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Du Cantique des Cantiques à la Nuit obscure de Jean de la Croix, la structure (I/II)

Publié le : 7 Mai 2013
Avec ce nouveau billet, Martine Petrini-Poli nous montre quelle inspiration a provoqué le Cantique des Cantiques chez Jean de la Croix.

Gustave MOREAU, Cantique des Cantiques -1853- Huile sur toile, 300X319 cm, Musée des Beaux-Arts de Dijon.
 

« Les gardes m’ont rencontrée,
Ceux qui font la ronde dans la Ville.
Ils m’ont frappée, ils m’ont blessée,
Ils m’ont enlevée mon manteau,
Ceux qui gardent les remparts.
» Cantique des Cantiques, 5, 7

 

Le Cantique des Cantiques inspire depuis deux millénaires artistes et compositeurs de Monteverdi à Britten. La mode orientaliste traverse tout le XIXème siècle et le peintre Gustave Moreau voit dans la Sulamite dévoilée un beau motif pictural. Cependant il faut revenir à la lecture même de ce texte biblique avant de nous plonger dans les poèmes de Jean de la Croix, le Cantique spirituel et la Nuit obscure.

On est en effet frappé à la lecture de cette œuvre poétique espagnole à la fois par la similitude de ton et de structure avec le Cantique des Cantiques et par la créativité artistique. Le poète s’inscrit dans cette grande tradition chrétienne de la Bible et de la patristique (Origène, Grégoire de Nysse), tout en composant une œuvre originale dans une épuration progressive du texte biblique.

 

Quelle est la structure du Cantique des Cantiques ?

Le Cantique des Cantiques est un écrit de l’Ancien Testament, classé dans la Bible de Jérusalem parmi les Livres poétiques et sapientiaux. C’est un poème d’amour, organisé en  chants, sur 117 versets, sous forme de dialogue entre un homme et une femme, l’Epoux et l’Epouse. Dès sa parution, aux alentours de -450-430, au-delà du sens profane, on a discerné un sens allégorique. Les rabbins juifs y ont vu l’amour de Dieu pour Israël. La patristique chrétienne l’interprètera comme les noces mystiques du Christ et de l’Eglise, ou  de l’âme fidèle. La structure du Cantique des Cantiques se résume par la sortie de l’Epouse en quête de l’Ami, son attente angoissée de la rencontre, puis le dialogue amoureux des fiançailles et l’union finale. Voici la composition:

Dans le prologue, l’Epouse trace le portrait de l’Epoux:

« Qu’il me baise des baisers de sa bouche. Tes amours sont délicieuse plus que le vin… »

Ce verset est inscrit sur le châssis du tableau du préraphaélite.

 

Gabriel ROSSETTI, Le bien-aimé -1865-1866-, Huile sur toile, 82,5X76,2 cm, Tate Britain, Londres


Puis au 1er poème, la rencontre a lieu en présence du Chœur : « Je suis noire et pourtant belle, filles de Jérusalem… ». Au  second poème, les Epoux dialoguent alors en écho : « Que tu es belle, ma bien-aimée…
             Que tu es beau, mon bien-aimé…
»


La visite rêvée se déroule dans un décor printanier : « J’entends mon bien-aimé… et les vignes en fleur exhalent leur parfum»
Puis la quête nocturne dévoile les angoisses: « Avez-vous vu celui que mon cœur aime ? »

Mais soudain, au 3ème poème, le roi arrive : « Qu’est-ce là qui monte du désert ? »
L’Epoux reprend et développe l’éloge de l’Aimée, blasonnant les éléments du corps féminin (yeux, dents, lèvres, cou, seins):
« Que tu es belle, ma bien-aimée, que tu es belle !...
Tes deux seins, deux faons, jumeaux d’une gazelle, qui paissent parmi les lys.
»

Cependant, le 4ème poème exprime toute la souffrance d’amour de l’Epouse, car le Bien Aimé se laisse entrevoir, puis s’éloigne : « Je dors, mais mon cœur veille… Je l’ai cherché, mais ne l’ai point trouvé, je l’ai appelé, mais il n’a pas répondu ! »


En réponse au Chœur, l’Epouse fait, à son tour, l’éloge de l’Aimé :
- « Qu’a donc ton bien-aimé de plus que les autres ? »
- « Ses discours sont la suavité même,
             Et tout en lui n’est que charme.
»

 

Le 5ème poème est  le chant de célébration de l’Epouse par l’Epoux :
« Tu es belle, mon amie, comme Tirça… »
Après le cantique du désir de l’Epouse et de l’Epoux, a lieu l’union symbolique :


- L’Epoux : « Je ne sais, mais mon désir m’a jeté
                     Sur les chars de mon peuple, en prince…
»


- Le Chœur : « Reviens, reviens, Sulamite,
                     Reviens, reviens, que nous te regardions !
»


       -    L’Epouse : « Je suis à mon Bien Aimé,
                               Et vers moi se porte son désir…
                               Viens, mon bien-aimé, allons aux champs !
                               Nous passerons la nuit dans les villages,
                               Dès le matin nous irons aux vignobles…
                               Alors je te ferai le don de mes amours

 

Au dénouement le Chœur questionne :
        -    « Qui est celle-ci qui monte du désert,
                Appuyée sur son Bien Aimé ?
»


L’amour de l’Epoux pour l’Epouse reste à jamais scellé comme «un sceau, un trait de feu » :
-  « Pose-moi comme un sceau sur ton cœur,
      Comme un sceau sur ton bras.
      Car l’amour est fort comme la Mort…
»

 

Gustave MOREAU, Cantique des Cantiques, La Sulamite  -1893- aquarelle, 38,7X 31,9 cm, Ohara Museum of Art, Japon.
 

Martine Petrini-Poli

07 Mai 2013

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Martine Petrini-Poli

Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

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