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Jeanne : son audace, son courage, sous le regard de Sandrine Bonnaire

Publié le : 7 Mai 2020
Le 16 mai prochain, l’Eglise fêtera le centenaire de la canonisation de Jeanne d’Arc, sainte patronne secondaire de la France, qui fut célébrée en 1920 par le pape Benoît XV. Tout au long de cette « année johannique », Jeanne est célébrée par 14 diocèses qui l’ont « connue », des Vosges à Rouen, en passant par Orléans, Soissons et bien d’autres. Cette commémoration est l'occasion de revenir sur l’intérêt que la figure de Jeanne n’a cessé de représenter pour le cinéma. Interprète de « Jeanne la Pucelle » dans le film réalisé en deux volets par Jacques Rivette en 1994 (« Les Batailles » puis « Les Prisons »), Sandrine Bonnaire s’est confiée à Narthex.

Narthex : Avec la distance, quel souvenir vous a laissé ce rôle de Jeanne ?

Sandrine Bonnaire : C’est l’un des rôles qui m’a le plus marquée dans ma carrière. Il y a des rôles plus difficiles à oublier que d’autres, dont il est moins évident de se détacher : Jeanne d’Arc en fait partie. Parce qu’il a fallu que je me documente sur sa vie - ce qui m’a amenée à lire un peu la Bible -, sur le contexte, que j’apprenne à monter à cheval, aussi ! Finalement, ce rôle demandait un travail plus poussé que d’autres. Et puis de grandes actrices l’ont interprété : Renée Falconetti ou encore Ingrid Bergman, des grandes ! Il y avait une sorte de pression à « passer » après elles. C’est quand même le 'fantasme' de quasi toutes les actrices de cet âge-là de jouer cette Jeanne.

Sandrine Bonnaire dans le film « Jeanne la Pucelle » de Jacques Rivette en 1994.

Narthex : Quand vous dites que ce rôle vous a marquée, a-t-il a aussi nourri d’autres rôles que vous avez pu avoir par la suite ?

Jeanne d’Arc était une femme qui se battait contre les injustices et je la prends volontiers comme modèle.

SB : Je crois que cette interprétation a surtout nourri mon âme, dans le sens où Jeanne d’Arc était une femme qui se battait contre les injustices et que je la prends volontiers comme modèle. Quand certains la pensaient sorcière ou sainte, moi je la vois simplement femme, humaine. Et ce qui me plaît en elle, c’est son audace, son courage : à son époque, les femmes ne chevauchaient pas, elles n’étaient pas entourées d’hommes, elles ne les commandaient pas… Et puis elle a eu cette ténacité, jusqu’au bout, de vouloir conserver sa liberté, de faire fuir l’ennemi et puis d’être capable aussi de pleurer sur lui quand il subissait des pertes humaines.

SANDRINE BONNAIRE DANS LE FILM « JEANNE LA PUCELLE » DE JACQUES RIVETTE EN 1994.

Narthex : Voyez-vous, dans les combats que vous-même menez, des similitudes qui vous font vous sentir proche d’elle ?

SB : Je ne crois pas en Dieu mais je crois en l’Homme. Et Jeanne, je pense, croyait en l’Homme, tout en croyant en Dieu. Elle offrait toujours une chance aux Anglais de partir, elle les sommait de déguerpir avant de les faire tuer. Parce que - paraît-il - elle n’a jamais tué personne elle-même...

Narthex : Quel est le projet qui vous porte et qui vous ferait vous battre ?

SB : En ce moment je suis en train de me battre… enfin « me battre », je ne sais pas si c’est vraiment le mot, mais en tout cas j’ai « ouvert ma parole » et j’ai maintenant envie d’être dans l’action de cette parole qui s’oppose aux violences faites aux femmes. J’ai été violentée et j’ai désormais envie d’agir. Avec un groupe de femmes - et d’hommes aussi - nous avons décidé d’ouvrir une maison d’accueil d’urgence pour les femmes violentées et les guider, juridiquement, médicalement, psychologiquement… « La Maison des âmes » va ouvrir à Paris, dans le XVIIIe. Je peux dire que c’est mon combat d’aujourd’hui, après celui pour l’acceptation de l’autisme. Ça peut paraître naïf, un peu mielleux je le sais, mais je préfère être naïve qu’amère, et j’ai vraiment envie de me battre pour la « considération de l’autre ». Un regard qui change sur l’autre, qui l’accepte dans sa différence, conduit à moins de violence.

Comme en confidence, avant de nous quitter, Sandrine Bonnaire nous confie :

SB : Et petit clin d’œil : ma première fille s’appelle Jeanne. Elle est née l’année de la sortie de « Jeanne la Pucelle » !

Propos recueillis par le P. Gautier Mornas.

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