Comment seront réalisés les verres de lumière ?

Depuis le début du projet, en septembre 2016, la commande s’est précisée et simplifiée peu  à peu. En décembre 2016, Patrick Rimoux nous présente une maquette pour nous faire sentir l’esquisse globale du projet, c’est-à-dire les 52 fenêtres du triforium. Nous lui avions demandé de représenter de manière non-figurative quelques étapes de cheminement de prière des Exercices spirituels de St-Ignace. Un scénario précis, rédigé par trois jésuites, est le point de départ. Cette maquette à l’échelle 1:20 nous permet alors de voir la force et la cohérence de la proposition de Patrick Rimoux.

Devant l’ampleur du projet, et n’ayant pas encore commencé la campagne de mécénat, une décision est prise de procéder par étape : 6 fenêtres seront d’abord réalisées et installées d’ici septembre 2017, puis une nouvelle décision devra être prise pour continuer, ou non, en fonction des réactions suscitées par cette œuvre et selon l’état de la campagne de mécénat.

Entendant des réactions encourageantes, mais pas totalement acquises, la commission se remet à travailler avec des consignes claires pour faire murir le projet : simplifier le scénario de la commande et simplifier l’œuvre pour qu’elle trouve sa place plus facilement dans l’église St-Ignace. La vocation de cette œuvre est confirmée : être une aide pour rentrer dans la prière pour les fidèles actuels et les générations à venir. Cette nouvelle étape de travail nous rappelle que faire simple nécessite beaucoup d’effort ! Nous nous concentrons sur les 6 fenêtres au Nord, sous l’orgue.

Nous demandons à Patrick Rimoux de partir du Principe et Fondement, texte d’introduction aux Exercices spirituels. Le scénario tient désormais en quelques lignes :

Ces six fenêtres seront un porche, autant pour entrer dans l'église que pour sortir sur le monde. Chacun est invité à se mettre en marche, avec les croyants qui l’ont précédé, en s’appuyant sur une confiance : Dieu est déjà là, et notre relation avec Lui sera tissée par la louange. 3 mots seront visibles : louer, respecter, servir pour rappeler la première phrase du texte du Principe et Fondement

L’image du semeur sorti pour semer (dans la parabole de l’évangile de Luc au chapitre 8) émerge et nous aide à exprimer ce qui se joue dans ce fameux texte : le Dieu créateur est toujours là pour nous faire grandir.

Le scénario désormais réduit, Patrick Rimoux nous dévoile peu à peu les techniques qu’il a choisies : chaque fenêtre est éclairée par un bandeau de LED placé sur le rebord inférieur. On peut contrôler ces LED pour en modifier la couleur et l’intensité. La lumière sera comme celle de la lumière ambiante naturelle par exemple, plus puissante à midi, plus chaude le soir. Puis devant ces fenêtres, les panneaux de verre seront installés. L’artiste travaille par ajouts techniques successifs : pour chaque fenêtre, le panneau de 3x1m est découpé pour obtenir quatre éléments. L’interstice entre chaque panneau dessine donc des lignes sinueuses sur l’ensemble du triforium, assurant un rythme et une unité d’ensemble.  Ces panneaux sont constitués de deux plaques de verre emprisonnant un film opalescent, support des éléments de couleur. Patrick Rimoux utilise principalement des pastels secs pour obtenir des éléments graphiques expressifs. Les deux plaques et le film sont enfin assemblés par un procédé chimique lui assurant une très grande résistance dans le temps. Finalement, sur ces panneaux de verre, une étape de sablage vient dessiner quelques éléments absorbant la lumière et jouer sur la réflexion du verre.

Chaque panneau de verre demande donc une série d’interventions (découpe, dessin sur le film, assemblage du film et des verres, sablage). Ces actions successives viennent enrichir l’œuvre pour lui donner une certaine richesse et profondeur.

Cet article a pu montrer la palette des moyens choisis par Patrick Rimoux. Dans ce projet, la technique a une place très importante : par exemple, le contrôle de la technologie des LED, les interventions délicates sur le verre fragile, le choix des matériaux  de couleurs adéquats et pérennes ne sont pas des opérations évidentes. Mais ce ne sont que des moyens, au service d’une création expressive. C’est l’assemblage complet qui formera une œuvre pleine de sens, et il ne sera visible qu’une fois installé dans l’église, à la mi-juillet. La capacité de Patrick Rimoux de croiser un grand nombre d’éléments techniques et de tenter des mises en œuvre nouvelles reste avant tout au service des personnes poussant les portes de l’église St-Ignace.  Afin de s’assurer que l’œuvre serve bien le projet d’une aide à la prière, les rencontres de notre commission ont été des moments de dialogue importants. Le prochain article reviendra sur la manière dont Patrick Rimoux a interprété notre scénario. Comment exprimer que le Dieu créateur est toujours là pour nous faire grandir ?

- Jean Berger, s.j.

Scolastique jésuite, étudiant en philosophie et théologie

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