Événement

Exposition Georges de la Tour Entre ombre et lumière

11
septembre
au 25 janvier 2026
Né en 1593 en Lorraine d’un père boulanger, Georges de La Tour mourut en 1652, à Lunéville, dans une relative aisance.

Célèbre de son vivant, il deviendra le peintre officiel de Louis XIII, mais tombera dans l’oubli dès son décès, comme nombre d’artistes. Il faudra attendre le xxe siècle pour que les historiens de l’art, aiguillonnés par la naissance du marché de l’art, le redécouvre. On lui attribue aujourd’hui environ 76 œuvres dont une trentaine est exposée à cette heure, au Musée Jacquemart-André.
Il peignait à l’huile sur toile, selon la technique du glacis qui consiste à superposer des couches fines sur un fond sombre, laissant transparaître la couche inférieure.

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Le nouveau-né

Il développera un goût prononcé pour l’éclairage diurne obtenu par le scintillement de la flamme d’une bougie dans la pénombre, une inspiration du caravagisme européen. En effet, à cette époque, non seulement les artistes mais les œuvres circulaient, permettant une interpénétration des influences.
Cependant, à rebours du Caravage (1571-1610) dont la représentation de la scène est souvent théâtrale, Georges de La Tour privilégiera une forme épurée favorisant l’introspection. C’est ainsi par exemple, que nous découvrons les figures religieuses, absorbées dans la prière ou la lecture, dans une rare économie de gestes et de détails. A celle-ci répond l’économie des moyens employés par le peintre : le fond de la toile est neutre ; une palette réduite à 3 ou 4 couleurs (souvent le vermillon ; le blanc ; la couleur terre ; le noir) qu’il dégrade à l’infini dans un jeu de correspondances chromatiques ; une luminosité peu diffuse qui favorise le contraste ombre/lumière et fait ressortir les reliefs.

Cet artiste aura une prédilection toute particulière pour les figures de saints, les scènes de genre et les plus humbles.

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Peintre du religieux

Saint Thomas à la Pique

Georges de La Tour aura peint nombre de saints. A l’occasion de cette exposition, nous pouvons y retrouver le célèbre Saint Pierre repentant (1645), Saint Jérôme lisant, Saint Jacques le Majeur, Saint Jacques le Mineur mais aussi Saint Thomas à la Pique, Saint Philippe et Saint Grégoire. La présence intense des personnages est magnifiée par la lueur des chandelles, les reflets qui éclairent les visages burinés, dont ils font jaillir la lumière intérieure.

Job raillé par sa femme

Dans le tableau Job raillé par sa femme, la lumière accompagne la posture de domination  de la femme sur l’homme, plongé dans l’ombre,  dont on voit les mains tordues par l’angoisse et la douleur. Seuls des éclats de touches lumineuses reflètent le regard des personnages.

La Madeleine pénitente

est une méditation en clair-obscur d’une bouleversante humanité.

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Peintre de scènes de genre

La femme à la puce

Georges de La Tour nous régale par son sens de l’observation. Pensons à La femme à la puce, seul nu représenté par l’artiste. Les gestes de la femme sont d’une suggestivité absolue : on la voit écraser la puce entre ses doigts. C’est tout juste si l’odeur de la cire ne monte pas jusqu’à nous….

L’argent versé

L’argent versé évoque une collecte d’impôts. On remarque la blancheur du cahier de comptes qui tranche sur l’ombre jetée sur tous les personnages, à l’exception de l’homme éclairé par la bougie, à la droite du tableau. La flamme en fait ressortir les stigmates de la vieillesse : ridules ; travail des mains ; barbe grisonnante.

Observons également La fillette au brasero ou Le souffleur à la pipe (retrouvé dans un train rempli d’œuvres spoliées par Göring) dont les joues sont gonflées par l’effort. L’action se déroule sous nos yeux.
Enfin, comment ne pas évoquer Le tricheur à l’as de pique et La diseuse de bonne aventure dont les jeux de regard sont saisissants ?

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Peintre des humbles et des marginaux

Le vieillard au chien

Georges de La Tour représentera paysans et mendiants dans toute la crudité de leur condition : ongles longs, et sales, vêtements dépenaillés. Mais les sujets sont traités avec une intensité telle qu’elle leur confère une réelle dimension spirituelle et leur dignité en ressort sublimée. Les tableaux Vieil homme, Vieille femme, Les mangeurs de pois, Le vieillard au chien dont la lumière crue projetée sur la moitié de son visage révèle la cécité , nous bouleversent par leur vérité, révélant leur caractère universel.

Il est encore intéressant de noter qu’un tableau comme Le nouveau-né peut, selon le regard qu’on lui porte, suggérer une scène religieuse ou profane. Certains y liront un tableau de la Vierge avec Sainte Anne, d’autres la représentation d’une femme en profonde contemplation devant son enfant. La dimension mystique y est amplifiée par la lueur de la bougie masquée par la main. On ressent presque la chaleur de la flamme…

La sobriété de l’approche de Georges de La Tour favorise la transfiguration des gestes les plus simples de la vie quotidienne. À contre-courant de la peinture de l’époque marquée par le maniérisme, cet artiste s’inscrira dans un réalisme sans pathos, d’une profonde humanité.

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Il serait dommage de laisser passer l’occasion d’admirer un des plus grands maîtres du clair-obscur du xviie siècle dont les toiles sont si rarement exposées en France : il s’agit seulement de la seconde fois !

 

Ariel de Fontenilles

 

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