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Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

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« Un minuit que jamais le regard, là, ne trouble » au collège des Bernardins

Publié le : 27 Avril 2017
La nouvelle exposition monographique du collège des Bernardins, est un projet de l’artiste Edgard Sarin intitulé « Un minuit que jamais le regard, là, ne trouble ». Comme à chacune de ses expositions, le collège des Bernardins a distillé ce qu’il fallait d’informations, sans trop en dévoiler et sans photographies, pour piquer la curiosité du public. Narthex s’est rendu sur place pour expérimenter cette nouvelle exposition, et vous propose quelques clés de compréhension dans cet article, sans trahir l’effet de surprise !

La visite de l’exposition dans l’ancienne sacristie du collège des Bernardins se fait accompagnée d'un petit livret, nécessaire à la compréhension du concept de cette nouvelle exposition étonnante. Il est expliqué au visiteur que celle-ci propose une expérience singulière qui perturbe la conception habituelle du temps et de l’espace de l’exposition. Les seize semaines d’occupation de la sacristie vont donner à voir seize expositions différentes, ou plutôt seize évolutions d’un même espace clos contenant un certain nombre d’objets. Pour y parvenir, l’artiste Edgard Sarin convoque chaque semaine à heure fixe un « échantillon » de population. Ce groupe de personnes, selon un protocole secret, accomplit un certain nombre d’actions sur le lieu et sur les objets présents.

Vues de l'exposition "un minuit que jamais le regard, là, ne trouble"

 

Le visiteur bien sûr, n’assiste pas à ces réunions à huis clos, il ne peut que constater, d’une semaine à l’autre, les changements et évolutions apportées et essayer d’en comprendre le cheminement. Edgar Sarin bouleverse le premier des codes d’une exposition, qui est faite, en principe, pour être vue une seule et unique fois par le visiteur.

A l’heure où la programmation culturelle est extrêmement riche et en particulier dans une grande ville comme Paris, et où de voir plusieurs fois une même exposition est en quelque sorte un sacrifice de temps non négligeable, cet artiste fait le pari d’inviter les visiteurs à revenir plusieurs fois, jusqu’à seize fois, en leur promettant une nouvelle découverte à chaque visite. L’intelligence du procédé réside dans la fiche cartonnée distribuée à l’entrée, imprimée de 16 cases qui seront soigneusement tamponnées à chaque passage ; entre la carte de fidélité et la chasse au trésor, ce « passeport » ne peut que motiver encore plus notre curiosité et notre soif d’aventure !

Fiche de présence de l'exposition, tamponnée en Semaine 4


L’esthétique de l’exposition « Un minuit que jamais le regard, là, ne trouble » réside davantage dans la puissance poétique de la suggestion que dans un procédé classique d’œuvres plastiques qui seraient simplement proposées au regard du spectateur. Quelques dessins et sculptures, mais essentiellement des objets du quotidien et des matériaux primitifs sont les acteurs principaux de cette pièce de théâtre invisible qui se joue chaque semaine. De fait, le visiteur ne peut que constater le résultat du processus de modification de l’espace et du déplacement des objets, sans ne jamais en voir le groupe de personnes qui l’exécutent (qui sont en réalité les véritables acteurs de la pièce) ; pourrait-on y voir une interprétation de l’allégorie de la caverne de Platon ? 


« Un minuit que jamais le regard, là, ne trouble » est une exposition à voir et revoir avec la promesse d’une nouvelle découverte à chaque passage. C’est une quête philosophique et poétique d’un acte invisible que l’on accepte sans mal habituellement (rarement nous voyons en effet les mouvements de l’artiste en son atelier quand nous contemplons une œuvre plastique) mais qui ici nous interroge jusqu’à l’obsession, puisqu’elle est l’essence même de l’œuvre : « que s’est-il donc passé ? »*

 

Toutes les informations pratiques sur l’exposition se retrouvent dans notre rubrique Agenda en cliquant sur ce lien.


- La rédaction de Narthex

 

* Alain Cugno, co-directeur du Séminaire esthétique et théologie du collège des Bernardins, dans l’introduction du livret d’accompagnement de l’exposition.

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