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L’art de l’homélie : L’héritage culturel du Sermon sur la montagne

Publié le : 21 Juillet 2022
Avec ce nouveau cycle du blog Écrits mystiques, Martine Petrini-Poli nous propose d'explorer l’histoire de la prédication chrétienne et l'art de l'homélie, en tant qu’œuvre littéraire, héritière de la Bible, qui évolue au cours des siècles : des Pères de l’Église au Moyen Âge, du XVIIe siècle à nos jours. Cette troisième publication consacrée à l’art de l’homélie se développe autour d'une référence emblématique de prédication chrétienne, le Sermon sur la montagne de Jésus-Christ, et ses répercussions spirituelles et historiques.
Fra Angelico, Sermon sur la montagne, entre 1437 et 1445, Cellule 32 de l’aile nord du couvent de San Marco, Florence © Wikimedia commons

Le Sermon sur la montagne a moins inspiré les artistes que d’autres scènes évangéliques, à cause de la grandeur du sujet. Cependant on découvre cette fresque magnifique, parmi les 43 peintures des cellules destinées à la méditation des moines dominicains, au couvent San Marco de Florence peinte entre 1437 et 1445, par Fra Angelico, frère dominicain. Jésus enseigne en Maître la Loi nouvelle, qui accomplit la Loi ancienne, la main droite et le doigt levés, il est en position un peu surélevée par rapport à ses disciples. Il tient le rouleau de la Loi de la main gauche. Les douze apôtres aux tuniques multicolores font cercle autour de lui, dans ce cirque de montagne ocre aux arêtes stylisées. Il s’en dégage une sorte d’intimité mystique accentuée par ce ciel bleu formant un double arrondi à l’horizon. C’est pourquoi un détail frappe dans cette scène : des douze apôtres un seul a une auréole bleu sombre, évoquant déjà l’esprit diabolique qui tentera Judas. Ce lieu, par son extrême sobriété et nudité, figure aussi la montagne de la tentation, le désert rocailleux, où Jésus est tenté. Cependant les stries des rochers irradient le Christ de rayons, dans une fusion entre la lumière naturelle et surnaturelle.

Cosimo Rosselli (1439-1507), Le Sermon sur la montagne, fresque, 1481-1482, Chapelle Sixtine, Vatican, Rome © Wikimedia commons

Un autre peintre italien, Rosselli, représente le Sermon sur la montagne en l’intégrant au vaste programme iconographique de la Chapelle Sixtine, couronné par la voûte peinte par Michel-Ange. Rosselli peint sur les ailes sud et nord la Remise des Tables de la Loi, dans le cycle de Moïse, face au Sermon sur la montagne, dans le cycle du Christ.

Cosimo Rosselli (1439-1507), Remise des Tables de la Loi, fresque, 1481-1482, Chapelle Sixtine, Vatican, Rome © Wikimedia commons

Martin Luther King : Combats pour la liberté, 1958

L’éloquence des sermons ne se limite pas à l’époque classique si l’on en juge par les qualités d’orateur de Martin Luther King (1929-1968), pasteur baptiste, docteur en théologie, qui a voué son existence à la défense des droits des Noirs américains. La résistance non-violente inspirée de Gandhi a pris toutes sortes de formes entre 1954 et 1968 et s’est concrétisée par les lois civiques de 1964-1965 mettant fin à la ségrégation dans le sud des Etats-Unis. La référence au texte évangélique du Sermon sur la montagne est explicite dans son ouvrage de 1958, parue chez Payot, Combats pour la liberté, voie de la résistance non-violente. Il veut appliquer aux problèmes sociaux les principes chrétiens : Ici certains demanderont : Pourquoi faire du vieux précepte de « tendre l’autre joue » une politique générale ? Il faut comprendre que la souffrance imméritée a valeur de rédemption (…), briser le cercle infernal de la haine, fonder notre existence sur l’amour. Martin Luther King obtient le prix Nobel de la paix en 1964 avant d’être assassiné en 1968, à l’âge de 39 ans.

Le Sermon sur la montagne, outre ses qualités littéraires de sermon, ouvre le débat sur les rapports entre foi et politique, entre pouvoir religieux et pouvoir politique, entre vie intérieure du chrétien et engagement dans le monde. La question se posait face au pouvoir romain, elle continue à se poser aujourd’hui.

Martine Petrini-Poli

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Martine Petrini-Poli

Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

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