Aller au contenu. | Aller à la navigation

Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

Bonjour, notre site va bénéficier d’une refonte dans les prochains mois. L’activité de Narthex est actuellement réduite. Nous vous remercions de votre compréhension.

Les fresques de la chapelle du monastère de Mar Moussa en Syrie

Publié le : 13 Octobre 2017
Le blog Chrétiens d'Orient vous emmène en Syrie, à la découverte du monastère de Mar Moussa, sous la plume d'Eglantine Gabaix-Hialé. Celui-ci abrite de somptueuses fresques du XIe et XIIIe siècles, illustrant des scènes bibliques.

Le monastère de Mar Moussa en Syrie

Sur la route improbable qui mène de Nebek, ville syrienne à 80km au nord de Damas, au monastère de Saint Moïse, Deir Mar Moussa en arabe, vous ne verrez qu’une terre écorchée, quelques sacs en plastiques noirs emportés par le vent et des troupeaux de chèvres guidés par des bédouins éternels.

Arrivés au pied du monastère, vous ne pouvez que lever la tête et voir le chemin qui reste à accomplir. Des marches qui n’en finissent pas, se plaisant à contourner la montagne à en épouser les formes. Le monastère est là, planté dans la montagne comme le trône d’un roi, surplombant avec arrogance ce rien qui l’entoure. Vous gravirez les marches une à une, parce que non seulement elles sont nombreuses, mais larges et hautes. A bout de souffle, vous baisserez pour franchir la porte, en un geste millénaire, humble et monacal. Dans la maison de Dieu, on entre en s’inclinant. Soudain plongé dans l’obscurité, tâtonnant pour trouver votre chemin, vous suivrez la lumière pour atteindre la terrasse.

Histoire de Saint Moïse et du monastère.

Moïse l’Abyssin, (Moussa al Habachi), selon le récit tardif était le fils d’un roi d’Ethiopie mais le seul royaume qu’il cherchait à conquérir était celui de Dieu. Il abandonna couronne, honneurs et mariage et partit en Terre Sainte par l’Egypte. Il s’installa ensuite à Qara, dans l’actuelle Syrie, à une dizaine de kilomètre du monastère où il se fit moine. Puis devenu ermite, il élut domicile dans l’une des grottes qui encerclent le monastère. Des grottes naturelles comme si la nature fabriquait à dessein des ermitages pour encourager les vocations. Moïse fut martyrisé par des soldats byzantins. On raconte que sa famille vint récupérer son corps mais que sa main droite se sépara miraculeusement de son bras. Elle fut gardée comme relique, aujourd’hui conservée dans l’église syriaque de Nebek, ville la plus proche du monastère. Moïse, Moussa, devient son Mar, c’est-à-dire, seigneur, saint. Les ermites chrétiens de la région prirent l’habitude de venir prier dans ces grottes et créèrent un petit monastère qui prit le nom du saint : Mar Moussa al Habachi.

D’après les recherches archéologiques, la vie monastique dans ce lieu daterait du milieu du VIe siècle et elle relèverait du rite syriaque antiochien. L’église actuelle du monastère a été construite en 450 de l’Hégire (1058 après J-C) d’après l’inscription que l’on peut lire sur le mur, commençant par ses mots typiquement coraniques : « Au nom de Dieu, le Miséricordieux, le Compatissant ».

LES fresques de la chapelle du MONASTÈRE DE MAR MOUSSA EN SYRIE

Les fresques

En passant la porte de l’église, vous aurez l’étrange sensation d’être épié et entouré de toutes parts. Les murs sont peuplés de personnages aux couleurs vives et chaudes. Fresques parmi les mieux conservées du Moyen-Orient, elles remontent au XIe et XIIIe en trois couches successives. Les dernières restaurations ont permis d’établir la datation de la dernière couche.

« Achevé dans l’année six cent quatre (de l’Hégire, 1208 après Jésus Christ) par la main du décorateur Serge, fils du prêtre Ali, fils du prêtre Barran. Dieu, aie pitié de lui et de tous ceux qui viennent à cet oratoire béni et qu’ils soient guéris. Amen. »

Les couches se superposent avec une étonnante harmonie. Dans la nef de droite, la deuxième couche met en scène la présentation de Jésus au Temple, tandis qu’au-dessus de l’autel, à l’est, la troisième scène offre la scène du Christ Pantocrator entouré des apôtres et tout en haut, l’Annonciation. A travers les lacunes, se devinent les restes de la première couche, récemment reconnue comme la représentation des Quarante Martyrs de Sébaste autour de l’Archange Michel.

Au-dessus des quatre piliers, trônent les évangélistes en train de recopier leurs textes syriaques d’une page contemplée dans les cieux. Partout des prophètes, des pères de l’Eglise et des saints martyrs à cheval. Des saintes femmes sont à l’honneur dans l’intrados des arcs. L’image le plus frappante est celle à l’Ouest du jugement dernier.  Adam et Eve semblent veiller sur leurs enfants.

Les apôtres du Christ jouent les rôles des vizirs sur des divans précieux autour du trône de la Croix sur un tapis royal. La fresque se divise en deux parties. A droite le Paradis et ceux qui sont sauvés, à gauche l’Enfer et ceux qui sont damnés où on note d’ailleurs une surreprésentation du clergé.

 

Eglantine Gabaix-Hialé, chargée de mission pour l'oeuvre d'Orient

Mots-clés associés :
Ajouter un commentaire

Vous pouvez ajouter un commentaire en complétant le formulaire ci-dessous. Le format doit être plain text. Les commentaires sont modérés.

Question: 10 - 5 ?
Your answer:
Oeuvre d'Orient

Fondée en 1856 par des laïcs, professeurs en Sorbonne, l’Œuvre d’Orient est une association française entièrement consacrée à l’aide aux chrétiens d’Orient. Œuvre d’Église, elle est placée sous la protection de l’Archevêque de Paris. Grâce à ses 70 000 donateurs, elle soutient l’action des évêques et des prêtres d’une douzaine d’Églises orientales catholiques et de plus de 60 congrégations religieuses qui interviennent auprès de tous, sans considération d’appartenance religieuse. L’Œuvre se concentre sur 3 missions dans 23 pays, notamment au Moyen-Orient : éducation, soins et aide sociale, action pastorale. Faire mieux connaître leur culture et leur patrimoine contribue à marquer la présence des chrétiens dans ces régions du monde et à faire perdurer leur identité.

Recherchez sur le site
Inscrivez-vous à la newsletter