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La chapelle St-François-de-Sales à la CEF : un espace esthétique et liturgique, pour une traversée théologale

Publié le : 24 Janvier 2023
En ce jour de la fête de saint François de Sales, et ce temps où s'achève la célébration du jubilé du 400e anniversaire de son rappel à Dieu, nous vous invitons à découvrir le texte d'Aude Viot-Coster sur la chapelle de la Conférence des évêques de France, réaménagée en 2007 par l'architecte Florence Cosse. A la suite de l'ISTA (Institut de Théologie des Arts), Aude Viot-Coster a présenté ce sujet d'étude dans le cadre du cycle 'Liturgie & Art' dirigé par Fr. François Cassingena, après avoir découvert la chapelle saint François de Sales à la CEF, qui fut pour elle « une rencontre décisive ».

La chapelle St-François-de-Sales

Nous avons choisi ou bien plutôt nous avons fait l’expérience d’être choisie par un sujet, un lieu qui nous reçoit et dont nous nous recevons de lui : l’église, corps de pierre ; l’Eglise, corps de chair et d’Esprit, corps mystique. Si « Art et Liturgie » sont une proposition bien plus vaste que deux concepts articulés, c’est parce qu’ils nous entraînent à expérimenter notre vie dans toute son essence (immanence et transcendance) vers sa perspective ultime : ils sont programme d’existence, une unique posture d’être-au-monde.

En entrant dans la chapelle de la Conférence des évêques de France, que nous connaissions par photographie (à distance) – connaissance de l’esprit, intellectuelle et donc partielle – nous avons fait « la co-naissance des lieux (1) », dans une expérience d’ouverture, en extérieur et en intérieur, une épreuve corporelle qui nous conduit, nous introduit à l’épreuve spirituelle. Touchée par et dans notre corps, nous percevons et recevons les lieux dans leur intelligence. L’art - tout comme la liturgie - nous rappelle à l’ordre : toute connaissance véritable est avant tout rencontre sensible. Rencontre d’un corps, d’une présence dans une mise en relation qui nous met à l’épreuve, où nous nous ex-posons mutuellement, au risque de l’existence.

Si nous avons parcouru les chapitres de cet enseignement sans savoir à l’avance où ils nous conduiraient, la « noble simplicité » (2) du lieu s’est imposée à nous par et dans sa rencontre « spacieuse » (3). Quoi de mieux qu’une architecture (4) pour vivre et com-prendre, explorer en des profondeurs vertigineuses, tout rapport d’incorporation, dans une mise en abîme sans fin et sans fond. Expérience immersive, nous repensons notre rapport spatial existentiel dans un 360 degrés : qui abrite qui ? et qui m’invite à demeure ?

Nous commencerons donc au seuil de cet espace où nous sommes invitée à marquer un temps de pause, comme acte de conscience d’un franchissement de seuil d’un « espace autre » (5) et où la liturgie nous convie à célébrer l’instant de notre existence en vertu d’une Présence qui nous appelle à un ailleurs qui est déjà hic et nunc :

« Et maintenant s’arrêtent nos pas
   dans tes portes Jérusalem !
» Ps. 121

Et ce qui nous a sans doute, le plus frappée, c’est qu’il était possible de passer sans s’arrêter (à côté) car les lieux, dans leur justesse et vérité, ne s’imposaient pas. Nous nous sommes sentie invitée, attirée dans la sobriété du lieu « sans faste, ni éclat », à passer, à traverser cet espace en promesse, cet espace de promesse. Nous l’avons franchi, il nous trans-perce encore.

