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Lieux saints partagés, lumière sur les coexistences religieuses au MNHI

Publié le : 26 Octobre 2017
Après avoir été présentée au Mucem (Marseille) en 2015 et au musée du Bardo (Tunis) en 2016, l’exposition itinérante « Lieux saints partagés » est arrivée au musée national de l’Histoire de l’Immigration (MNHI) à Paris. A chaque fois remaniée, elle élargit cette fois son propos à l’ensemble de l’Europe, dans une approche anthropologique de ces lieux où se côtoient les croyants des trois monothéismes. Jusqu’au 21 janvier 2018.

Le parcours du Mucem en 2015 se concentrait sur le pourtour de la Méditerranée ; pour cette nouvelle installation de l’exposition « Lieux Saints Partagés » à Paris, Dionigi Albera et Manoël Pénicaud, anthropologues et commissaires, ont décidé de traiter cette fois de tout le champ de l’Europe. La scénographie, particulièrement notable, exprime remarquablement bien l’unité de cet ensemble, en même temps qu’elle transporte le visiteur d’un lieu à l’autre sans le perdre en chemin.

(à g.) Maquette de l'église de la Nativité, XVIIe siècle ©Mucem - Christophe Fouin // (en h. à d.) Croix sculptées avec le bois des bateaux de migrants de Lampedusa, 2017 © Manoël Pénicaud - Le Pictorium // (en b. à d.) Ecorce-relique du chêne de Mambré, Hébron, Palestine, 21e siècle, bois de chêne et glands © Mucem - Yves Inchierman

Cohabitation ou partition ?

Juive et musulmane priant dans la synagogue de la Ghriba, Djerba, 2014 © Manoël Pénicaud - Le Pictorium

Inévitablement, le parcours débute avec Jérusalem, ville trois fais sainte, presque « trop » sainte nous dit le commissaire Dionigi Albera, tant le lieu est marqué par la présence des trois monothéismes. La notion de partage, évoquée dans le titre de l’exposition, peut avoir deux sens concomitants : celui de cohabitation et celui de partition. Jérusalem est un exemple de partition de l’espace sans que les croyants des différentes religions ne se croisent : à chaque confession son lieu de prière. C’est aussi le cas du Caveau des Patriarches à Hébron, où l’espace intérieur est divisé physiquement.

A travers chacun des lieux présentés dans l’exposition, de Hébron à Lampedusa, de Marseille à l’île de Büyükada, ces deux versants du partage sont explorés, sans faire l’impasse sur les dissensions parfois tragiques qui existent, mais dans une posture résolument optimiste. La cohabitation pacifique est bien possible, à l’image du monastère orthodoxe de Saint-Georges, sur l’île de Büyükada, qui accueille chaque année un pèlerinage pour la fête du saint, rassemblant des milliers de croyants, principalement musulmans.

Les artisans de paix

L’une des belles découvertes de cette exposition réside dans la présentation de plusieurs figures fédératrices, qui ont œuvré toute leur vie en faveur de la tolérance et du dialogue interreligieux. Louis Massignon, prêtre, professeur au Collège de France et islamologue, a initié en Bretagne un pèlerinage islamo-chrétien en l’honneur des Sept Dormants en 1954, encore vivace aujourd’hui. On découvre aussi Abd el-Kader, militaire, penseur et homme politique, qui écrivit en 1858 « Si les musulmans et les chrétiens me prêtaient l’oreille, je ferais cesser leur divergence : ils seraient devenus, extérieurement et intérieurement, des frères ».

Crypte-dolmen du pèlerinage islamo-chrétien des Sept Dormants en Bretagne, Les Sept-Saints © Manoël Pénicaud / Le Pictorium

D’autres encore, contemporains de notre époque, ont poursuivi ce travail de dépassement des clivages : c’est le cas d’André Chouraqui, fondateur de la Fraternité d’Abraham, ou de Paolo Dall’Uglio, jésuite italien fondateur d’une communauté prônant le dialogue interreligieux dans le monastère ancien de Mar Moussa en Syrie. Leur humanité et leur sensibilité est d’autant plus prégnante quand la scénographie permet de les voir à travers un témoignage vidéo ; c’est le cas par exemple de Nikos Stavroulakis, dernier rabbin de Crète, qui a fondé, dans une synagogue ancienne qu’il a restaurée, un lieu de de culte ouvert aux fidèles de toute confession et aux non-croyants.

Et demain ?

La richesse des témoignages des fidèles, à travers les objets de dévotion, ex voto, bijoux, mais aussi photos et vidéos, donne à l’exposition une dimension émouvante. A la précision du travail de l’anthropologue s’ajoute, de façon volontaire ou non de la part des commissaires, une volonté d’éveiller notre humanité, de bousculer nos préjugés afin de dépasser les clivages idéologiques. Croyants ou non, nous sommes tous amenés à réfléchir sur la notion de cohabitation pacifique. C’est le pari sur l’avenir que représente « House of One » à Berlin, une maison de prière et d’enseignement des trois religieux qui sera construite en 2018.

Maquettes et plans de House of One, Berlin © Kuehn Malvezzi, photo Ulrich Schwarz

Le projet, mis en œuvre par des représentants des communautés chrétienne, juive et musulmane, propose ainsi non plus le partage d'un lieu saint (sanctuaire, lieu de pèlerinage occasionnel) mais celui d'un lieu de culte, dans son usage quotidien par les fidèles. Les "Lieux partagés" sont porteurs d'Espérance pour l'avenir du dialogue et de la paix entre les religions.

Toutes les informations pratiques pour visiter l'exposition en cliquant ici.

 

Catalogue de l'exposition

Coexistences, Lieux saints partagés en Europe et en Méditerranée

Co-édition du Musée national de l’histoire de l’immigration et des Editions Actes Sud

Sous la direction de Dionigi Albera et Manoël Pénicaud, 128 pages, octobre 2017.

Prix : 22 euros

 

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