Jour 16 : Une adoration des Bergers dans un livre d'heures du XVe siècle
Publié le : 16 Décembre 2018
La Vierge est à demi-assise dans un vrai lit, dans de bons draps recouvert d'une couverture rouge frappée de motifs d'or, et ce lit semble trouver place dans la chambre d'un château ou d'une chapelle médiévale au style gothique, sous un riche dais, un ciel de lit rouge et or. Mais, curieusement, on a introduit ici deux animaux, l'âne et le bœuf, et on a dressé une palissade d'osier tressé pour que cela ressemble à une pauvre étable de campagne.
Personne ne s'y trompe, et la Vierge aux cheveux longs est habillée d'une robe bleue bien ajustée à ses formes, bien cintrée à la taille ; elle montre à l'Enfant le Livre, celui qu'il lui reste à accomplir, mais dont ils connaissent tous les deux les lignes ; c'est d'ailleurs un livre où, en palimpseste, se déchiffre l'Ancien Testament et ses préfigurations du temps à venir.
L'Enfant a beau être nu, il est déjà très averti de cela, et il désigne à sa mère les bergers venus l'adorer, et que l'étoile envoyé par son Père a guidé jusqu'à eux ; et il les bénit, d'un geste assuré.
Ce sont des bergers, mais bien vêtus d'une robe longue et d'une chape qui réchauffe leurs épaules ; leurs cheveux sont coupés à la mode du temps, raie médiane, nuque dégagée. L'un d'eux n'a pas quitté sa serfouette.
Saint Joseph porte un costume assez identique, mais sa tête chenue est recouverte d'un capuchon. Sa canne en T et sa barbe grise en pointe ne le rajeunissent vraiment pas, et il est un peu ailleurs, regardant le bœuf qu'il caresse distraitement.
(commentaires de Jean-Yves Cordier)