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Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

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De fil, d’or et d’argent

Publié le : 17 Janvier 2020
Le Musée de Cluny présente, le temps de l'exposition « L’art en broderie au Moyen Âge », l’intégralité de sa collection de broderies médiévales. Mises en regard avec des pièces provenant d’autres institutions, le musée national du Moyen Âge propose jusqu’au 20 janvier une rétrospective des grands centres de production d’Europe occidentale.

Figure d'applique : Vierge à l’Enfant, Pays germaniques ou Flandre, milieu du 15e siècle, Broderie de soies polychromes et de filés or et argent sur toile de lin ; une perle de semence ; perles de verre © RMN-Grand Palais (musée de Cluny - musée national du Moyen-Âge) / Mathieu Rabeau

L’Angleterre, l’aire rhéno-mosane, la France, l’Italie et les Flandres occupent, chronologiquement et chacun selon des techniques spécifiques, les commandes des grands princes et prélats. On se trouve immergé dans ce monde luxueux où l’affirmation de soi, souvent exprimée à travers les œuvres monumentales, touche ici aux objets les plus intimes comme les aumônières, ces bourses portées à la ceinture.

Fragment d’aumônière : Fauconnier, France (Paris), vers 1340, Velours rouge coupé (fond) ; toile de lin et taffetas de soie léger rapportés ; broderie de soies polychromes et de filés or © Lyon, musée des Tissus et des arts décoratifs / Sylvain Pretto

Les pièces profanes sont toutefois plus rares que leurs consœurs à usage liturgique, qui nous plongent au cœur de la célébration. Alors que se multiplient les messes privées, le décor des chapelles fait l’objet de toutes les attentions des commanditaires et notamment l’autel, revêtu d’un antependium.

Antependium : figures de saints, Aire mosane ou germanique, début du 14e siècle, Broderie de soies polychromes et de lames métalliques sur toile de lin © RMN-Grand Palais (musée de Cluny, musée national du Moyen Âge) / Gérard Blot

Mais c’est surtout la garde-robe liturgique du prêtre (dont le surnom « d’ornements » prend tout son sens) qui a laissé le plus de vestiges : bourse de corporal, chasuble, chape, aube, manipule, mitre ou encore sandale.

Mitre brodée de la Sainte-Chapelle Paris (?), vers 1375-1390 Lampas de soie ; broderie de soies polychromes et de filés or et argent, soies polychromes, perles de semence, « pierres de verre » ; broderie appliquée et emboutie © RMN-Grand Palais (musée de Cluny, musée national du Moyen Âge) / Michel Urtado

Un véritable inventaire de ce que l’on peut encore trouver dans les chapiers des églises paroissiales. La messe célébrée ad orientem incite les brodeurs à privilégier le dos des vêtements liturgiques, véritable support où se déploient des décors historiés apparentés au reste de la production figurée. L’exposition replace en effet la broderie dans le champ des peintres, qui fournissaient des cartons à l’instar de la tapisserie, du vitrail ou encore de la sculpture, mais qui pouvaient aussi directement peindre sur la toile.

Cycle de la vie de saint Martin : L’apaisement des flots ; médaillon provenant d’un ensemble de deux croix de chasuble et de deux bandes d’orfroi France, vers 1440-1450, Barthélémy d’Eyck (patron), Pierre du Billant (broderie) Broderie de soies polychromes et de filés or et argent sur toile de lin © Lyon, musée des Tissus et des Arts décoratifs – Pierre Verrier

La nature même de ces objets leur confère une grande malléabilité, et le parcours de l’exposition nous montre de manière très didactique comment la broderie d’application gagne du terrain au fil … des siècles. On assiste à de radicales transformations : ainsi l’ancien carapaçon de cheval brodé pour le roi Edouard III d’Angleterre, fut transformé en chasuble, étole, manipule et corporal avant d’être démontée par le musée de Cluny en 1939.

Fragment d’un caparaçon de cheval Angleterre, vers 1330-1340 Velours de soie rouge, support intermédiaire en taffetas de soie ; broderie : soies polychromes, filés or et argent (lames d’argent doré sur âme de soie et d’argent sur âme de lin), perles et cabochons de verre ; broderie en relief © RMN-Grand Palais (musée de Cluny - musée national du Moyen-Âge) / Michel Urtado

Après Mystérieux coffrets, le musée national du Moyen Âge nous propose encore une fois un sujet original, montrant l’étendue et la diversité de ses collections constamment enrichies. L’art de la broderie, la plupart du temps confiné dans les réserves en raison de sa grande fragilité, reprend sa place au rang des productions médiévales de luxe. On retient son souffle devant le raffinement de ces réalisations tant elles paraissent éphémères.

Caroline Blondeau-Morizot

Toutes les informations pratiques pour visiter l'exposition en cliquant ici.

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