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Une redécouverte spectaculaire de l'ultime chef-d'oeuvre de Léonard de Vinci au Musée du Louvre à Paris

Publié le : 26 Avril 2012
La « Vierge à l'Enfant avec Sainte-Anne » de Léonard de Vinci bénéficie d'une restauration de grande ampleur, constituant l'objet d'une exposition sans précédent organisée par le département de Peinture du Musée du Louvre. Cette exposition est visible jusqu'au 25 juin 2012.

La restauration de "La Vierge à l’Enfant avec Sainte-Anne" est entamée en juin 2010, avec le concours du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF). Cette décision prise à l’issue de l’organisation de journées d’études organisées au Louvre réunissant scientifiques, restaurateurs et historiens d’art a été mûrement réfléchie. Une telle intervention sur l’œuvre qui a traversé les époques et a subi de multiples retouches ou tentatives de conservation était nécessaire car l’état de détérioration de l’œuvre était très avancé.

"Sainte Anne, la Vierge et l’Enfant jouant avec un agneau"dit "La Sainte Anne" v. 1503-1519. Après restauration,©RMN, musee du Louvre / Rene Gabriel Ojeda

L’exposition est organisée selon deux axes. La première salle dévoile les travaux de recherches menés à partir de 1503 par Léonard et ses ateliers pendant près de vingt ans. La seconde nous présente les œuvres des artistes contemporains du maître et l’influence que la « Sainte-Anne » a exercé jusqu’au XXe siècle dans les milieux artistiques. Au total ce sont cent trente cinq œuvres qui sont exposées.

Selon les sources à disposition des historiens, deux hypothèses ont été retenues quant à l’origine de cette réalisation. Selon la première, il s’agirait d’une commande que Louis XII fit pour rendre hommage à son épouse Anne de Bretagne. On a avancé aussi la possibilité que son exécution ait été une commande florentine pour le retable de la Salle du Grand Conseil du Palazzo Vecchio.

Quelle qu’en soit le véritable déclencheur, ces hypothèses illustrent chacune l’importance accordée au thème de Sainte-Anne Trinitaire. Cette représentation semble être apparue dans l’iconographie à la fin du Moyen-âge. Elle correspond à la volonté des artistes de l’époque d’insister sur la figure de Sainte-Anne en tant que grand-mère du Christ. C’est en effet de son sein qu’est née la Vierge Marie qui enfanta à son tour l’Enfant Jésus. Cette iconographie symbolique représentant les trois personnages réunis est à comprendre comme une préfiguration du sacrifice du Sauveur.

La dévotion à Sainte-Anne est, aux alentours du XVIe siècle, très fervente. Léonard consacra vingt années de sa vie à la réalisation de ce tableau qui resta inachevé à sa mort en 1519. Les nombreux travaux préparatoires présentés dans l’exposition du Louvre témoignent de l’attention toute particulière accordée à cette œuvre. Les dessins présentés, à la pierre noire, au lavis ou encore à la sanguine, nous livrent les détails constitutifs des différents états de la recherche de l’artiste.

Pas moins de trois cartons préparatoires sont arrivés jusqu’à nous. Le dernier, le plus proche de la réalisation finale, a été prêté par la Burlington House de la National Gallery de Londres, accompagné de dessins issus des collections personnelles de Sa Majesté la Reine Elisabeth II.

 

 "Etude pour le manteau de la Vierge" v.1507-1510. Pierre noire, lavis gris et rehauts de blanc.Paris, musee du Louvre,© RMN / Thierry Le Mage

Chaque élément se conçoit comme une œuvre d’art à part entière, et tous nous témoignent du génie incontesté de Léonard. Une grande partie de ces travaux présentés est également issue des ateliers de l’artiste. Le cheminement dans cette première salle nous livre les détails d’étude des drapés, des paysages ou encore des modelés époustouflants des visages des personnages.

Alors, peu à peu, nous nous rapprochons du but et lorsque nous arrivons enfin devant l’œuvre entièrement restaurée, ravivée de son éclat, c’est en tant qu’observateur averti que nous pouvons admirer le chef-d’œuvre.

