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Le Récit du Pèlerin, autobiographie d’Ignace de Loyola, Chapitre VII Jérusalem ou Rome

Publié le : 8 Octobre 2015
Nous abordons le dernier chapitre du Récit du Pèlerin, les années 1535 à 1538. Ignace de Loyola laisse le lecteur au seuil de la fondation de la Compagnie de Jésus en 1540.

1/ Retour au pays (avril-octobre 1535)

« Cela fait, il monta sur un petit cheval que les compagnons lui avaient acheté, et s’en fut seul vers sa patrie. En route, il se porta beaucoup mieux ». Il prend pour des brigands armés les serviteurs de son frère venus à sa rencontre. Mais il préfère l’hôpital et la mendicité au logement offert par son frère, il emploie son temps à prêcher et fait rétablir les bonnes mœurs par le gouverneur (répression du jeu, du concubinage, aide aux pauvres). Remis d’une grave maladie, il se rend dans la ville natale de ses compagnons, puis il s’embarque pour Gênes malgré les menaces des galères du corsaire Barberousse et essuie une tempête. Chef de l’escadre de Soliman II, Barberousse venait d’être délogé de Tunis par Charles-Quint.

2/ Attente en Vénétie

A Gênes, il prend le chemin de Bologne, perd sa route, longe un ravin au péril de sa vie. « Ce fut la plus grande fatigue et le plus grand effort physique qu’il connut jamais ». En arrivant à  Bologne, il tombe d’un pont de bois, mendie, couvert de boue, puis il gagne Venise. Là, il se consacre à donner les Exercices Spirituels à des personnes en vue, dont certains mettent en doute sa doctrine, puis en reconnaissent le bien-fondé.

« Les neuf compagnons arrivèrent à Venise au début de 1537 ». Ils servent quelques mois dans des hôpitaux, puis se rendent à Rome pour recevoir la bénédiction du pape pour le voyage à Jérusalem. Ignace ne peut les accompagner, retenu à Venise par l’ancien régent du Collège de Montaigu, Pierre Ortiz. Les compagnons retournent donc à Venise et se font ordonner prêtres.  « En cette année-là, il n’y eut pas de passage pour le Levant, les Vénitiens ayant rompu avec les Turcs ».

L’emblème des Jésuites est formé du soleil irradié de la Résurrection qui encercle le monogramme du Christ en latin « Iesus Hominum Salvator » (Jésus Sauveur des Hommes) surmonté d’une petite croix et accompagné des trois clous de la Passion.

Ils décident donc, comme ils l’avaient convenu, d’attendre un an à Venise. Pendant ce séjour, Ignace passe quarante jours à Vicence avec Favre et Lainez à prier, puis ils se mettent à prêcher. « Durant son séjour à Vicence, au rebours de ce qui s’était passé à Paris, le Pèlerin eut beaucoup de visions spirituelles, des consolations nombreuses et presque continuelles. Durant tous ses voyages, et surtout à Venise, lorsqu’il s’apprêtait à recevoir l’ordination sacerdotale et qu’il se préparait à dire la messe, il reçut de grandes visites surnaturelles, semblables à celles qu’il avait eues habituellement à Manrèse ». Ignace reçoit la prêtrise le 24 juin 1537. Comme il rendait visite à l’un de ses compagnons près de mourir, il a l’intuition divine que celui-ci va guérir. Puis c’est au tour de tous les dix de se rendre à Vicence, où ils restent un certain temps.

3/ « Je vous serai propice à Rome »

Ils repartent tous ensemble à Rome, cette fois avec Ignace. « Pendant le voyage, il fut très spécialement visité de Dieu ». Avant d’entrer dans Rome, il éprouve le sentiment indicible que « Dieu le Père le mettait avec son Fils ». C’est la vision de la Storta, du nom du carrefour où elle se produisit, expérience ineffable d’union à la Sainte Trinité et de communion d’âme et de corps au Christ crucifié.

Juan Valdès Leal (1622-1690), Apparition du Christ à Saint Ignace sur le chemin de Rome, Huile sur toile

Sur ce tableau, à droite, le Sauveur porte sa croix, à gauche, Saint Ignace vêtu de son Ordre, agenouillé, étend les bras vers la croix. Bien des années plus tard, vingt ans après cette vision, son compagnon Lainez en donne ce témoignage :

« Comme nous étions en chemin sur la route de Sienne à Rome, il arriva que notre père ressentit beaucoup de consolation spirituelle, surtout dans la Sainte Eucharistie ; il recevait celle-ci quotidiennement par le ministère de maître Favre ou par le mien qui célébrions chaque jour la messe, ce qu’il ne faisait pas. Il me dit alors qu’il lui semblait que Dieu le Père avait gravé dans son cœur ces mots : « Je vous serai propice à Rome ». Comme notre père ne savait pas le sens de ces mots, il observa : « Je ne sais ce qui nous arrivera. Peut-être serons-nous crucifiés à Rome ». Puis, une autre fois, il me dit qu’il lui avait semblé voir le Christ chargé de sa croix et, à côté de lui, le Père qui disait : « Je veux que tu le prennes pour compagnon ». Et Jésus accueillit la demande et dit : « Je veux que tu nous serves ». Ce qui lui donna tant de dévotion au Nom de Jésus qu’il voulut nommer son groupe Compagnie de Jésus ».

 

 

L’emblème des Jésuites est formé du soleil irradié de la Résurrection qui encercle le monogramme du Christ en latin « Iesus Hominum Salvator » (Jésus Sauveur des Hommes) surmonté d’une petite croix et accompagné des trois clous de la Passion.
Ignace subit encore toutes sortes de persécutions et de calomnies. Cependant le pape, rentré à Rome, après avoir négocié un rapprochement entre Charles-Quint et François Ier, prononce le 15 novembre 1538 une sentence en sa faveur. « Maître Nadal pourra raconter le reste », c’est ainsi que se termine le Récit du Pèlerin, juste suivi des « Dernières confidences ».

Martine Petrini-Poli

gaspard
gaspard a écrit :
16/11/2016 10:26

Merci pour votre blog si intéressant! Mais je n'arrive à comprendre cette phrase: ''...expérience ineffable d’union à la Sainte Trinité et de communion d’âme et de corps au Christ crucifié.'' comment Ignace a-t-il fait union à la Sainte Trinité?

Géraldine de Spéville
Géraldine de Spéville a écrit :
18/11/2016 14:20

Bonjour Gaspard, voivi la réponse de notre blogueuse Martine Petrini: Dans sa vision de Manrèse, Ignace de Loyola évoque la Trinité "comme les trois touches d'un clavier". Dans la vision de la Storta, près de Rome, il voit "le Fils chargé de sa croix " et Dieu le Père qui lui demandait "d'être son compagnon". Entre ces deux visions, il reçoit le sacrement de l'ordination avec l'imposition des mains de l'évêque et le chant d'action de grâce qui appelle l'Esprit-Saint. Il a donc reçu le ministère apostolique qui s'opère par l'union à l'Esprit-Saint. C'est pourquoi, je me suis permis de parler "d'expérience ineffable d'union à la Sainte Trinité". Quant à la "communion d'âme et de corps au Christ crucifié", elle est cette identification au Christ pleinement réalisée dans la consécration du Pain et du Vin, Corps Glorifié du Christ ressuscité.
Il se trouve qu'un article sur Hildegard von Bingen, a été publié jeudi 17 novembre 2016, qui porte sur la Trinité et permet d'approfondir le plus grand mystère du Christianisme.

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Martine Petrini-Poli

Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

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