La chapelle est à elle seule une grande nef à la fois ramassée, efficace, condensée où l’orientation nous propulse dans une trajectoire lancée en droite ligne, fulgurante. Elle nous ferait presque hésiter à progresser trop vite, à prendre le temps d’habiter les lieux. Le marquage au sol m’invite à parcourir l’espace visuellement dans un premier temps. A la fois étroit, resculptant l’espace au sol par sa couleur et son dessin, il relie l’ambon, où la Parole m’est déjà adressée par son pupitre déployé et offert, à l’autel. Sans détour et dans une rectitude inéluctable, l’ambon « proclame » la Parole, comme chemin unique, voie d’accès direct, en droite ligne, à la table du Pain et du Vin. Un tracé symbolique et performatif. Un lien organique rendu visible. L’ambon semble paré à droite et à gauche de deux alcôves abritant pour l’une la Vierge, pour l’autre saint François de Sales. Deux figures évoquant deux existences façonnées par la Parole méditée, engendrée, interprétée.

De part et d’autre, des chaises manifestant la présence en absence de l’assemblée, se font face, en vis-à vis, en dialogue silencieux mais non sans voix : trait d’union, corps en pointillé, invité à se former les uns avec les autres, les uns par les autres. Maillons visibles d’une chaine appelée à exister, à se constituer corporellement, véritablement : « le corps, chemin de Dieu » (6) ; l’autre, chemin vers Dieu. L’assemblée se trouve en chemin, dans un entre-deux, entre Dieu et nous-même comme un passage qui m’oblige, en actes et en vérité. Tenue et maintenue par la Parole, le Pain et le Vin dans un lien nourricier, organique.

La longueur de la nef est invitation dans l’espace à cheminer mais aussi invitation dans le temps. Temps de prière, unique offrande de notre existence qui ne repassera pas ; temps de cheminement toujours renouvelé. Le temps d’une existence entière en marche vers son Seigneur :

« Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les Paroles de la vie éternelle. » Jn 6, 68-69

En remarquant la couleur discrète des vitraux - un vert que l’on pourrait qualifier de monotone, sans relief particulier, quasi diaphane, nous évoque le Temps Ordinaire, « per annum », qui nous semble parfois long, difficile à recevoir et qu’il nous faut pourtant habiter, traverser dans la fidélité et l’espérance, dans l’attente éveillée.

« Eveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts et le Christ t’illuminera » Hymne baptismale

Un espace, long comme un jour d’éternité.

« Un jour dans tes parvis vaut mieux plus que mille. » Ps. 84
« J’habiterai la maison du Seigneur dans la longueur des jours. » Ps. 22

L’architecture ecclésiale est l’évocation et la réalisation d’un espace/temps, où l’instant se fait éternité, où s’édifie « un sanctuaire dans le temps » (7). Cet espace/temps, qui est chemin vers, passe alors d’une trajectoire pour se jeter, comme une chute d’eau en provenance de sa source, dans un cercle au sol où l’autel (8) vient prendre pied et place, en son centre. Du carré au cercle, du terrestre au céleste, du temporel à l’Eternel, du divin à l’humain : Dieu fait homme. Cercle au sol répondant au cercle céleste du lanterneau marqué d’une croix. A l’aplomb de l’autel et dans son axe parfait, la Croix se dresse, nous redresse en promesse, car en écart, vers un cercle qui semble en formation, en cours de révélation. Son aspect terreux, sa matérialité crue nous évoque une forme naissante, et comme « entre les mains agiles du potier ». Quelque chose se fait mais ne se dévoile pas pleinement. C’est le sentiment intime et juste, déployé silencieusement, dans ce cercle triomphant et tout en retenue. « Soleil de justice » (9) en instance d’éclat, d’apparaître. Un « déjà là » et un « pas encore » mur-muré. La Croix vient transpercer et fendre un mur sur lequel vient s’adosser le siège de présidence. Autre Christ. Il est le roc, la pierre rejetée par les bâtisseurs et devenue pierre d’angle de notre existence. Croix enchâssée, elle vient rassembler ceux qui étaient perdus pour un à-venir, une édification nouvelle. Cette brèche est le lieu même de la fragilité assumée une fois pour toutes (divinité qui a revêtu notre humanité), lieu du passage de la Vie. La Croix dorée ne s’impose à nous que par sa hauteur, toute en finesse. Elle vient révéler le Père de toute éternité en s’ajustant par lui, avec lui et en lui. Sans déformation de la vue, la Croix du Fils ne se livre pleinement que dans l’axe parfait du cercle du Père comme s’il y avait anamorphose. La « pleine vision » se voit dès le départ mais c’est en s’éloignant, en se désaxant, en cheminant, qu’elle se dévoile alors, que nous la com-prenons et que nous la recherchons dans la joie d’une existence « or-donnée » par Celui qui nous illumine. Elle n’est pas écrasante ni dans sa beauté ni dans son éclat. Elle est Là, désormais. Evidée, elle crie le corps absent (10) :

