La renaissance de la cathédrale maronite Saint-Élie d’Alep
Publié le : 31 Juillet 2020Les stigmates de la guerre
Alors que la guerre civile ravage la Syrie depuis bientôt dix ans, Alep, capitale économique du pays connue pour son dynamise et sa jeunesse, a subi pendant quatre années les pilonnages. De 2012 à 2016, la ville sert de théâtre d’affrontement entre les Forces Armées Syriennes et l’Armée Syrienne Libre. C’est le quartier historique de Jdeidé, où se situe la cathédrale maronite Saint-Élie, qui va devenir la ligne de front entre les belligérants de la bataille d’Alep.
La cathédrale Saint-Élie, construite en 1873, fait partie des trésors du patrimoine aleppin et constitue un véritable symbole pour les communautés chrétiennes de la ville. Située sur la ligne de front, la cathédrale n’a pas été épargnée par les combats. En 2012, le toit s’effondre sous une pluie d’obus. En 2015, c’est l’intérieur de la cathédrale qui est ravagé par les bombardements. Lorsque Monseigneur Joseph Tobji, archevêque maronite d’Alep, retrouve la cathédrale à la fin des combats, l’ampleur des dégâts est considérable.
Un chantier de grande ampleur
En décembre 2016, la fin de la bataille d’Alep et la cessation des combats permet à la cathédrale de rouvrir ses portes aux fidèles pour célébrer Noël, malgré l’état de délabrement dans laquelle elle se trouvait. Dans la ville, après quatre ans de guerre, tout est à reconstruire. Mais c’est la cathédrale Saint-Élie que la communauté maronite a d’abord voulu restaurer, avant même leurs foyers et les commerces.
Grâce au soutien de différentes organisations, dont L’Œuvre d’Orient, l’édifice a fait l’objet d’une rénovation complète, à commencer par sa charpente et son toit. La nouvelle charpente, acheminée depuis l’Italie, a été installée par une équipe locale composée d’artisans de toutes les confessions (chrétiens comme musulmans), en coordination avec des charpentiers italiens présents sur place. Cette installation a nécessité d’employer des techniques ancestrales car il est impossible d’installer des grues dans les rues étroites de la vieille ville.
Au-delà du toit, les travaux de rénovation ont également concerné le remplacement des pierres fragilisées par les bombardements, un ravalement intégral de l’intérieur du bâtiment, mais aussi la restauration des œuvres d’art sacré, que Monseigneur Joseph Tobji avait dissimulées dans une cave scellée au début de la guerre.
Un symbole d’espoir pour la communauté chrétienne
La restauration, et aujourd’hui l’inauguration de la cathédrale Saint-Élie, est un symbole très fort pour la communauté maronite d’Alep, ainsi que pour l’ensemble de la communauté chrétienne de Syrie. Lui rendre sa grandeur en la restaurant à l’identique est synonyme d’espoir et de renaissance pour la ville. En effet, le quartier de Jdeidé était majoritairement habité par les chrétiens d’Alep.
En 2010, la population chrétienne d’Alep était estimée à 150 000 habitants. Aujourd’hui, on estime qu’il ne reste plus que 30 000 chrétiens dans la ville. Pour faire face à l’exil, la reconstruction matérielle et spirituelle est indispensable. Ainsi, la restauration de la cathédrale représente un encouragement pour la communauté chrétienne à rester sur ses terres ancestrales et à se reconstruire.
Apolline Piquenot
Pour plus d’informations sur la restauration de la cathédrale Saint-Élie et sur la situation des chrétiens d’Alep, retrouvez ici le reportage du CFRT
Ainsi que de magnifiques images de la reconstruction de la cathédrale, sur la page Facebook de la cathédrale maronite
Une véritable résurrection et une joie immense de voir ces photos de la renaissance de la cathédrale d’Alep