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Une oeuvre du XIIIème siècle : la châsse de Saint Taurin

Publié le : 11 Juillet 2011
Pour l'histoire de l'orfèvrerie parisienne, la Châsse de Saint Taurin est une pièce importante que je vous propose de découvrir...

L’intérêt de cette œuvre

Cet objet est classé dans le type « Reliquaire », c’est-à-dire, que cette pièce renferme une ou plusieurs reliques.
Il s’agit d’un reliquaire secondaire puisqu’il renferme les reliques d’un saint.

Historiquement, cette pièce est importante puisqu’elle met en évidence le lien qu’entretenait la ville d’Evreux avec la cour royale. En effet, ce reliquaire aurait été financé par le roi Louis IX. Cette hypothèse repose sur différents éléments, notamment stylistiques. Le détail important se situe au niveau des épis où prennent place les armoiries royales : celles-ci sont la fleur de lys, symbolisant Louis IX, et le château de Castille, représentant sa mère, Blanche de Castille. En outre, en 1259, Louis IX se rend à l’abbaye de Saint Taurin, lors du sacre de Raoul de Grosparmi, évêque d’Evreux, et est également chancelier de France. Ces éléments tendent à prouver que la cour royale a financé ce reliquaire.

Châsse de Saint Taurin, détails, Atelier parisien, 1240 - 1255,

Conservée à l' église de Saint Taurin, Evreux © C.D



La Fiche technique de ce reliquaire

Milieu XIIIème siècle ; 2ème quart 1240-1255.
Argent et cuivre doré, plaques d’émail champlevé, bois, pour la charpente (chêne) ; le tout recouvert de feuilles d’or ; cabochons (verre).
H. 0.70m (1.20m, avec la flèche) ; L. 1.05m ; l. 0.45m
Son poids est d’environ 82 kilogrammes.
Propriété de la commune,
1896/03/15 classé au titre objet.
Fut classée dès 1896.


 

Châsse de Saint Taurin, détails (Saint Taurin), Atelier parisien, 1240 - 1255,

Conservée à l' église de Saint Taurin, Evreux © C.D

 

Présentation

Ce reliquaire est dédié au Saint Patron de la ville d’Evreux : Saint Taurin.

D’un point de vue général, cette pièce est une cathédrale gothique du fait de la présentation physique du reliquaire. Il met en scène des éléments architecturaux tels que les gâbles et autres éléments appartenant au décor du portail central des cathédrales gothiques. Selon le catalogue de l’exposition d’art religieux ancien, cette forme d’église est le successeur au XIIIème siècle de la châsse-sarcophage.
Sur l’épaisseur du socle, se trouvent deux inscriptions capitales : la première « Abbas Gilbertus fecit me fieri… » indique que cet objet fut commandé par Gilbert de Saint Martin, élu abbé de saint Taurin en 1240, confirmé en 1246 et décédé en 1255. La seconde inscription est « L’an M VIII XXX (sic) Fut réparée et redorée entièrement la châsse de Saint taurin d’Evreux par donné fils fabricant de bronze rue du Vieux Colombier n°24 à Paris ». Cette restauration a changé plusieurs éléments tels que les personnages des contreforts avec leurs niches. Une grande partie des cabochons fut remplacés ainsi que certains « gâbles, gargouilles, la flèche centrale et les crêtes découpées des toits ». Cette brève notice souligne également que les éléments repoussés encadrant les grandes arcades ont été refaites ainsi que l’ange se situant sur le pignon. Les figures des scènes Arrivée de saint Taurin à Evreux et La prédication de saint Taurin ont été refaites. Par contre, les bas-reliefs qui décorent le toit sont intacts.

Tout comme les édifices gothique, ce petit édifice est orienté grâce à son aspect mais aussi du fait de sa disposition actuelle.

Cet édifice est prétexte à la narration de la vie du Saint à travers des bas-reliefs et des statuettes. Ce récit est basé sur le récit de Déodat. Sa transcription repose sur des éléments troublants puisque sa vie se calque sur celle du Christ. Par conséquent, seules les épisodes clés sont à retenir, notamment, ceux relatifs à la ville d’Evreux.

 

La vie de Saint Taurin

La vie de saint Taurin est racontée essentiellement sur les rampants du toit. Cette narration débute à gauche sur le côté septentrional, avec l’Annonciation, et se termine à droite sur le côté méridional. Les scènes sous les arcades sont des points précis de sa vie.

La mère de saint Taurin se prénomme Euticie. Elle est allongée sur son lit quand un ange souriant lui touche le ventre à l’aide de son rameau fleurit de lys. Une inscription plaçait sur le plateau explique cette scène. 

 

 

 

 

 

Châsse de Saint Taurin, détails, Atelier parisien, 1240 - 1255, Conservée à l' église de Saint Taurin, Evreux © C.D

 

Sur la partie à droite, la mère présente son fils, emmailloté, portant un béguin, au pape saint Clément. Sans suit le Baptême de l’enfant : sont représentées deux femmes dont une est la mère de saint Taurin. L’enfant, quant à lui, est plongé dans la fontaine du baptême, entouré de saint Denis et du pape Clément, son parrain. Deux jeunes personnes les assistent.
L’épisode relatait sur l’autre côté est un épisode conduisant saint Taurin à l’évêché. A droite, le pape Clément confie saint Taurin à saint Denis qui le fera évêque. Enfin, les deux derniers épisodes représentés sont la Résurrection de Marinus et la Mort prochaine de saint Taurin. Marinus appartient à une riche famille païenne ; il trouva la mort avec son camarade Paschalius. Ce miracle permit la conversion de la famille. Enfin, cet épisode figure la mort du saint : un messager céleste apparaît au peuple et leur dit : « Prenez le corps de votre père, et suivez moi ». Le long du transfert, saint Taurin se lève du cercueil pour réconforter ses personnes puis se rallonge. Il aurait été enterré loin de la ville.

Les scènes importantes se trouvent représentées sous les importantes arcatures. En dessous de l’Annonciation prend place l’Arrivée de Saint Taurin à Evreux : en ouvrant les portes de la ville le saint, en habit d’évêque, fut heurté aux Démons occupant la ville et matérialisés ici par un lion, symbole d’orgueil, un ours, symbole de luxure et un buffle, symbole d’avarice. Sous l’arcature suivante, on retrouve le peuple d’Evreux demandant le baptême. Juste en dessous de l’arc se trouvent deux diablotins en train de regarder le saint.

Châsse de Saint Taurin, détails (les Démons), Atelier parisien, 1240 - 1255, Conservée à l' église de Saint Taurin, Evreux © C.D


Sur l’autre face, se trouve une conséquence de l’action, précédemment décrite, de saint Taurin sur le peuple ébroïcien : le baptême de six personnes. Enfin, sous la dernière arcade se trouve saint Taurin avec Euphrasie, fille du prévôt Lucius que le saint à ressuscitée.
 

 

Rendez-vous le mois prochain pour en savoir davantage....

 

Cécile Dufour

Le 11 juillet 2011

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Cécile Dufour

Docteur en Histoire de l’art médiéval, ses travaux de recherche concernent l’orfèvrerie au service du culte et essentiellement les productions parisiennes de la fin du XIIème et du XIIIème siècle.

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