Aller au contenu. | Aller à la navigation

Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

Bonjour, notre site va bénéficier d’une refonte dans les prochains mois. L’activité de Narthex est actuellement réduite. Nous vous remercions de votre compréhension.

Sur les traces des premiers chrétiens à l'Antiquaille de Lyon

Publié le : 12 Décembre 2018
Lugdunum - Musée et théâtres romains (anciennement musée gallo-romain de Lyon) réalise en partenariat avec l’Association ECCLY (Espace Culturel du Christianisme à Lyon) une exposition temporaire sur le site de l’Antiquaille, ce lieu atypique et chargé d’histoire, dédié à la présentation historique et culturelle du christianisme. "Bonae Memoriae", à voir jusqu’au 3 octobre 2019.

Dans la crypte décorée de mosaïques au XIXe siècle, sont représentés les saints martyrs de la persécution de 177. © ECCLY

Le musée de l’Antiquaille, lieu de mémoire des premiers martyrs chrétiens récemment restauré, dont nous vous avons parlé précédemment sur Narthex, accueille cette exposition à la suite de fouilles archéologiques récentes de sites chrétiens primitifs. Présentant des objets jamais vus provenant pour la plupart des principaux lieux de cultes et nécropoles des premières communautés chrétiennes de Lyon, l’exposition Bonae Memoriae (De bonne mémoire, inscription fréquemment retrouvée sur les épitaphes) retrace l’évolution des pratiques funéraires de l’ ère « païenne » à l’ère chrétienne sur la colline de Fourvière entre l’Antiquité et le Moyen-Age.

Lugdunum, première cité chrétienne de Gaule

La première mention d’une présence chrétienne à Lyon remonte à la fin du IIe siècle. En 177, sous le règne de l’empereur Marc-Aurèle, les chrétiens de Lyon furent frappés par une persécution dont le récit est connu grâce à une lettre adressés par les survivants « à leurs frères d’Asie et de Phrygie ». Parmi les victimes de cette persécution, on compte la célèbre Blandine, ou l’évêque Pothin.

L’église de Lyon apparaît ainsi comme la plus ancienne chrétienté connue de Gaule. L’histoire de cette première communauté reste obscure au cours des deux siècles suivants : on connaît cependant les noms de personnages illustres comme Irénée (130-202), évêque qui succède à Pothin, ou Justus, évêque vers 370.

L’Edit de Milan, par lequel l’empereur Constantin confirme en 313 la liberté des cultes, marque la fin des persécutions dans tout l’empire. Dès la fin du IVe siècle, plusieurs édifices (cathédrale avec son baptistère, basiliques) témoignent de l’essor de la nouvelle religion à Lyon.

Vue de l'exposition "Bonae Memoriae" © ECCLY

Des constructions anciennes mises au jour par l’archéologie

L’exposition rapporte que les édifices chrétiens les plus anciens remontent à la deuxième moitié du IVe siècle : le groupe épiscopal s’implante sur la rive droite de la Saône, au pied de la colline de Fourvière. Il comprenait l’ecclesia, l’église de l’évêque dédiée à saint Étienne, le baptistère et une seconde église, un édifice remarquable décrit au cinquième siècle par Sidoine Apollinaire, et dont quelques traces de l’abside ont été retrouvées sous la cathédrale Saint-Jean dans les années 1970. La création de cet ensemble à l’intérieur de la nouvelle enceinte urbaine, marque l’émergence du pouvoir de l’évêque. À la même époque, apparaissent à la périphérie de la ville plusieurs basiliques édifiées autour de la tombe de saints personnages, martyrs ou confesseurs. Les fidèles y viennent pour prier, assister à des cérémonies et souhaitent après leur mort être enterrés au plus près de leurs reliques. Tout autour de ces édifices développent de grandes nécropole qui resteront des lieux privilégiés de sépulture jusqu’au début du Moyen Âge.

Plusieurs sites sont présentés dans l’exposition : la basilique Saint-Laurent-de-Choulans (fin du Ve siècle) fouillée en 1976 et 1985, ou très récemment mis au jour, la nécropole de la place Eugène Wernert.

   

Deux épitaphes chrétiennes présentées dans l'exposition. © ECCLY

Les pratiques funéraires des premiers chrétiens

À la fin de l’Antiquité, les édifices romains ont été transformés en carrière et leurs matériaux systématiquement remployés. Sur la colline de Fourvière et de la Croix-Rousse, ils ont fourni l’essentiel de la pierre utilisée pour réaliser les sépultures des premiers chrétiens : sarcophages, épitaphes, monuments de surface… Mais également pour construire l’enceinte et les édifices religieux. Les études récentes ont tendance à revaloriser la pratique du remploi : il ne s’agit pas d’une récupération sauvage de pierres sur des ruines mais du démontage soigneux des constructions antérieures et d’une gestion raisonnée des blocs. Cette pratique atteste indirectement l’état d’abandon de la ville haute de Lugdunum à partir du IVe siècle.

Au cours des trois premiers siècles de notre ère, le culte des morts se manifeste par le dépôt de nombreuses objets dans les tombes. On y trouve parfois des objets intimes du défunt, plus souvent des vases à parfums et des lampes liées aux cérémonies de l’inhumation. Certains de ces objets sont présentés dans l’exposition.

Fragments de sarcophages sculptés - à gauche, il s'agit d'un remploi d'un sarcophage à sujet profane, retrouvé dans une tombe chrétienne. A droite, un sarcophage avec une iconographie chrétienne : la multiplication des pains. © Antoine Valois - Inrap

L’évolution des inscriptions funéraires

À Lyon, excepté une épitaphe du début du IVe siècle, les inscriptions funéraires chrétiennes les plus anciennes remontent au Ve siècle. Les monuments en forme d’autel qui étaient la règle à Lyon jusqu’au IIIe siècle ont disparu : l’épitaphe est désormais gravée sur une simple plaque de marbre de remploi. Les formules et les contenus ont changé et traduisent de nouvelles conceptions de l’au-delà, marquées par la croyance en l’immortalité de l’âme et l’espérance d’une résurrection. L’existence terrestre que les épitaphes païennes se plaisaient à rappeler, n’est plus évoqué, sinon pour signaler les vertus du défunt.

Désormais, plus rien ne rattache le défunt au monde matériel, et nous ignorons généralement tout de sa profession, de sa famille, ou des circonstances de sa mort. Si la vie sur Terre n’est plus qu’un passage, le jour de la mort, jamais mentionné sur les épitaphes païennes, est désormais soigneusement noté, selon le système du calendrier romain, car signe d’une nouvelle naissance. Jusqu’au VIe siècle, les dates se réfèrent encore au consul en fonction à Rome, puis, à partir du VIIe siècle, aux règnes des rois francs.

 

Toutes les informations pratiques pour visiter l'exposition en cliquant ici.

Ces articles peuvent aussi vous intéresser
L’Antiquaille : le nouvel Espace Culturel du Christianisme à Lyon
Mots-clés associés :
Recherchez sur le site
Inscrivez-vous à la newsletter