) au Trésor de la cathédrale. © Pierre Guenat

L’histoire nous enseigne que la liturgie n’est pas figée mais au service du peuple de Dieu qui célèbre un culte à Dieu à une époque donnée. Aussi, les types d’objets qui agrémentent les trésors suivent-ils l’évolution de la liturgie évoluent au fil des âges. C’est le cas par exemple des sandales épiscopales que l’évêque chaussait avant de s’asseoir sur sa cathèdre pendant que le diacre le « peignait respectueusement et doucement » à l’aide du peigne liturgique. Ces deux objets, en usage pendant des siècles, ont disparus à partir du XVe siècle.

D’autres objets font leur apparition, au IXe siècle les statues-reliquaires et au XIVe l’ostensoir. D’autres objets ont « muté ». Par exemple, on passe de la colombe eucharistique en suspension au coffret eucharistique puis au tabernacle ou de la pyxide au ciboire. Ces évolutions sont le fruit d’arbitrages pratiques et fonctionnels.

Avant le IXe siècle, les textes ne mentionnent pas l’existence d’un lieu spécialement dédié à la protection du « Trésor ». Les vêtements sacerdotaux et les autres objets servant au culte sont rangés dans des coffres disposés dans la sacristie. Une cachette était prévue pour les objets de prix. Plus tard, une salle du trésor munie de placards aménagés dans les murs devint presque toujours la règle. A l’origine, un trésor n’est pas conçu pour être accessible au public. L’accès en est réservé à certains membres du clergé qui en étaient spécifiquement chargés.

Statuette-reliquaire de saint Ermenfroy , 1496, Argent doré. Dépôt de la commune de Clerval (25) au Trésor de la cathédrale. © Pierre Guenat

En 1965, l’exposition Les trésors des églises de France organisée à Paris, au Musée des Arts Décoratifs, a révélé au grand public la richesse de l’orfèvrerie et des objets religieux. Dès lors, l’enjeu de l’ouverture de ces trésors au public s’impose entre les différents partenaires. On y retrouve l’Etat, propriétaire des cathédrales, le clergé, affectataire des objets du trésor, et souvent la ville ou les communes alentours ayant déposé des œuvres.

(à G.) Ostensoir-soleil, Antoine de Loisy (1622/26-1681), Besançon, XVIIe siècle, Argent doré, Exposé au Musée des Arts décoratifs à Paris en 1965 lors de l’exposition « Les trésors des églises de France » // (à d.) Calice, 1442, Vermeil repoussé, ciselé et gravé Dépôt de la commune de l’Isle-sur-le-Doubs (25) au Trésor de la Cathédrale © PIERRE GUENAT

On distingue deux types de trésors. Les trésors de sanctuaires se composent d’objets liés historiquement et cultuellement à l’édifice, il s’agit principalement de trésors de reliques. Les trésors de regroupement, quant à eux, sont constitués d’objets d’origines diverses, rassemblés dans un trésor pour raison de sécurité ou de proximité.

On classe en deux catégories les objets nécessaires au culte que l’on retrouve dans les trésors. Le ministerium regroupe tout ce qui est nécessaire à la célébration du culte, c’est-à-dire vases liturgiques, croix, encensoirs, vêtements... L’ornamentum relève de la décoration de l’église comme les chandeliers, les devants d’autel…

Antependium, Visitandines de Besançon ( ?), 1er tiers XVIIIe siècle, Soie façonnée brodée de brins de paille et de fils de couleurs © Pierre Guenat

A Besançon, nous sommes face à un trésor de regroupement faisant intervenir différents propriétaires. L’ensemble de ces œuvres donne un bel aperçu de la qualité du travail et la dévotion des artistes locaux. Ce trésor illustre également le mécénat des archevêques bisontins en lien avec des grandes centres français voire européens comme Paris, Strasbourg, Lyon, Rome, Malines, … C’est ce patrimoine que nous vous invitons à découvrir prochainement.

 

Chloé Monnier

Père Eric Poinsot
vicaire général du diocèse de Besançon,
référent diocésain pour le trésor de la Cathédrale Saint-Jean

 

Sources :

POINSOT Eric « Les trésors cachés de la cathédrale de Besançon » dans Histoire et Patrimoine de Franche-Comté : Mémoires de la Société d’Émulation du Doubs. 2016. P.101-126.

TARALON Jean Les Trésors des églises de France. Hachette, 1966.

Trésors d’églises et de cathédrales en France. Comment aménager, gérer et ouvrir au public un trésor d’objets religieux. Ministère de la culture et de la communication, direction de l’architecture et du patrimoine. 2003.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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Chloé Baverel

Titulaire d’un Master 2 en Histoire de l’art, Chloé Baverel (Monnier) est actuellement médiatrice culturelle de la Cathédrale Saint-Jean de Besançon (25) et du Centre diocésain Antoine-Pierre 1er de Grammont. De par ses fonctions, elle a contribué à la rédaction de deux volumes baptisés Cathédrale de Besançon : trésors cachés qui dévoilent aux lecteurs, le riche patrimoine religieux de Besançon et sa région. Ses différentes missions l’amènent à inventorier les collections diocésaines, à lancer des campagnes de mécénat pour la restauration d’œuvres d’art ou encore à participer à l’organisation des événements tels la Nuit des Cathédrales ou les Journées du patrimoine.

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