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La collégiale de Saint-Émilion : une puissante harmonie

Publié le : 13 Février 2020
Au cœur de la Gironde, au carrefour du Bordelais, de la Saintonge et du Périgord, bordée par la rivière Dordogne, se dresse fièrement Saint-Émilion. Cette cité médiévale réputée dans le monde entier pour ses vignobles peut s’enorgueillir d’un patrimoine dense, témoin de la fécondité de ses activités commerciales liées à la vigne - mais aussi de sa riche histoire spirituelle depuis la fondation d’un monastère par l'ermite saint Émilion, qui remonte au VIIIe siècle.

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La collégiale de Saint-Emilion, construite au XIIe siècle, de style roman périgourdin, remaniée aux XIIIe et XVe siècles. © Saint-Emilion Tourisme

Un peu d'histoire...

En arrivant à Saint-Émilion, en Gironde, l’église qui se détache nettement dans la ville haute est la collégiale. Si la première pierre en a été posée vers 1110, elle n’est pas le premier lieu de culte de la cité. Il faut en effet compter avec l’ermitage historique d’Émilion, un moine d’origine bretonne retiré dans une grotte creusée dans la falaise et mort vers 767, qui évangélisa l’ancienne ville gallo-romaine et marqua la population par sa charité. À sa suite, et pour accueillir également les nombreux pèlerins qui se pressaient sur sa tombe, une communauté bénédictine s’installe et prospère depuis l’église monolithe, édifice souterrain creusé dès le XIIe siècle dans des proportions qui demeurent impressionnantes : 38 m de long pour 12 m de haut, sans omettre son clocher fort de 68 m !

L’actuelle collégiale naît d’une petite chapelle annexe que les moines animaient en complément de l’église souterraine. Un immense chantier urbanistique voit alors le jour avec la construction de la ville haute dont l’église et son cloître sont le cœur battant, grâce à l’installation de chanoines réguliers que l’évêque de Bordeaux appelle pour remplacer les bénédictins, dont la vie religieuse marquait un certain relâchement.

Vue de l'intérieur du cloître de LA COLLÉGIALE DE SAINT-EMILION, où est actuellement exposée L'Apocalypse, oeuvre monumentale (40m x 5m) de l'artiste-peintre François Peltier. © Steve Le Clech

Un lieu de vie pour toute une communauté

Cet ensemble architectural nouveau rappelle donc la présence de cette communauté – installée jusqu’à la Révolution – de chanoines suivant la règle de saint Augustin. La collégiale n’est pas simplement un lieu de culte, mais elle constitue un véritable lieu de vie pour toute la communauté. Depuis le jardin du cloître, les chanoines avaient accès à tous les bâtiments conventuels : la salle capitulaire, aujourd’hui disparue, le réfectoire, désormais dévolu à l’office de tourisme, l’église bien évidemment, mais également les dortoirs, les celliers, les magasins, les salles d’hôtes… La collégiale est aujourd’hui l’église paroissiale de la commune.

Au cœur de la Gironde, au carrefour du Bordelais, de la Saintonge et du Périgord, bordée par la rivière Dordogne, se dresse fièrement Saint-Émilion. Cette cité médiévale réputée dans le monde entier pour ses vignobles ne compte pas loin de 2000 habitants… pour près d’un million de touristes annuels. Juchée sur la hauteur d’un plateau calcaire et argilo-calcaire où à certains endroits la roche n’est recouverte que d’une fine couche de terre, Saint-Émilion peut s’enorgueillir d’un patrimoine dense, témoin de la fécondité de ses activités commerciales liées à sa vigne mais aussi de sa riche histoire spirituelle depuis la fondation d’un monastère par Émilion, vers le VIIIe siècle. La juridiction de Saint-Émilion est inscrite depuis 1999 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Le portail DE LA COLLÉGIALE DE SAINT-EMILION, XIIe siècle © Heurisko/Office du Tourisme de Saint-Emilion