« Pourquoi chercher le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité » Lc 24

L’écart eschatologique entre le « mur de gloire » et le mur en ogive du fond, nous relie tout autant qu’il nous sépare d’une réalité vers laquelle nous tendons de tout notre corps, cœur, regard mais qui ne se laisse ni prendre, ni saisir :

« Noli me tangere » Jn 20, 17

Présence qui nous dépasse en hauteur et en largeur (11) et dont la profondeur nous est littéralement inaccessible ici (ici-bas), tant visuellement, qu’intellectuellement. L’axialité nous redit, à frais nouveau, par cette mise en œuvre, à l’œuvre que :

« Nul ne vient au Père sans passer par moi. » Jn 14, 6

Ce cercle, cet oculus bouché nous attire, nous interpelle, nous met en demeure. Une impasse, en apparence ; un Ailleurs, en vérité. Son rayonnement ineffable, figé, en suspend, flottant, agit comme une force d’attraction subjuguante.

Latéralement, sur le mur adjacent (qui nous révèle une nature reliée, en lien mais pas encore signifiée, autre, en-deçà) un vitrail (12) « d’eau et de feu » vient déverser une lumière inattendue par son positionnement dans l’espace (mur contigu au mur d’évocation eschatologique) et sa direction de projection : une diagonale lumineuse tranchante nous indiquant encore un ailleurs, un autrement, nous prenant par sur-prise. Une convergence manifestée par et dans une divergence directionnelle. Nous aurions été, sans doute disposée, à attendre cette lumière dans la perspective directe de l’axialité de l’autel, de la Croix, du Cercle en majesté. Nous ressentons un axé/désaxé, une promesse contrariée, une installation impossible qui nous fait demeurer en attente, in-satis-fait. Seulement qu’y a-t-il à espérer ce que nous voyons déjà, ce que nous attendons, ce qui se donne par trop d’évidence ? pas grand-chose, « circulez, il n’y a (plus) rien à voir ! ».

L’évidence se doit d’être évidante pour être cherchée, trouvée, reçue. Elle nous déplace, nous met en route comme en déroute, en méditation mobile, fluide tout en restant stable, ancrée. Nous ressentons, dans cette mise en mots, les « qualités christiques » en constante tension paradoxale : « le Seigneur passe » (13) tout en nous invitant à demeurer en sa Présence. Mais où, quand, comment ? Ici, le bâti semble peiner, résister (et c’est heureux) dans une tentative (impossible) à dire ce qui sur-gît, ce qui ad-vient, quasi imperceptiblement. Il y a là une beauté (14) indicible, intangible, inaudible en attente, inaccomplie et qui, au sein même de cet inaccomplissement, nous dévoile par effleurement dans un affleurement, « un état de parfait achèvement » se faisant. C’est faire l’expérience en liturgie, par la procession (15) notamment, que c’est en allant vers Dieu que nous nous retrouvons en lui, par le corps comme par l’esprit.

Cette attente contrariée s’apparente en fait à une « bienheureuse espérance » (16). Qu’elle soit le fruit de contraintes techniques, architecturales, elle se révèle propice à chercher autre-ment, en passant par de l’étranger, du non- familier, à travers de l’autre d’un autre, le Tout-Autre. Et déjà ici, nous pouvons nous laisser enseigner par la matérialité même d’une mise en œuvre à l’œuvre qui se fait théologienne : qu’est-ce qu’une rencontre (personne, œuvre) ? Qu’y advient-il ? Nous offrons-nous du temps pour penser notre existence jusque-là, aux confins comme un ailleurs (impensé), pour réaliser et expérimenter notre être-au-monde qui est un être-au-monde -devant-Dieu en tout temps et en tout lieu ? À Lui, nous allons.

