A Pissos (40), une Nuit des églises pas comme les autres... (2/3)
Publié le : 12 Mai 2015
Pour ce deuxième volet, la parole est à Catherine Lippinois, artiste invitée sur le spectacle "Poètes et béguines, femmes de réponse".
L'artiste habille la chanteuse et la danseuse de parures inspirées de la nature. Dans la représentation, ces œuvres d'art vivantes s'accordent une place à la fois silencieuse et éloquente, pour exprimer d'une autre façon, sans paroles, la force spirituelle des béguines.
En quoi consiste votre travail artistique et sur quels supports prend-il forme ?
Mon travail artistique consiste à regarder les cycles de la vie, à tenter de renouer des liens avec la Terre. Nous avons créé une quantité monstrueuse d’objets depuis deux siècles ; à partir de cette constatation j’utilise des matériaux de récupération. Mon matériau privilégié est le drap de lit de coton ou de lin, blanc ou écru, usagé, usé, ce drap qui nous suit de notre conception à notre disparition. Sur ce drap j’épands ou je frotte du vin, de la terre, de la vase, des feuilles, des pétales …
De plus, ma relation à la terre m’entraine dans des promenades, que ce soit en ville ou dans la nature. J’y collecte les matériaux que je retravaille et j’ai ensuite un long temps de remise en forme de mes collectes. Une fois l’objet réalisé, je lui donne vie, en le portant moi-même, en l’exposant, en le vendant parfois ou en l’offrant. S’il me reste, je l’accompagne jusque dans sa disparition.
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’apporter votre sensibilité d’artiste pour le spectacle « Poètes et béguines » ?
J’ai assisté à un spectacle de Jany. J’ai aimé ce concept « léger » : une chanteuse, une danseuse, et ce choix de l’universalité (elle chante en de nombreuses langues) m’a fortement interpelée.
Les béguines étaient des femmes libres, étonnamment libres même, qui creusaient en quelque sorte leur liberté dans le silence et l’isolement. Certaines ont payé très cher leur liberté… Mes "pectoraux" sont des sortes de parures pour figurer l'invisible, exprimer le non-dit. A ce titre ils trouvaient tout à faire leur place dans la thématique des béguines.
Que vous inspire la Nuit des églises concernant ce spectacle et votre contribution, et quoi consiste celle-ci ?
Ce qui m’intéresse dans la Nuit des églises est d’abord que les églises soient ouvertes la nuit. Dans quasiment tous mes rêves où apparaît une église, c’est la nuit. Une église de nuit, peu éclairée est un merveilleux lieu de silence et de méditation. Pas de bruit dehors, le grand silence dedans. Et une voix s’élève, un geste épuré…
Je souhaite que mes œuvres, dans leur simplicité accompagnent cette voix et ce geste, qu’ils aident à creuser le silence qui est en nous. Silence universel.
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Mettre une forme autour du vide.
Etre là mais en silence.
Laisser une trace mais discrète.
Choisir les matériaux de la vie.
Matériaux déjà utilisés et abandonnés.
Drap de lit usagé qui conte notre histoire.
Pétales de fleurs et sucs de plantes
Vase du fleuve sable du bord de mer
Pull abandonné tisanes infusées...
Traces de terre et signes de vie.
Catherine Lippinois.
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Pour toutes les informations sur l'artiste, rendez-vous sur le site internet de Catherine Lippinois.
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Retrouvez les autres volets de cette série :
A Pissos (40), une Nuit des églises pas comme les autres (1/3)
A Pissos (40), une Nuit des églises pas comme les autres (3/3)
Découvrez aussi la carte des églises participantes de la Nuit des églises 2015.