Travailler à Notre-Dame, c’est sentir le poids de l’Histoire. C’est mesurer l’attachement d’un pays, d’un peuple, à un bâtiment qui représente bien plus que de la pierre et du bois. Ce que nous avons posé, restauré, ajusté, nous l’avons fait avec une forme de responsabilité collective. Nous savions que ce chantier serait regardé, attendu, espéré.
Techniquement, la restauration du parquet des stalles représentait un défi important. Il fallait préserver l’existant, intervenir sans jamais abîmer. Réfléchir à chaque étape, s’adapter aux contraintes du site, travailler dans une cohabitation permanente avec d’autres corps de métier. C’est un exercice de précision et de rigueur, mais aussi d’écoute. On avance ensemble, ou pas du tout.
Ce chantier m’a aussi offert de très belles rencontres. Des architectes, des artisans, des techniciens, tous animés par un même sens du détail et une même exigence. Il y avait une vraie solidarité, une bienveillance qui fait la différence dans un environnement aussi exigeant. Dans les moments de tension, ce sont ces liens humains qui nous portaient.
L’un des souvenirs les plus forts pour moi a été la pose des panneaux, propres à Notre-Dame. C’était un moment d’extrême concentration. Ce n’était pas solennel au sens classique du terme, mais on savait tous que quelque chose d’important se jouait.
Ce chantier a également permis de mettre en lumière notre métier de parqueteur. Un savoir-faire souvent méconnu, mais essentiel à la restauration du patrimoine. Grâce à la communication autour du projet, nous avons pu valoriser cette profession, et j’ai été particulièrement touché de voir qu’elle a été reconnue au plus haut niveau de l’État. Une fierté que je partage avec toute mon équipe.
Aujourd’hui, avec un peu de recul, ce que je retiens avant tout, c’est la transformation personnelle que ce chantier m’a apportée. Il m’a appris la patience, l’exigence, la coopération. Il m’a aussi donné confiance dans la valeur de ce que nous faisons, dans notre rôle dans la transmission d’un héritage culturel.
Ce projet n’était pas seulement une restauration. C’était une expérience collective rare, un moment suspendu dans une vie professionnelle. Une manière de participer, à notre échelle, à quelque chose qui restera.
Victor-Emmanuel Guesdon,
entreprise, Ancoch Parquets