Et si nous avons évoqué un aller, la lecture de l’espace liturgique s’effectue aussi au retour, dans l’autre sens, le sens du Tout-Autre. Celui qui nous dé-route pour mieux nous ré-orienter désormais. Du Père éternel, dont nous recevons le don parfait en son Fils unique venu sauver l’humanité, à travers l’offrande de sa vie par la Croix, sur l’autel, se déverse sur le monde l’eau et le sang, « Ô Christ, fontaine de la Vie » (17). Le cercle signifié en promesse (sur le plan vertical) est effectif, au sol (18) (en plan horizontal), par l’offrande du Christ à l’autel. Et là encore, le cercle comme « interprétation plastique » de la plénitude de Dieu, est le point « nodal » (19) entre verticalité et horizontalité. Force centripète et force centrifuge. Récapitulation annoncée, amorcée. De la Croix jaillit la vie en rayonnement, au milieu de nous (littéralement mis en œuvre, ici au sol) et se faisant à chaque eucharistie (20), nous reconduisant à puiser aux sources des Ecritures, qui, misent en œuvre, édifient le temple Saint, le corps entier appelé à proclamer la Bonne Nouvelle au monde, envoyé en mission. La traversée de l’espace liturgique est un passage profondément orienté dans une conscience d’aller au-devant de nous-même, « vers un horizon qui dépasse toujours le présent alors qu’il le traverse » (21).

Nous évoquons « au retour » seulement l’emplacement du tabernacle dans une « excroissance » quasi cachée, enfouie et latérale. Elle se situe après l’autel et avant l’assemblée. Un entre devenu antre. Telle une grotte sombre, toute de rouge parée et ouverte, elle offre un espace autre, retiré mais pas séparé. Logé à droite de l’autel, il se retrouve sur le même côté du mur que la statuaire de Marie. Nous y voyons un lien dans une continuité de sens (par une continuité murale) où se donne deux tabernacles de (sa) présence : la réserve eucharistique et la Mère du Sauveur, Mère de l’Eglise. Opus dei générant la Vie dans un surplus de vie.

Le chemin de croix qui parcourt le corps architectural marque le corps de pierre, sans le stigmatiser outre mesure, dans le sens où son traitement, par la blancheur de la pierre sculptée, le fait surgir en relief et l’incorpore sans s’arrêter, se fixer en corps souffrant. Marquée dans et par la souffrance, l’église architecturale proclame la Résurrection. Ce chemin est bien passage et non station finale.

« Ô mort, où est ta victoire ? » 1 Co 15, 55

La force de cet aménagement est aussi de permettre une plus grande liberté physique, d’être invité à pivoter corporellement naturellement, de se laisser réorienter par l’ambon, par l’autel, par le dialogue au sein de l’assemblée (psaume responsorial et Liturgie des Heures). La présidence établie, et dans l’assemblée et à l’autel, permet une plus grande justesse de positionnement, de compréhension de la place du prêtre dans sa vocation baptismale comme sacerdotale au sein de la liturgie, du peuple de Dieu. L’espace liturgique offre ici souplesse et intelligence de la liturgie dans la liturgie. Aire de respiration en « récréation » (jeu très sérieux de re-création). L’espace liturgique est ménagé (bien plus qu’aménagé), c’est-à-dire rendu libre. Vacuité offerte pour « la gloire de Dieu et le Salut du monde » (22). Dans cet espace libéré, nous pouvons alors éprouver que « toute célébration liturgique, toute célébration rituelle constitue une expérience d’une liberté extrêmement profonde, don et œuvre de l’Esprit » (23).

