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Saint Louis à la Conciergerie, un règne où foi et pouvoir s’entremêlent

Publié le : 30 Octobre 2014
A l’occasion du huitième centenaire de la naissance de Louis IX, l’année 2014 a été rythmée de nombreuses manifestations qui mettent à l’honneur ce roi saint qui a tant marqué l’histoire et le patrimoine culturel français. Les festivités trouvent leur apogée cet automne avec des expositions au château d’Angers et au musée d’art et d’histoire du judaïsme, des colloques au Louvre mais surtout, avec la magistrale exposition « Saint Louis » organisée jusqu’au 11 janvier 2015 dans la salle des Gens d’armes de la Conciergerie à Paris. Celle-ci revêt un caractère unique pour la préciosité des objets d’art du XIIIe siècle et manuscrits gothiques qu’elle réunit pour la 1ère fois depuis très longtemps, issus des collections des plus grandes institutions françaises et étrangères.

 

L’ambition de cette exposition n’est pas de tout montrer de la personnalité riche de Louis IX et de l’histoire de son règne qui fut l’un des plus longs et des plus marquants de la France médiévale.

Conçue à partir de la question un peu provocante du grand médiéviste Jacques Le Goff « Saint Louis a-t-il vraiment existé ? »,  l’exposition veut aborder ce roi au destin exceptionnel sous un angle nouveau. Elle souhaite dépasser les 2 filtres de l’histoire - celui de la canonisation et celui du mythe -, pour revenir vers l’homme dans la réalité du XIIIe siècle.

Saint  Louis.  Normandie  ou  l’Île-de-France,  vers  1305-1310. Mainneville © RMN-Grand Palais (Médiathèque de l’Architecture et du patrimoine/Jean Gourbeix

Le parcours s’ouvre sur la statue de Saint Louis retrouvée au château de Mainneville en Normandie, propriété du principal ministre de Philippe IV le bel, petit-fils de saint Louis. Cette effigie aux traits individualisés, prémices d’un art du portrait, porte les vêtements royaux et tient soit des reliques de la Passion, soit des emblèmes du pouvoir. Cette statue datée des environs de 1305 résume à elle-seule la construction du mythe autour de la figure de ce roi canonisé depuis 1297. En effet, sa canonisation renforce son aura, favorisée par la production d’images de dévotion qui contribue à en faire un modèle pour ses successeurs.

 

Les descendants capétiens prennent ainsi en exemple ce roi devenu saint, célébré pour sa spiritualité à travers le culte des reliques ; mais aussi pour sa culture puisqu’il est le premier roi de France à laisser un texte personnel en langue française, son « Enseignements de Saint Louis ».

Entre le moment de sa mort en 1270 et sa canonisation, des écrits et une iconographie vantant les qualités du souverain juste, vertueux et défenseur de la chrétienté se développent. Cette image d’un roi exemplaire en vertu et en piété revient au cours du XIXe, surtout lors du retour des Bourbons sur le trône. En témoignent les tableaux du XIXe siècle exposés dans cette première partie, où l’homme et le saint apparaissent tour à tour dans des visions bourgeoise, intime, romantique, conquérante…

Enseignements  de  saint  Louis.  Paris,  vers  1330-1340. Paris,  Bibliothèque nationale de France. © BnF

Dans l’axe central de la scénographie, répondant à la statue de Mainneville, les scènes du Portement de Croix et du tombeau du Christ gardés par les gardiens endormis, sculptées sur le Jubé de la cathédrale de Bourges (1240), annonce la conquête de Jérusalem et le thème de cette deuxième partie : les rapports étroits entre foi et pouvoir royal. 

Toute l’ambigüité de la monarchie de Saint Louis tient en effet dans le fait qu’il s’identifie à la fois aux rois mérovingiens et aux rois de Judas. Les préoccupations politiques et religieuses s’entremêlent.

Il construit un Etat de plus en plus centralisé où l’affirmation d’un pouvoir royal efficace passe par des actes – le sacre ou encore la fondation de la nécropole royale de Saint-Denis -, ou par des images symboliques telles la construction de monumentales cathédrales ou de la Sainte-Chapelle.

Destinée à préserver les reliques de la Passion du Christ acquise par le roi en 1239-1241, cette chapelle royale est conçue pour être le reflet de Jérusalem. Présente dans l’exposition, la charte de sa fondation datant de 1246, qui assure à Louis IX la pérennité du culte rendu aux reliques et lui garantit l’organisation du service, montre une fois encore combien exercice du pouvoir et volonté de se mettre au service du Christ se confondent. Autour d’elle, manuscrits, objets précieux, reliquaires, vitraux, provenant tous de la Sainte-Chapelle, illustrent l’esprit de collectionneur du roi Louis IX pour le culte divin.