L’artiste accorda une attention toute particulière au visage de Sainte-Anne, pour parvenir à nous livrer cette incarnation de la grâce qui émane depuis le haut du tableau. La structure même de la composition avec la disposition des personnages en une diagonale descendante partant de la tête de la Sainte et allant vers l’enfant, est véritablement au service de la symbolique iconographique. Dans ce thème, l’artiste insiste sur la sagesse d’Anne, qui, connaissant le destin du Christ, se charge de le faire accepter à son tour à la Vierge en retenant légèrement le geste de cette dernière qui tend les bras vers l’Enfant Jésus jouant avec l’agneau. Lui-même, en attrapant l’animal dans ses mains, semble accepter sa destinée. 

 " Etude pour la tête de sainte Anne" v. 1502-1503. Pierre noire sur papier blanc. Windsor Castle, Royal Library. The Royal Collection,© 2011 Her Majesty Queen Elizabeth II

 

Dans les derniers états préparatoires réalisés par Léonard de Vinci, Marie paraît se résigner davantage face à la situation inéluctable du sacrifice de son Fils. L’expression psychologique constitue une caractéristique essentielle de l’œuvre de Léonard de Vinci. Dans le tableau final, l’attention est portée davantage sur les personnages que sur le paysage. Certains détails, tels les mains de l’Enfant plongeant dans la laine de l’agneau, contrastent avec le dépouillement du paysage du premier plan. Nous constatons qu’il est devenu plus « inquiétant » que les premiers travaux proposés, venant alors renforcer le drame annoncé par la scène qui se déroule sous nos yeux.

Atelier de Leonard de Vinci, "Sainte Anne, la Vierge et l’Enfant jouant avec un agneau" v. 1508-1513. Los Angeles, University of California, Armand Hammer Museum of Art, Willitts J. Hole Collection, © Photography courtesy the J. Paul Getty Museum, Los Angeles

Outre l’importance accordée à l’état psychologique, on retrouve dans cette œuvre la touche picturale propre au maître, le célèbre sfumato. Cette technique qui consiste en une juxtaposition de plusieurs couches de matière, donne aux formes cette impression vaporeuse, légèrement floue, leur conférant davantage de relief.

L’œuvre est considérée par les spécialistes comme l’un des jalons incontournables de l’Histoire de l‘art, annonçant ce que l’on a appelé la Haute Renaissance, avec Michel Ange et Raphaël. A l’époque, l’influence de cette œuvre se répand bien au-delà des frontières italiennes puisque les artistes s’en sont inspirés jusqu’en Flandres. A titre d’exemple, l’artiste Quentin Metsys propose une interprétation de ce thème qui rappelle à bien des égards la toile peinte par Léonard de Vinci.

 

Atelier de Quentin Metsys, "Vierge à l’Enfant dans un paysage". 
Poznan, Musee national, © National Museum, Poznań
 

Le tableau, entré au Louvre en 1797, était hautement considéré car il fut choisi à la fin du XIXe pour être accroché aux côtés de la Joconde dans le salon carré du Louvre, alors consacré aux chefs d’œuvres composant les collections du musée.

On arrive, au terme de l’exposition, devant les travaux des peintres tels Edgard Degas, ou encore Odilon Redon. Le célèbre psychanalyste Sigmund Freud en livra une interprétation toute particulière qui inspira notamment Max Ernst. Ces travaux témoignent de l’inspiration très féconde qu’engendra l’œuvre de Léonard de Vinci par delà les frontières et les siècles, traversant alors toutes les périodes de l’Histoire de l’art, de la Renaissance au Surréalisme.

 

Odilon Redon, "Hommage à Léonard de Vinci "v.1914. Amsterdam, Stedelijk Museum,
© Stedelijk Museum Amsterdam

Cette exposition très complète est incontestablement d’une grande qualité, tant au niveau scientifique, scénographique que pédagogique. Une réussite splendide qui mérite d’être vue et revue, jusqu’au 25 juin 2012.

Commissaire de l’exposition :
Vincent Delieuvin, conservateur au département des Peintures, musée du Louvre.

Informations pratiques :
Lieu :
Hall Napoléon, sous la pyramide
Ouverture :
Tous les jours, sauf le mardi, de 9 h à 18 h.
Nocturnes les mercredi et vendredi jusqu’à 21h45,
les samedi et dimanche jusqu'à 20h.


Renseignements :
01 40 20 53 17
site : www.louvre.fr

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