Interview d'un artiste qui exposera une oeuvre originale lors de La Nuit des églises
Publié le : 28 Mai 2014Narthex: Comment avez-vous eu connaissance de La Nuit des églises et qu’est-ce qui vous a donné envie de participer à cet évènement en tant qu’artiste?
Armel Néouze: J’ai connu La Nuit des églises l’année dernière, quand quelqu’un de la paroisse m’a proposé de faire « quelque chose » pour « habiller » la nef.
L’événement à un charme particulier car il permet au visiteur de rencontrer l’espace de l’église dans un cadre « imprévu ». En tant qu’artiste utiliser cet imprévu est un atout majeur pour communiquer son travail. Les visiteurs ont l’œil plus attentif et l'esprit plus éveillé.
Narthex: Vous avez conçu une installation originale pour La Nuit des églises 2013 exposée dans l’église Notre-Dame du Fort d’Etampes : quelles sont les raisons qui vous ont encouragé à réitérer l’expérience cette année?
A.N: Avant tout parce que l’expérience de l’année dernière s’est bien passée et qu’on me l'a tout simplement reproposé. C’est une chance de pouvoir intervenir dans un espace comme celui-là, il s’y passe beaucoup de choses et sur des plans assez différents. Chacun peut rentrer en « résonnance » avec le lieu à un degré qui lui est propre.
Plus simplement, j’habite juste en face de ND du fort. Donc il y a aussi un lien affectif.
Narthex: Votre œuvre est cette année encore conçue spécialement pour cette nuit-là : comment abordez-vous sa conception pour un lieu du patrimoine chrétien dédié au culte ? et comment l’avez-vous pensée pour l’église d’Etampes ?
A.N: Je ne pense pas aborder la création différemment parce que je suis dans une église. Mais la création artistique rencontre facilement la spiritualité. D'ailleurs en forçant le trait, j’ai envie de dire que c’est la même chose. A mon sens, un artiste trouvera toujours une source de dialogue, d’inspiration, ou un écho de son travail avec ce qui se passe dans une église.
Ensuite, dans un espace dédié à la prière, il y a un certains nombres d’aspects, architecturaux et spirituels, qui font qu’on ne peut pas y exposer n’importe quoi. Les églises sont souvent des édifices patrimoniaux d’une grande force plastique, ce ne sont pas des espaces neutres, il y a donc forcément un dialogue à gérer.
Dans le cas de La nuit des églises il y a une ouverture nécessaire pour accepter de voir l’église « parler » dans un cadre différent de la messe.
A Notre-Dame du Fort d'Etampes, l’œuvre « existe » dans un dialogue avec les qualités spatiales de la nef. Elle pourrait éventuellement se trouver dans une nef similaire, mais n’aurait plus de sens ni dehors, ni dans un autre lieu.
Narthex: Quelles ont été vos sources d’inspiration pour cette nouvelle réalisation?
A.N: L’idée m’est venue pendant la soirée de l’année dernière: j’avais proposé un dispositif de colonnes, sorte de vecteurs rappelant la force de la verticalité dans une église mais aussi dans notre stature « debout » en tant qu'êtres humains. J’y ai vu alors une sorte de provocation à l’attraction terrestre. Cela m’a rappelé la maquette que GaudÌ a faite pour l'église de la Colonia Güell : c’est une maquette inversée faites de fil noués et tendus sous l’effet de petits lests.
Son reflet dans le miroir m’a fait comprendre que la cathédrale était happée par une attraction céleste. Bien sur cette attraction par le haut est la principale quête formelle des bâtisseurs de cathédrales. L’idée ici est d’appliquer cette attraction à un corps symbolique auquel on puisse s’identifier, (poétiquement ou spirituellement parlant.)
Ce qui m'intéresse c’est le lien que notre corps entretient avec l’espace qui le contient. La proposition de cette installation est dictée par ce rapport corps/espace. D'abord l'installation à l'intérieur de la nef puis le visiteur à l'intérieur de l'installation. Après la « rencontre » avec le lieu appartient à chacun.
J’ai un peu cherché mais aucun nom ne s’est imposé ou alors ils étaient trop univoques, ce que je n’aime pas trop. Au final il n’y a pas de nom à l’installation mais cela n’a pas d’importance, on ne peut pas mettre des mots sur tout.
Continuez votre lecture en lisant l'interview du Père Gilles Drouin, prêtre de l'église Notre-Dame du Fort qui accueillera l'installation ce soir-là. Il nous a raconté comment s'est passée la collaboration avec ce jeune artiste local!