Plat inférieur du premier évangéliaire de la Sainte Chapelle. Paris, vers   1240-1248. Bibliothèque nationale de France. © BnF
Bible de Saint-Jean d'Acre. 3e quart du XIIIe siècle. Bibliothèque de l'Arsenal. © BnF

Malgré les difficultés rencontrées en Terre Sainte, Saint Louis favorise l’essor d’une riche culture chrétienne au Proche-Orient comme en témoignent les traits issus de la tradition occidentale des enluminures de la Bible de Saint Jean d’Acre. Si sa croisade pour tenter de délivrer le tombeau du Christ va le mener à la mort en 1270, elle lui permet surtout de se rapprocher davantage de son modèle, le Christ lui-même.

La dernière partie de la visite rend compte de l’épanouissement artistique au temps de Saint Louis, lié aux grands courants intellectuels, politiques et religieux. La pensée de Saint Thomas d’Aquin, illustrée dans l’exposition par la Somme contre les Gentils (1258-1265), véritable synthèse de la pensée chrétienne, reste indéchiffrable pour la plupart des contemporains. Ainsi, c’est l’enseignement de Vincent de Beauvais qui exprime l’ambition encyclopédique du siècle.

Dans la dernière salle, la Vierge à l’Enfant de Wargnies datant du dernier tiers du XIIIe siècle interroge sur les éventuelles influences qu’ont pu exercer le passionné saint Louis et sa cour sur le style même des œuvres du XVIIIe siècle, commandes officielles ou publiques mais aussi plus intimes ou privées. Le canon allongé et au buste cour de la sculpture en bois surmontée d’une petite tête, les plis profonds de ses vêtements volumineux qui mettent en valeur son déhanché accentué, traduisent un pathos nouveau, un souci d’expressivité, de sentiments intérieur, qui diffèrent de l’art équilibré et serein de la 1ère moitié du siècle. 

Vierge et l'Enfant. Wargnies, vers 1270 ou dernier tiers du XIIIe  siècle, Paris, Musée du Louvre.

Les 130 objets d’art et d’histoire de l’exposition « Saint Louis », tâchent de répondre aux questions « Ce roi de France aussi puissant, que savons-nous de lui ? » « Pourquoi a-t-il tant marqué l’histoire ? »
Ils permettent ainsi de mieux comprendre la réalité de son voyage inachevé pour la quête de Jérusalem, dans lequel foi et pouvoir sont indissociablement liés ; et de mesurer l’influence qu’a eu Saint Louis dans la floraison artistique qui marque son règne. Une visite de la Sainte-Chapelle, témoignage le plus précieux du mécénat de Louis IX, complètera idéalement celle de l’exposition.

Vue du Palais de la Cité fin XIVe siècle.
Reconstitutions 3D. Borne tactile interactive.
© Institut Passion for Innovation – Dassault Systèmes. 2014

Informations pratiques

Exposition « Saint Louis », Ouverture au public du 8 octobre 2014 au 11 janvier 2015

La Conciergerie
2 Boulevard du Palais
75001 Paris, France

www.conciergerie.monuments-nationaux.fr
Ouvert tous les jours de 9h30 à 18h - Sauf les 25 décembre et 1er janvier De 9h30 à 18h - dernier accès à 17h
Nocturnes tous les mercredis jusqu'à 20h - dernier accès à 19h (sauf le 24/12 et le 31/12)
Plein tarif : 8,50 €  / Tarif réduit : 5,50 € 

Billet jumelé Sainte-Chapelle (donnant accès coupe file)
Plein tarif : 12,50 € / Tarif réduit : 8,50 €

Autour de l'exposition
Visite en famille (7,50 euros par enfant)
14h et 15h30, mercredi sauf le 12 novembre  Tous les jours du 18 octobre au 1er novembre et du 20 décembre au 3 janvier sauf  22, 23, 29 et 30 décembre 

Visites conférences (15 euros, exposition incluse)
10h30, mardi, samedi sauf le 3 janvier
14h30, lundi, mercredi, jeudi et vendredi

Contes et Histoires,  22, 23, 29 et 30 décembre

À  cette  occasion, le  catalogue  de  l'exposition  organisée à la Conciergerie évoque la singularité de ce roi qui a offert à la France médiévale un véritable renouveau économique, intellectuel et artistique.

Préfacé par Jacques Le Goff, cet ouvrage analyse la personnalité de l'homme et l'exercice du pouvoir  royal.  Il  révèle  également  les  richesses  de  l'art  du  XIIIe  siècle,  où  culmine  le monument  phare  du  règne  de  saint  Louis  :  la  Sainte-Chapelle,  reflet  de  la  Jérusalem  céleste  et écrin des reliques de la Passion du Christ. 

Saint Louis
Collection « Catalogues d'exposition. » Parution : 2 octobre 2014 - Prix : 45 euros - 24 x 29 cm - 310 pages - 250 illustrations
 

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