Le Portail de la collégiale

La porte qui permet d’accéder à la collégiale de Saint-Émilion est dotée de puissants arcs qui ont précieusement conservé leurs riches ornementations du XIIe siècle : des feuilles d’acanthe, des palmettes ainsi que des fleurs ouvertes de tulipes. Ces trois motifs sont typiques du style roman, influencé par la Saintonge toute proche. Le visiteur ne manquera pas de remarquer sur la droite du portail la dernière colonne étrangement illustrée : la « Grand’Goule ». Ce personnage médiéval avait la vertu puissante d’absorber les pensées impures et démoniaques des âmes des chrétiens s’apprêtant à entrer dans l’église. Voilà un sujet lapidaire typiquement roman, qui rappellerait ceux de l’église de Saint-Hilaire-la-Croix (Puy-de-Dôme), de celle de Saint-Romans-lès-Melle (Deux-Sèvres) ou encore l’église de Saint-Martial-de-Loulay (Charente-Maritime).

Statue de Saint-Emilion © Office du tourisme de Saint-Emilion

La Statue de Saint-Émilion 

Si le visiteur se place au niveau du cordon qui délimite l’accès au chœur de la collégiale et qu’il lève la tête, il devrait voir apparaître l’une des très rares représentations de celui que l’on soupçonne être le saint Émilion historique. L’ermite du VIIIe siècle tient fermement un livre appuyé contre sa poitrine et sourit à celui qui le regarde. La collégiale dispose de trois autres représentations du saint fondateur de la cité. L’une d’entre elles, la plus vieille statue de saint Émilion au monde, n’est pas accessible. Elle a été remisée dans une niche gothique sur la gauche du chœur. Elle est malheureusement très mutilée et représente l’ermite en habits liturgiques de diacre (rappelant sa diaconie, c’est-à-dire son service de la charité) ornés de trèfles trilobés. Demeurent une autre statue et un vitrail, tous deux du XIXe siècle. Dans chacune de ses représentations, Émilion est clairement identifiable par ses attributs : il tient un livre fermé contre son corps et porte la main à son cœur.

Armageddon, détail de l’Apocalypse de François Peltier © Paroisse DE SAINT-EMILION

Armageddon, bataille finale de L’Apocalypse, par François Peltier

Armageddon est un petit mont de Galilée, situé au nord d’Israël. Il est le lieu symbolique, évoqué dans l’Apocalypse de saint Jean (16,16), où se déroulera le combat final entre le Bien et le Mal, à la fin des temps. L’artiste-peintre François Peltier (lire ci-dessous) s’est saisi de cet épisode biblique pour le resituer dans son ensemble pictural. Son œuvre rend parfaitement compte du catastrophisme attaché à cette bataille finale dont l’issue donnera la victoire définitive de Dieu : la multiplicité des chevaux partant au combat, à la force et la vitesse comme décuplées par ce qui ressemble à des ailes ; le manteau de pourpre rouge dont est vêtu le cavalier que l’on identifie au Sauveur, ceint d’une couronne, lançant des flammes de ses yeux et dont, de la bouche, sort une lame puissamment perçante. L’assaut final est donné !

Le style architectural

La collégiale naît d’une modeste chapelle dont le style se rapproche du roman périgourdin, reconnaissable à ses deux coupoles sur pendentifs qui voûtent ses deuxième et troisième travées. Le transept et le chœur ont été largement transformés entre les XIIIe et XVe siècles, permettant alors au style gothique de faire son entrée dans l’église. Elle est l’une des plus vastes de Gironde et dégage une impression de puissante harmonie.
Pénétrant dans la collégiale, l’œil averti remarquera que le chœur ne continue pas dans la droite lignée de la nef, mais qu’il s’incline fortement vers le sud, comme inexorablement attiré. Cela est d’autant plus frappant si l’on se place sur les marches du chœur et que l’on observe l’alignement des dalles. Cette originalité relève d’une volonté : inscrire dans l’architecture un passage de l’évangile selon Jean : « Penchant la tête, il expira », décrivant la mort du Christ en croix.

