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Elévation à Venise - point de vue sur la 57e expo internationale d'art [2/2]

Publié le : 17 Octobre 2017
Les Biennales d’art contemporain prolifèrent dans le monde entier. En France, celle de Lyon ouvre les portes de sa 14ème édition, « Mondes flottants » jusqu’au 7 janvier 2018, nous vous en parlerons prochainement. Prenons déjà le temps d’un regard sur la 57ème exposition internationale d’art, dite « La Biennale de Venise » : Vive arte viva ! (jusqu’au 26 novembre 2017) sous la direction de la française Christine Macel. Point de vue du Père Michel Brière.

Cliquez ici pour lire la première partie du compte rendu de la Biennale de Venise par le Père Michel Brière.

Faust, performance au Pavillon Allemand de la Biennale de Venise, 2017 © Vincenzo Pinto

Dualités horizontales

Deux pavillons invitaient le visiteur à se déplacer sur une plate-forme élevée de quelques centimètres au-dessus du sol. Dalle de verre dans le pavillon de l’Allemagne. Grille inclinée, parsemée de galets dans le pavillon du Brésil. Dans les deux cas, très différents, nous déplaçant au-dessus c’est le dessous qui attire regard. La partition de l’espace n’offre pas d’autre dynamique que descendante. L’art réactiverait-il seulement « nos bas-fonds », psychiques et/ou socio-politiques ?

Pavillon japonais, Biennale de Venise 2017 © M. Brière

Dans le pavillon du Japon les sculptures de Takahiro Iwasaki, souvent symétriques comme en reflet, paraissent cohérentes avec l’invitation à glisser sa tête par le trou percé dans le sol. Mais le geste induit surtout une autre proximité avec des paysages disproportionnés. De minuscules objets confèrent à quelques tissus froissés la majesté de montagnes. Takahiro Iwasaki transfigure le trivial en architectures et paysages sacrés.

George Drivas, Labyrinth, pavillon grec de la Biennale de Venise 2017 © B. Kirpotin

George Drivas au Pavillon Grec propose d’entrer dans un « Laboratoire des dilemmes » scindé en deux niveaux. Un escalier mène à la mezzanine où plusieurs écrans vidéo proposent un récit. Dans une atmosphère très Guerre Froide, un groupe de chercheurs affronte le dilemme entre une chance d’éradiquer une maladie et le risque de contaminer toute l’humanité. On reconnait Charlotte Rampling dans un rôle de sage invitant à la prudence alors que le héros pousse froidement au risque maximum. En bas, on aperçoit le labyrinthe dans lequel on devra descendre pour achever le parcours. A notre tour il faudra y choisir une voie, ponctuée de dialogues internes à la recherche. S’élever ne dispense pas de poser soi-même ses propres choix.

PAVILLON espagnol DE LA BIENNALE DE VENISE 2017

On pourrait rapprocher encore les gradins construits par Jordi Colomer au pavillon espagnol pour Unete ! Join us ! Les escalader c’est participer davantage aux processions-manifestations urbaines à la gloire du nomadisme que suivent les nombreux écrans de son installation vidéo autour de constructions précaires de carton et de papier. La marche et la démarche plus prometteuses que la demeure ? La communauté vivante plus solide que le temple ?

Prendre de la hauteur

Ces paraboles vivantes que constituent nombre d’œuvres exercent mon esprit à se mettre au diapason de l’Esprit créateur qui parfois affleure et palpite si sensiblement.

Giovanni Anselmo, installations à la Fondation Querini-Stampalia, Biennale de Venise 2017 © M. Brière

Mais j’aimerais vous conduire hors de l’enceinte et rejoindre la Fondation Querini-Stampalia. Là, l’architecture de Carlo Scarpa exalte l’arte povera de Giovanni Anselmo. Les discrets raffinements ne s’y découvrent que peu à peu, longtemps après avoir imprégné la sensibilité. A notre insu. Mais sans prétention, avec une pointe d’humour, au cas où on voudrait se prendre un peu trop au sérieux. Cette légèreté là nous élève « dove le stelle si avvicinano di una spanna in più. »* . La phrase est gravée sur six blocs de granit. On est invité à y monter. Ils sont bien sûr hauts d’un empan (unité de mesure ancienne, NdlR).

Sebastian Diaz Morales, Suspension, 2014, installation pour la Biennale de Venise 2017 © galerie carlier gebauer

La séparation du haut et du bas ne prend sens que dans une dynamique. Avec la performance ironique de Sǿren Engsted (Lévitation, 2017) et la grande installation vidéo de Sebastian Diaz Morales (Suspension, 2014) présentées dans le pavillon central aux Giardini, l’appel à « prendre de la hauteur », voire à s’élever, m’a paru un beau fil conducteur. Cette Biennale globalement sombre malgré son titre et les intentions proclamées laisse apercevoir au regard exigeant un désir ascensionnel, un sens anagogique. L’approche des étoiles.

Sǿren Engsted, Lévitation, 2017, video, son, 12'18 - INSTALLATION POUR LA BIENNALE DE VENISE 2017 © M.Brière

Père Michel Brière

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« Où les étoiles s’approchent d’un empan ».

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