Le Prieuré de Grignan, en Drôme provençale repose au cœur d’un parc de 22 hectares bordé de lavandes, d’amandiers et de chênes. D’ancienne grange, la maison a d’abord été transformée en prieuré pour une communauté de religieuses dominicaines avant de devenir une maison d’accueil dont les chambres ont été entièrement rénovées pour l’été 2022.

En 1974, suite à la demande de l’évêque de Valence, une petite communauté de six religieuses, les sœurs Dominicaines de Sainte Marie des Tourelles, s’installe à la ferme de Bouveyri à Grignan. Cette ancienne ferme date au moins du 19ème siècle comme en témoignent les vestiges de la zone humide en cours de restauration (puits, bassin et canaux en pierre) et la pierre datée de 1870 sur la façade centrale. La famille qui l’occupait était très pieuse comme en témoigne la statue de la vierge similaire à celle de la basilique de Fourvière à Lyon. 

Avec l’aide de compagnons-bâtisseurs et de moines d’Aiguebelle, les sœurs transforment les écuries et les granges en habitat, en pièces d’accueil et en chapelle. Les champs se transforment eux, très rapidement, en plantations de lavande.

La ferme devient un lieu de prière, de rencontre, des formations bibliques. Un endroit où on peut vivre avec la communauté des temps forts de l’année.

Mais, le nombre de religieuses de la communauté diminuant, fin 2014, les sœurs sont obligées de quitter le lieu pour retourner à Saint Mathieu dans Hérault, leur maison-mère.

La communauté des sœurs dominicaines demande alors à son tour à l’évêché de Valence de prendre le relai, pour que « le Prieuré » reste un lieu de spiritualité et de charité. Aujourd’hui cette Maison d’Eglise diocésaine, située sur le territoire de la paroisse Saint-François-Régis-sur-Lez à Grignan est un lieu d’accueil et une maison paroissiale ouvert à tous, proche ou éloigné de la foi, qui propose à la fois des activités spirituelles, culturelles, cultuelles et des moments de partage.

En cette année du Jubilé de l’Espérance, le conseil culturel du Prieuré a donc décidé de faire à nouveau sienne les paroles du Pape François dans ce beau lieu d’Église en Drôme provençale : « L’artiste nous rappelle à tous que nous évoluons dans la dimension de l’esprit [ ]. L’artiste veut faire réfléchir et nous confronter à ce qui nous dérange parfois ».

Ainsi, fidèlement à l’esprit du lieu, un parcours de sculptures d’artistes contemporains est proposé du 8 juin au 28 juillet 2025 dans les jardins du Prieuré. Une quinzaine d’artistes contemporains exposent sur le thème « Entre épure et déconstruction ».

La liste des exposants est la suivante :

Jean-François Auber
Bernard Autin
Atelier du Béal
Sébastien Cartron
Olivier Causan
Laurent Couston
Bruno Durieux
José Esparza
Bernard Froment
Dominique Gardey
Jacques Gomès
Michel Lefevre
Chantal Lozac’hmeur
Raoul Reynolds
Michèle Suquet
Jean-Marc Voillot

Le thème contemporain auquel peut se rattacher cette exposition « Entre épure et déconstruction » nous rapproche parfois du Déstructuralisme figuratif ®. Les œuvres d’art réparties dans les jardins du Prieuré, entre pierres et lavandes, jouent sans cesse entre continuité et rupture, avec un souvent un certain minimalisme.

L’approche minimaliste de l’épure renvoie à des œuvres géométriques et dépouillées, telles que « Les pénitents » de Bernar Autin, « Les colonnes d’air » de Michèle Suquet ou encore « 11 mâts –hématiques » de Jean-Marc Voillot.

La déconstruction remet toujours en question les formes établies et crée des effets de discontinuité que l’on retrouve particulièrement chez Bernard Froment avec ses « Semeur de graines de Lumière » : le déconstructivisme favorise ainsi une esthétique non conventionnelle où la fragmentation permet de trouver ici la lumière et la joie.