L’actualité de l’édifice

Le cloître de la collégiale de Saint-Émilion est, depuis décembre 2019 jusqu’en juillet 2021, l’écrin d’une œuvre d’art intitulée L’Apocalypse (ci-dessus), due à l’artiste-peintre lot-et-garonnais François Peltier, et réalisée suite à une commande de la paroisse et de son curé, l’abbé de Rozières.

Longue de près de 40 m sur 5m de hauteur, cette œuvre n’est pas conçue comme une accumulation de tableaux mais doit être bien comprise comme un ensemble prenant support sur différents bois, en fonction des symboliques retenues : le cèdre (du Liban), le peuplier, le tilleul, le chêne et enfin le châtaignier, servant la technique de l’huile en glacis.

Pour beaucoup, « apocalypse » est synonyme de la fin du monde. Dans la réalité qui nous intéresse, venant du grec « révélation », ce terme a donné son nom au dernier livre de la Bible, sa conclusion, sa révélation finale, qui dévoile le combat ultime entre le Bien et le Mal et qui aboutit au triomphe absolu et définitif du Bien. Ce livre attribué à saint Jean s’appuie sur les visions qu’il a reçues. Cette œuvre gigantesque se propose donc de rendre accessible l’un des textes les plus hermétiques de la Bible, donnant à percevoir la douleur du combat mais aussi, et surtout, la joyeuse lumière de la promesse de la victoire de Dieu. La contemplation est nourrie des riches couleurs aux intensités sans pareil.

La Source

Révélation de Jésus Christ, que Dieu lui a confiée pour montrer à ses serviteurs ce qui doit bientôt advenir ; cette révélation, il l’a fait connaître à son serviteur Jean par l’envoi de son ange. Jean atteste comme parole de Dieu et témoignage de Jésus Christ tout ce qu’il a vu. Heureux celui qui lit, heureux ceux qui écoutent les paroles de la prophétie et gardent ce qui est écrit en elle, car le temps est proche. Jean, aux sept Églises qui sont en Asie mineure : à vous, la grâce et la paix, de la part de Celui qui est, qui était et qui vient, de la part des sept esprits qui sont devant son trône.[…] Moi, Jean, votre frère, partageant avec vous la détresse, la royauté et la persévérance en Jésus, je me trouvai dans l’île de Patmos à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus. Je fus saisi en esprit, le jour du Seigneur, et j’entendis derrière moi une voix forte, pareille au son d’une trompette. Elle disait : « Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises : à Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée. » (AELF)

P. Gautier Mornas
Responsable du département Art sacré de la Conférence des évêques de France.
Membre du comité de rédaction de la revue Narthex.

BIBLIOGRAPHIE

Antoine Lebègue, Visiter Saint-Émilion, photographies de Pascal Moulin, éd. Sud Ouest, 2010.
Alain Chaume, Saint-Émilion, patrimoine mondial de l’Humanité, éd. Sutton, 2012.

Informations pratiques

Collégiale Saint-Émilion
Place Pierre Meyrat - 33330 Saint-Émilion

Office du tourisme
Place des Créneaux
33330 Saint-Émilion
Tél. : 05 57 55 28 28
site Saint-Emilion Tourisme

Pour en savoir plus sur L'Apocalypse de François Peltier, cliquez ici afin de visionner le film de Jean-Yves Fischbach.

Cet article a été rédigé dans le cadre du partenariat établieentre Narthex et la revue papier Le Monde de la Bible. Il a été publié dans le numéro 230 - septembre-novembre 2019. Cette revue trimestrielle a confié à Narthex le soin de nourrir la rubrique « La Bible des pierres » depuis décembre 2015. → Retrouvez tous les articles issus de cette collaboration.

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