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Au seuil du sacré, la porte de l'église Sainte-Barbe du Vieux-Caire

Publié le : 3 Mai 2017
Extrait de l'article paru dans la revue Codex.

Les portes détiennent un rôle déterminant dans la fonction des édifices religieux. Point de contact entre l’intérieur et l’extérieur de l’église, les portes sont le véritable symbole de la séparation d’avec le monde profane. La porte de l’église Sainte-Barbe (Sitt Barbāra) du Vieux-Caire est en ce sens un exemple exceptionnel conservé dans ce quartier du fait de son ancienneté et de sa préservation.

Dans son bulletin publié en 1922, le Comité de conservation des monuments de l’art arabe, alors en charge des monuments égyptiens coptes et islamiques, mentionne la découverte, durant les travaux effectués dans l’église Sainte-Barbe, qu’Achille Patricolo, architecte en chef du Comité, considère « comme la plus intéressante ». « Pendant les travaux de réparation des jambages endommagés de la porte centrale de la façade ouest, en démolissant la maçonnerie qui la bouchait, sont venus au jour les restes remarquables des vantaux d’une porte en bois sculpté. Ces deux vantaux se présentaient mutilés d’ancienne date. Les traverses hautes avaient été sensiblement réduites en largeur ; plus du quart des parties inférieures manquait et ce qui en restait était rongé et pourri à cause de l’humidité ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

les 2 vantaux de la porte de l'église Sainte-Barbe du Vieux-Caire, aux environs du VIIe siècle © musée Copte du Caire

Vraisemblablement et comme montrés sur les archives photographiques de 1918, les vantaux avec les scènes figuratives étaient à l’extérieur tandis que les revers au décor ornemental composé de rinceaux de vignes, en référence à l’eucharistie, étaient à l’intérieur. Les revers extérieurs des vantaux présentent un décor particulièrement exceptionnel pour des scènes issues de l’iconographie chrétienne. En partie supérieure, la représentation d’un buste du Christ bénissant et figuré dans un clipeus soutenu par des anges en vol se retrouve aisément en Égypte sur des supports peints ou sculptés découverts lors des fouilles du monastère de Baouît (Moyenne Égypte) et conservés au Musée copte et au musée du Louvre […]

Les portes détiennent un rôle déterminant dans la fonction des édifices religieux. Point de contact entre l’intérieur et l’extérieur de l’église, les portes sont le véritable symbole de la séparation d’avec le monde profane.

Les fouilles du Vieux-Caire réalisées à la fin des années 1990 et dirigées par Peter Sheehan ont permis d’estimer que la construction de l’église n’a pas pu être antérieure au VIIe siècle. Si la présente porte fut bien construite pour l’église Sainte-Barbe, il en va de même pour sa datation. Aujourd’hui exposée dans les collections permanentes du Musée copte du Caire (M. C. 738), cette porte est l’une des plus anciennes que nous connaissons pour un édifice chrétien en Égypte. La porte avait sans doute été murée en un temps où les lois égyptiennes avaient imposé aux églises des façades sans ostentation. La partie inférieure des vantaux, rongée par l’humidité, a disparu. Les manques ont été restaurés lors de son arrivée au Musée copte. Son état de conservation est aujourd’hui stabilisé.

La qualité d’exécution des bas-reliefs en bois de sycomore et de pin de cette porte avait valu très tôt son admiration. Le premier directeur du Musée copte du Caire, Marcus Simaïka Pacha, avait d’ailleurs assisté à sa découverte dans la structure du mur de l’église. Lors des travaux d’extension du Musée copte, ce dernier fit élever un bâtiment inspiré de la façade de la mosquée fatimide d’al-Aqmar (XIIe siècle). Cette architecture ancienne s’inscrivait pour lui comme le témoignage de l’architecture religieuse copte disparue. Mais selon cette volonté de réaffirmation d’une identité copte depuis la seconde moitié du XIXe siècle, Simaïka Pacha donna des accents chrétiens à cette façade en la dotant d’un linteau central inspiré du Christ bénissant soutenu par deux anges issu de la porte de Sainte-Barbe, œuvre majeure des collections du Musée copte.

 

Julien Auber de Lapierre

Doctorant en histoire de l’art, École pratique des hautes études
Chargé de cours, École du Louvre

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