Quelques artistes nous ont partagé leur démarche au gré des déambulations dans l’exposition :

Bernard Autin

« Les pénitents »

« Des Lames de métal qui bougent avec le vent, du dessin dans l’espace au graphisme épuré, des montagnes aux sommets acérés ou pénitents bénédictins, c’est la complicité de la lame et du vent qui a fait de moi un apprenti -sculpteur. »

Bernard Autin

Atelier du Béal

Les personnages peints par 5 personnes différentes de notre foyer se présentent en couleurs vives, expressives, ils sont proches les uns des autres et seront assemblés « comme une barrière », mais ce n’en est pas une… Ils sont une chaîne humaine colorée et solidaire.
Cette œuvre est réalisée à l’acrylique sur panneau de bois.

Pour le Béal,
Régine Laurier, art thérapeute.

Sébastien Cartron

Partir de la matière brute glanée çà et là, souligner les veines, trouver une partition. Dans la ronce et dans la loupe, chercher la tangente, une courbe, trouver du sens, entrevoir un message…

Sébastien Cartron

Olivier Causan

Je façonne mon art en croisant sculpture, mobilier et performance artistique au sein d’un travail inscrit dans le recyclage des matériaux métalliques. Amoureux de la nature et de la vie sauvage, j’en ai fait la base de mon travail, espérant rapprocher l’Homme du monde naturel qui l’entoure.

Olivier Causan

Laurent Couston

Pour cette exposition, j’ai réalisé trois sculptures dont le fil conducteur de chacune a été le thème « Lévitation minérale », l’idée étant d’avoir une pierre au centre de la pièce traversée par des tiges d’acier.

Laurent Couston

Bernard Froment

Semeur de graines de Lumière, 

Assembleur de coups de cœur, Emporté par la force et la fragilité, Trouver et greffer ensemble du bois, du fer, toujours du verre. Mettre en relation le presque rien dans la conscience du tout, pour offrir à l’œil une œuvre intime et finie d’où peut germer l’état d’être avec. Par l’éclat et la cassure, toujours trouver la joie, la germination et la Lumière. 

Bernard Froment

Michèle Suquet 

« Colonnes d’air » 

« C’est par hasard () que je rencontre l’Art céramique. Je découvre alors la poésie incandescente de la terre qui en cuisant devient « corps/couleur/ lumière ». Enfin je peux mettre à l’œuvre l’impact de ces moments fondateurs entre ciel et terre… »

 Pour les jardins du Prieuré de Grignan je présente un groupe de 5 pièces céramiques intitulées « Colonnes d’air » :

Réalisées en grès émaillé, leur corps est incrusté de débris d’atelier : éclats de porcelaine, chamottes, grains de basalte. Entre jarre et colonne, chacune se tient dressée entre terre et ciel. Elles contiennent « l’air qu’on respire », air devenu si précieux aujourd’hui. Entre stèles et contenants antiques autrefois gardiens des substances essentielles à la vie des hommes et à leurs échanges, elles semblent veiller sur l’horizon. 

Note technique grès roux / débris divers / émaux/ engobes cuissons multiples entre 1000° et 1270° selon la nécessité des pièces. Production réalisée en four électrique.

Michèle Suquet

Jean-Marc Voillot

Titre :                  11 mâts –hématiques
Matériaux :        Bois, pots en terre cuite, peinture blanche et rouge, gravier blanc, bacs en acier
Dimensions :      2,30 m x 1,80 m x 1,80 m

L’œuvre intitulée « 11 mâts-hématiques x2 » propose une nouvelle mise en espace d’un lieu en l’architecturant par des éléments verticaux à hauteur variable.

Tel un port offrant la vision de ses mâts, l’installation apporte un regard similaire, transplanté sur un domaine terrestre, une invitation au voyage entre terre et mer… une greffe marine dans un paysage minéral.

Organisé méthodiquement, le jeu coloré des mâts aux extrémités rouges trouble la ligne d’horizon modifiant la perception visuelle, créant un électro- cardiogramme de l’arrière-plan. Vue de dessus, elle suggère la perception de bérets de marins. 

Anecdotique, allusive, ludique… l’œuvre compose un champ de réflexion, incite l’imaginaire et pose la question de la place de l’Art contemporain dans le paysage, sur un territoire bien identifié.

                                                                                                                                                         Jean-Marc Voillot

Schéma général d’implantation des œuvres :