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La tête dans les étoiles : errances immobiles avec Pierre et Gilles

Publié le : 7 Octobre 2020
Pierre et Gilles présentent à la galerie Templon, rue Beaubourg à Paris, dans un espace nouvellement rénové par Jean-Michel Wilmotte, un ensemble d’œuvres réalisées au cours des deux dernières années. Le duo, qui s’est rendu célèbre depuis plus de 40 ans par leurs portraits iconiques entre peinture et photographie, propose une exposition plus introspective et critique que jamais, « Errances immobiles ». Ces fins observateurs de phénomènes de société livrent des toiles douces-amères qui se font l’écho des contradictions de notre époque.

Pierre et Gilles, Jeanne la Rebelle (Juliette Armanet), 2018 @ D.R.

Qui ne connaît ce duo ? Impossible de dissocier Pierre de Gilles, et inversement !

Pierre (Commoy), le photographe vendéen, Gilles (Blanchard), le peintre normand, sont nés respectivement en 1950 et en 1953. Leur rencontre remonte à 1976. Et la première collaboration ne tarde pas à suivre : ce sera pour le magazine underground Façade, des photos tirées de l’objectif de Pierre et retouchées par le pinceau de Gilles. S’ensuivent des portraits pour la série Grimaces, portraits d’amis, puis des commandes d’affiches et de visuels pour des évènements mondains parisiens des années 80. Bien vite, des modèles de plus en plus célèbres consentent à entrer dans l’univers si particulier de Pierre & Gilles : Catherine Deneuve et son ami Yves Saint Laurent côtoient saint Sébastien et d’autres icônes inattendues, dans leur atelier installé aux portes de Paris, au Pré Saint-Gervais, depuis le début des années 90.

Le duo, qualifié de « photographes du kitsch » aux accents résolument « pop », pioche dans de multiples registres pour nourrir son imaginaire, afin d’aboutir à une œuvre à la parfaite maîtrise technique et immédiatement reconnaissable. Pierre et Gilles puisent dans les mythologies antiques, un vivier sans cesse revisité à l’aune de la culture gay des 80’s, poussent jusqu’à des emprunts à l’Asie (l’Inde en particulier) mais s’inspirent aussi du culte catholique (voir ci-après).

Représentés par la galerie Jérôme de Noirmont jusqu’en 2010, puis par la galerie Templon depuis, Pierre et Gilles produisent, éditent, exposent… Jusqu’à l’église Saint-Eustache de Paris (les Halles) en 2009 : une Vierge à l’Enfant remarquée.

En 2019, la Cité de la musique - Philharmonie de Paris consacre à ce duo désormais légendaire une rétrospective insolite, consacrée à l’aspect musical de leurs productions plastiques (pochettes de disques, affiches…).

Gautier Mornas

PIERRE ET GILLES, LA REINE DES OCÉANS  (ADÈLE FARINE), 2020, ŒUVRE UNIQUE, PHOTOGRAPHIE IMPRIMÉE PAR JET D'ENCRE SUR TOILE ET PEINTE, 105,5 X 133,5 CM ©COURTESY TEMPLON, PARIS – BRUSSELS

Pierre et Gilles ont accepté de consacrer un peu de leur temps à narthex.fr à l’occasion de leur nouvelle exposition à la galerie Templon, « Errances immobiles ».

Pierre et Gilles, un style inimitable qui vous fait reconnaître au premier claquement de cils. D’où vous vient cette inspiration d’imagerie religieuse (Black Sebastian Symphony, La pêche miraculeuse, pour cette exposition, et bien d’autres) ? Qu’est-ce qui vous inspire ce mélange des univers ?

Depuis que nous sommes tout petits, nous avons été baignés dans une culture religieuse. Moi (Gilles), j’ai passé mon enfance dans une école catholique, donc j’ai grandi aux côtés d’images de madones et de saints. Ces icônes font partie de mon enfance. Et moi (Pierre), j’ai eu un coup de foudre pour la Vierge Marie lorsque j’étais petit. J’ai toujours aimé les madones, les images de madones. On adore découvrir les représentations d’icônes religieuses à travers l’œil de cultures populaires des pays dans lesquels nous voyageons (cartes postales, icônes peintes sur les murs de la ville). Toutes ces représentations ont beaucoup influencé notre travail.

Avez-vous été marqués par une œuvre chrétienne en particulier qui aurait nourri ou inspiré vos créations ?

Gilles : Quand j’étais petit, j’allais beaucoup au cinéma, et j’ai regardé de nombreux films religieux comme Barabbas (1961) avec Anthony Quinn ou encore Ben Hur (1959) avec Charlton Heston. Dès qu’un film sur la vie de Jésus sortait au cinéma, j’allais le voir. L’histoire de la vie du Christ, cela me fascinait.

Pierre : Le premier film que j’ai vu au cinéma était Les dix commandements, et du coup ça marque, forcement !

Êtes-vous plutôt sainte Thérèse de Lisieux ou saint Sébastien ?

Plutôt les deux ! La première sainte que l’on a représentée en tableau, c’est sainte Thérèse. Elle a été beaucoup montrée au cinéma, et puis c’est une représentation que nous avons retrouvée au sud de l’Inde. Cela nous a beaucoup marqués. Une petite normande représentée à l’autre bout de la terre, cela a été très fort pour moi (Gilles) qui suis de la même région. Saint-Sébastien, nous l’avons aussi vu au sud de l’Inde, une région encore fortement catholique. Nous avons travaillé l’image du Saint-Sébastien de nombreuses fois, à travers les cultures du monde entier, avec des modèles du monde entier, de toutes les couleurs… car Saint-Sébastien a quelque chose qui parle à tous.

Un projet en vue pour une église ? des vitraux ? une icône ? ou autre ? Serait-ce une commande que vous accepteriez ?

Nous avons déjà exposé à l’église Saint-Eustache à Paris, nous y avions montré par exemple la Vierge à l’Enfant. Nous serions intéressés pour exposer nos œuvres dans d’autres églises plus que de répondre à une commande spécifique pour un vitrail ou autre. Nous souhaitons garder le travail artisanal qui est important dans notre œuvre. Mais il y a eu dans l’histoire de nombreux artistes, comme Le Greco par exemple, qui ont montré leur travail dans des églises, c’est une idée intéressante…

Propos recueillis par Gautier Mornas, avec le concours de Camille Desprez.

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