Le cinéma, par son contenu et le rite culturel qui l’accompagne, représente donc un lieu propice au surgissement du spirituel. Les spectateurs réunis dans la salle, comme dans une communion, partagent la vision d’une même œuvre. Réunissant tous les arts, le cinéma possède, à un degré remarquable, des qualités plastiques et intellectuelles qui, entre des mains d’artistes talentueux et cultivés permettent ce surgissement du spirituel. «Un film a une âme, nous dit Henri Agel, quand il nous apparaît que son inspiration, sa mise en œuvre, son interprétation pénètrent tous les éléments du public d’une impression profonde et irréductible à une simple satisfaction psychologique, affective ou esthétique » (Le cinéma a-t-il une âme ? Paris, CERF, Coll. 7ème Art, 1952). Le Lys brisé de Griffith, presque tous les films de Chaplin, Jeanne d’Arc de Dreyer en sont quelques exemples. A la suite de Henri Agel, d’autres auteurs comme Jean Collet, Guy Bedouelle ou plus récemment Michèle Debidour se sont inscrits dans cette démarche.
«Un film a une âme, quand il nous apparaît que son inspiration, sa mise en œuvre, son interprétation pénètrent tous les éléments du public d’une impression profonde et irréductible à une simple satisfaction psychologique, affective ou esthétique » Henri Angel.
La découverte de 2001 l’Odyssée de l’Espace de S. Kubrick sur un magnifique et gigantesque écran alors que j’étais adolescent fut ma première expérience spirituelle au cinéma et a marqué le début de mon attirance pour le Septième Art.
Dès lors, ressentant ce besoin d’aller au-delà de ce qui se donne à voir, j’ai cherché à m’intéresser au cinéma en tant que langage, comme on ferait une analyse littéraire. Le langage est porteur de sens, riche de significations qu’il importe de décrypter, qui plus est lorsqu’il peut être porteur de quelque chose qui nous dépasse, ce qui m’intéresse ultimement.
C’est pourquoi à travers ce blog, j’entends explorer, promouvoir le cinéma sous différents angles, afin d’y dévoiler cette quête du sacré et du spirituel. Je prends ici ces deux termes de « sacré » et de « spirituel » dans leur acceptation la plus large possible. Il s’agit de ce qui dépasse l’homme, son besoin d’être relié à quelque chose de supérieur, ses inspirations profondes, ce qu’il y a d’universel dans sa condition. Aimer le cinéma, c’est aimer la vie. Je veux montrer que le cinéma est dans la vie et la vie dans le cinéma. C’est-à-dire qu’il parle de l’homme, il est capable d’atteindre son intime profondeur, sa conscience voire son âme et inversement, les films se nourrissent de notre humanité et des questions qui la traversent.
Outre des critiques de films, le lecteur trouvera ici une vision généraliste du Septième Art sous différents angles : des portraits de professionnels, des analyses, des articles sur des livres, sur des bandes originales, des réflexions de fond mais aussi des analyses historiques, sociologiques sans oublier le marketing, les médias, la vie des festivals…
Dans une interview accordée à la revue de la Cité de la musique (n°55 sept 2007), le philosophe Marcel Gauchet parle de l’art comme d’un « substitut du sacré ». Le cinéma peut prendre cette fonction et devenir en effet une communication de l’incarnation de ce «sacré» qui semble avoir disparu de notre monde moderne. Plus que jamais le cinéma se pose comme reflet de la vie mais aussi donne accès à un au-delà de nos existences ; il devient chemin vers l’Autre, moteur de pensée et provocateur de rencontre !
Je vous souhaite de bonnes lectures sur ce blog qui je l’espère vous incitera à vous déplacer en salle. Je vous invite à réagir et à me contacter si vous en avez envie sur mon webzine sacrecinema.com
Pierre Vaccaro
Auteur du webzine Sacré Cinéma