Par la description de notre progression spatiale, tout nous suggère un rapport d’incorporation en « poupée russe ». L’architecture d’église est avant tout invitation à entrer en nous-mêmes, par le fait même d’entrer dans plus vaste que nous, afin d’y percevoir notre existence à travers un jeu de corps par hospitalités réciproques.

« Nul n’entre en liturgie sans vouloir que Dieu le visite » (24). Autant de mondes où notre corps se reçoit comme « cavité essentielle » (25) où un autre, le Tout-Autre me pré-cède, « plus intime à moi-même que moi-même » (26).

Ainsi, l’art en liturgie, nous conduit à vivre autrement notre rapport à l’espace, à unifier intérieur et extérieur, à être sans cesse reconduit sans jamais quitter notre trajectoire d’existence dans une ouverture élargie aux dimensions du monde, du cosmos, venant de Dieu et retournant à lui. La liturgie nous invite à une expérience natale, à un acte d’origine (une recréation) où vivre et célébrer un mémorial en quête d’un advenir. « Vivre liturgiquement, c’est – porté par la Grâce et conduit par l’Eglise, devenir une œuvre d’art vivante devant Dieu, sans autre but que d’être et de vivre en présence de Dieu ». (27)

Nous voudrions conclure – sans pour autant l’avoir circonscrite - cette réception, qui est lieu (par excellence) et source de gratitude, à la suite de l’apôtre Paul, ainsi : « qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » 1 Co 4, 7.

