Le Concile Vatican II et l'expérience de Koinè Recherche

Koinè a été fondée en 1988 grâce au soutien du parc des expositions et du Diocèse de Vicence. L’idée comblait un vide en Italie et en Europe dans le panorama des expositions et de la formation et a trouvé, dès sa première édition (1989), une collaboration et un soutien constants des bureaux du Secrétariat Général, de l’office national des biens culturels ecclésiastiques et du service national pour les nouvelles constructions pour le culte de la Conférence des Evêques d’Italie.

Le Concile Vatican II avait mis en évidence l’exigence d’objets, d’ameublement, de parements et de matériel religieux en harmonie avec le monde contemporain ; Koinè fut une réponse à cette exigence et une opportunité de collaboration, d’échange, d’information entre les architectes, les institutions ecclésiastiques et les producteurs fournisseurs de l’Eglise.

Aujourd’hui Koinè est devenu un rendez-vous national et international incontournable pour tous ceux qui s’intéressent au vaste secteur des arts et de l’artisanat pour la liturgie et pour le culte : professionnels de la filière de distribution, communautés paroissiales, religieux…

Nanni Strada, Chasuble © Conférence Service

Un monde productif voit le jour

Pour établir un rapport efficace avec le monde de la production, il fallait un projet capable de le mettre en évidence et en valeur dans toute sa complexité. Koinè a rendu visible un vaste et multiforme monde productif de prestige doté de trois caractères particuliers: en premier lieu, une réalité productive entièrement autonome et assujettie aux lois du marché et non à l’Eglise catholique, même si très près de la vie religieuse des fidèles. En second lieu, un enracinement dans diverses régions d’Italie et dans les traditions artisanales du terroir. Enfin, une réalité qui s’est maintenue peu apparente et éparpillée, très divisée et non structurée; du moderne à peu près inconnu au point de vue quantitatif. Une réalité nébuleuse aux confins vaguement définis, oscillant entre les ateliers d’artisans et les petites entreprises, avec un pied dans la culture pré-moderne et l’autre dans la contemporanéité non sans intentions artistiques ; dans sa globalité méconnue par le grand publique et incapable de s’y reconnaître.

Grace à Koinè cette réalité productive émerge graduellement et prend conscience de soi.

Pino Pedano, cathèdre ©Conference Service

Dans la section commerciale on peut admirer la production italienne à laquelle s’ajoute la production des autres pays : aujourd’hui, qui visite le Salon, peut y trouver les icônes et les encens de la Grèce, les parements de Belgique, les orgues allemands, les passementeries françaises…

Koinè Recherche et le message du Concile

Au point de vue culturel Koinè, avec le département Recherche animé par un Comité Scientifique multidisciplinaire composé de religieux et de laïcs, a pour but de diffuser minutieusement le message innovateur du Concile Vatican II aux fournisseurs de l’Eglise et aux professionnels dans l’art et l’architecture pour la liturgie. En particulier Koinè Recherche s’est proposé d’aider ces secteurs productifs et créatifs à s’ouvrir aux langages de la contemporanéité selon la Constitution pastorale sur l'Église dans le monde de ce temps – Gaudium et Spes et de l’autre s’est engagé avec ténacité à les orienter vers la liturgie comme le décrit la Constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium. Le but déclaré était de promouvoir graduellement la qualité de la production, considérée dans ses points de force et ses faiblesses, en évitant soigneusement les critiques stériles.

Afra e Tobia Scarpa, calice ©Conference Service

Comme on peut le constater, Koinè a un double profil qui met côte à côte, en confrontation – et souvent en dialogue – un produit tendant à être plutôt répétitif et à perdre de vue ses hautes motivations, avec la recherche qui de sont coté risque de se renfermer dans le domaine pastoral ou académique.

Les expositions monographiques

Le département Koinè Recherche a organisé de nombreuses expositions et concours sur des thèmes comme les ornements textiles, les vases sacrés, le tabernacle, le cierge pascal, la porte d’entrée de l’église, le mobilier liturgique, auxquelles ont participé des architectes et designer comme Angelo Mangiarotti, Afra et Tobia Scarpa, Ugo La Pietra et célébrités de la mode comme Laura Biagiotti, Fendi ou les Sorelle Fontana. Pour chaque sujet, ont été publiées des notes pour la conception et le design mises à disposition des intéressés. Grace à ces initiatives on a essayé, et souvent réussi, à réveiller l’attention des architectes, des designers, des artistes, des créatifs, ainsi que des écoles professionnelles, sur les grands thèmes de la liturgie devenus presque inconnus après des années de silence.

On a pris conscience de la transition du monde artisanal vers une production en petite et moyenne série. On a pris conscience des grandes possibilités encore inexplorées du design industriel, liant qualité du projet, des matériaux et des techniques industrielles à des prix contenus.

Ugo La Pietra, Vases sacrés ©Conference Service

En général, la réaction a été étonnamment vivace et positive, même s’il est évident qu’elle devra se développer davantage avec le temps. Les résultats très prometteurs laissent pressentir les effets positifs que la nouvelle collaboration entre le monde productif et le monde créatif pourra exercer notamment pour la liturgie.

Les exposants italiens et étrangers ont eu la possibilité d’admirer les propositions présentées pendant les expositions et d’en faire trésor. Un monde qui semblait figé est à nouveau florissant.

Les journées d’études

Le Salon a abrité une série de « journées d’études » intenses, de débats sur des thèmes sectoriels à la fois théoriques et pratiques dans le but d’offrir aux producteurs et visiteurs une opportunité de formation qualifiée et accessible.

Koinè Recherche, grâce à ses « journées d’études » a permis aux professionnels de rencontrer des experts prestigieux et d’analyser les meilleures pratiques dans le domaine de l’architecture et du design liturgiques.

Angelo Mangiarotti, banc ©Conference Service

Au centre de la discussion les thèmes tels que: les nouvelles églises, l’adaptation liturgique, la sécurité, les installations techniques, l’éclairage, l’acoustique des églises, l’inventaire et la mise en valeur des biens culturels ecclésiastiques.

Pour faire face à la demande croissante du monde professionnel, depuis quelques années on a créé en Italie des cours de formation de haut niveau: les cours organisés par les bureaux de la CEI, les maitrises de design de Rome et de Trente, les cours de haute formation de Bologne et de Naples, les conférences annuelles à Venise et à Bose. A travers un lien constant avec ces autres initiatives italiennes, Koinè vise à continuer ce parcours et à donner sa contribution spécifique.

Monseigneur Giancarlo Santi

Monseigneur Giancarlo Santi, architecte, président de l’Association des musées ecclésiastiques italiens (AMEI), déjà directeur du bureau national biens culturels ecclésiastiques CEI.