Aude Viot-Coster

Notes

1 Nous maintenons volontairement un pluriel « aux lieux » au-delà de la formulation usuelle de l’expression car, bien qu’ils soient en apparence « unique », ils vont se révéler multiples.
2 Sacrosanctum Concilium n°34.
3 Jean-Louis CHRETIEN, La joie spacieuse, Paris, Editions de Minuit, 2007, p. 20 : « L’élargissement doit toujours conserver la mémoire de l’étroitesse à laquelle il s’arrache, et de la difficile victoire qu’aura été cet arrachement. Il y a en effet un péril mortel dans toute illimitation qui perd de vue la limite, et qui n’en vient pas elle-même à se limiter ». L’immensité à laquelle nous aspirons est en nous, elle est présence de Dieu.
4 Henri FOCILLON, p. 34 : « Le privilège de l’architecture entre tous les arts, qu’elle établisse des demeures, des églises ou des vaisseaux, ce n’est pas d’abriter un vide commode et de l’entourer de garanties, mais de construire un monde intérieur qui se mesure l’espace et la lumière […] »
5 Michel FOUCAULT, Dits et écrits, « Des espaces autres », Paris, Gallimard, « Quarto », 2001, tome II, p. 1575.
6 Adolphe GESCHE, Le corps chemin de Dieu, Paris, Editions du Cerf, 2015.
7 Abraham Joshua HESCHEL, Les bâtisseurs du temps, Paris, Les Editions de Minuit, 1957, p. 102. L’auteur évoque ici le sabbat dans son édification spirituelle, dans le désert, se faisant malgré l’interdit de travaux en ce jour. Nous reprenons cette citation en la transposant dans la rencontre avec l’œuvre qui instaure un moment comme un non-lieu durable.
8 D’un bleu saphir brillant auquel la porte du tabernacle vient répondre en écho.
9 Benedictus et Livre de Malachie.
10 En entrant dans le bâtiment de la CEF, nous sommes accueillis par une œuvre belle et terrible, juste : « Parole d’abîme » de Nicolas ALQUIN. Corps souffrant, « écho plastique » de la Parole souffrante : « Et environ à la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte, disant : Éli, Éli, lamma sabachthani  ? C’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné  ? » Mt 27, 46. L’absence de corps dans la chapelle et la vision de ce corps, avant d’y pénétrer, renforce le lien qui les unit et les sépare tout à la fois. Une tension vive s’instaure dans un corps à corps à distance. Un appel.
11 Jean-Louis CHRETIEN, La joie spacieuse, Editions de Minuit, 2007, Paris, p.125 : « C’est l’Autre qui me dilate ».
12 Ateliers Duchemin.
13 Jacques BERTHIER, chant de la CFC (Commission Francophone Cistercienne), CNPL/Sodec, Ancienne cote SECLI : DLH110.
14 Nous voudrions ici relier « art et liturgie » par le concept « d’excendance » : Denis VILLEPELET, « Les arts contemporains et la transmission de la foi », Transversalités, Revue de l’Institut Catholique de Paris, n°142, 2017/3, p. 137-138 : « Le terme « excendance » est un néologisme forgé par Emmanuel Lévinas qui exprime le dynamisme de la sensibilité qui ne peut œuvrer qu’en sortant d’elle-même sans quitter toutefois le monde et la matière. En effet, l’expérience des sens telle que la révèle la pratique créatrice d’œuvres, montre que pour voir vraiment, il faut toucher l’invisible, que pour entendre vraiment, il faut rejoindre l’inaudible, que pour parler vraiment, il faut goûter l’insignifié et que pour toucher vraiment, il faut effleurer l’intangible. La création artistique dévoile ainsi que, chacun des sens poussés à son paroxysme, a une membrure d’invisible, d’inaudible, d’indicible et d’intangible qui anime son activité. […] L’excendance est le mouvement du sensible lui-même qui sort de lui-même en lui-même sans quitter l’immanence. La transcendance ne se trouve pas au bout de l’immanence mais elle fait irruption en elle ».
15 Michel MESLIN, L’expérience humaine du Divin. Fondements d’une anthropologie religieuse, Editions du Cerf, Paris, 1988, p. 158 : « […] la procession, qui est figure de rassemblement eschatologique et qui prend un aspect d’itinérance. Elle occupe et définit, elle aussi un espace sacré […]. Elle trace ainsi un vecteur de deo ad deum […] ».
16 Liturgie eucharistique.
17 Hymne pascale.
18 Nous avons tenu à vivre une liturgie pour nous laisser éprouver par et dans l’espace mis en œuvre. Vivre la liturgie à la fois de l’intérieur sur le moment, tout en la revisitant de l’extérieur, dans une relecture qui, toujours en dialogue, avec sa mise en œuvre esthétique, artistique, liturgique nous révèle encore et toujours des fruits nouveaux. Petite assemblée de semaine, les membres n’hésitent pas à se déplacer et notamment lors de la consécration, à se déployer comme un cercle nouveau, en formation constante (« gestaltung » constitutive de l’action eucharistique qui, comme l’édifice matriciel, nous enfante à la Vie nouvelle dans un rayonnement nouveau).
19 Christoph THEOBALD, « Art et théologie », dans D. Hétier et J. Cottin (dir.), Actes du colloque international et œcuménique, La théologie au risque de la création artistique, De l’apparaître à l’envol, Paris, Editions du Cerf, « Cerf Patrimoines », 2018, p. 39.
20 Il était indispensable de vivre une liturgie afin de recevoir les lieux, de se laisser éprouver dans et par l’espace liturgique comme lieu de genèse de l’assemblée renouvelée dans son corps.
21 BENOIT XVI, Discours lors de la « Rencontre avec les artistes », le 21 novembre 2019, à la Chapelle Sixtine, Rome.
22 Liturgie eucharistique.
23 Frédérique POULET, « Le corps en liturgie : une expérience de liberté », La Maison-Dieu, 274, 2013/2, p. 189.
24 Jean-Yves LACOSTE, Expérience et absolu. Questions disputées sur l’humanité de l’homme, PUF, Paris, 1994, p. 76.
25 Paul CLAUDEL, L’Œil écoute, Paris, Editions Gallimard, « Folio essais », 1946, p. 28. L’auteur emploie cette métaphore dans la description de notre espace intérieur mis en abîme par la spatialité d’une architecture d’église. Œuvre qui nous introduit à nous-même, qui nous découvre en capacité.
26 Saint AUGUSTIN.
27 Romano GUARDINI, L’Esprit de la liturgie, trad. de Robert d’Harcourt, Plon, 1920, Paris, p. 223.

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