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Pierre Buraglio – Via Crucis – Chemin de croix de La Trinité-des-Monts à Rome

À l’invitation du Frère Renaud Escande, o.p. directeur des Pieux établissements de la France à Rome, Pierre Buraglio a réalisé un Chemin de croix – Via Crucis – pour l’église de La Trinité-des-Monts à Rome qui a été installé en janvier 2025.
Publié le 03 décembre 2025

L’artiste nous livre une œuvre forte, profondément enracinée dans les évangiles. Son texte reproduit ici explique chacune des 15 stations de son Chemin de croix. On mesure combien son travail se nourrit de l’iconographie chrétienne à travers les âges et de ses rencontres avec les œuvres dans les musées. 

En répondant à la commande d’une Via Crucis pour l’église de la Trinité-des-Monts à Rome, Pierre Buraglio s’inscrit dans l’héritage de la culture judéo-chrétienne et comme artiste dans la longue filiation des peintres et sculpteurs qui ont repris les grands thèmes de l’iconographie chrétienne. 

Depuis plus de 40 ans, la pratique de Pierre Buraglio consiste à dessiner « d’après » des œuvres de maîtres anciens. En recevant cette commande il reconnaît avoir toujours eu en tête de nombreuses représentations de Chemin de croix.

Pour l’artiste le Chemin de croix lui permet d’évoquer le monde et les hommes dans leur souffrance. « Le Christ est le juste, condamné par les autorités religieuses, Hérode et l’occupant romain. Il incarne la souffrance universelle. Ce récit est actuel car il permet de figurer la souffrance d’un homme en lui donnant un caractère universel. »

Pierre Buraglio créé ce Chemin de croix dans une écriture tout en retenue et force. Son travail d’épure – pour ne garder que le trait essentiel et signifiant – dit, avec une grande justesse, le drame de la Passion.

Les œuvres de Pierre Buraglio sont conservées dans de nombreux musées en France et à l’étranger. Il est souvent sollicité pour des commandes pour des édifices religieux comme la chapelle Saint-Symphorien à l’église Saint-Germain-des-Prés, l’oratoire de l’Hôpital Bretonneau, l’église Sainte-Claire, la chapelle du Père Lataste au couvent des Dominicains à Paris, une tapisserie pour la cathédrale de Rouen et des vitraux à l’église Saint-Martin de Curzay-sur-Vonne (Vienne). 

 

Fr. Marc Chauveau, o.p.

 

Via Crucis

« J’ai appréhendé les moments, le factuel universellement connu, le nom des protagonistes, les outils et les objets, les lieux. (…) J’ai la conviction que le chemin de croix manifeste au-delà du monde chrétien la souffrance universelle.

 

Judas. Son nom est le synonyme de trahison. La torche est empruntée à Giotto (les fresques de la Cappella degli Scrovegni à Padoue). Tandis que la présence soldatesque est récurrente.

 

 

Les noms des trois décideurs du drame. Ce sont ; le grand prêtre Caïphe, suivi par les pharisiens hypocrites lesquels redoutent le discours nouveau du Galiléen. Le roi Hérode, qui craint pour son pouvoir. Et le représentant de l’occupant romain : Ponce Pilate, dont le nom se confond avec la lâcheté.

 

Salut roi des Juifs. Christ aux outrages…Ecce Homo… Le visage comme cagoulé de Jésus est emprunté à Fra Angelico (Couvent San Marco, Florence). Signes offensant dans leur ironie : un sceptre, une palme.

 

 

Pour la montée au calvaire, j’ai repris un dessin de 1979 (aujourd’hui dans la chapelle œcuménique de Flaine) d’après une toile du cycle du Tintoret à la Scuola San Rocco, Venise.

 

 

Simon de Cyrène. Son nom s’associe de fait à la solidarité. Ce bras musculeux est celui résolument d’un homme du peuple. En arrière-plan, les croix – celle de Jésus, des deux larrons et… des milliers de crucifiés annuellement.

 

Le voile de Véronique. Le prénom de cette jeune femme symbolise la compassion, l’entraide envers l’humanité, le blessé. J’ai ramené – car c’est ainsi que je le ressens -, son visage à une face évidée (ce qui n’est pas étranger au dessin que fit Matisse pour la chapelle du Rosaire à Vence).

 

Ne pleurez pas femmes de Jérusalem. Pour cette station, j’ai emprunté à Andrea Mantegna que Matisse avait lui-même approché dans ses recherches (référence à la prédelle de la Pala di San Zeno, Louvre).

 

Jésus de Nazareth tombe trois fois. Reprise partielle de la montée au calvaire, amorce de la croix, soldat.

 

 

La tunique faite d’une seule couture. Dessin schématisé de la tunique que les légionnaires joueront aux dés, au profit d’un vainqueur. Ces détails ancrent le drame dans le réel de l’époque.

 

Golgotha écrit en araméen. Ce nom est transversal à l’iconographie chrétienne. Évocation d’un monticule, juché de la Croix et de l’échelle – instrument de la crucifixion / descente de croix.

 

 

 Le vocable vinaigre suffit à montrer la cruauté cynique. Une éponge imbibée de vinaigre à la demande de l’assoiffé.

 

 

Reprise d’un dessin d’après un maître rhénan réalisé à Colmar.
L’après…Le vide… Et le nom d’un juste, celui de Joseph d’Arimathie, qui offrira son champ pour la sépulture.

 

Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé. Amorce de la croix, que pointe une flèche. La présence céleste d’un ange (référence à Giotto) transcende ici, pour la chrétienté, la situation.

 

 

Pietà… Mater dolorosa… Le long corps lourd de Jésus sur les genoux de sa mère est repris d’un dessin fait au musée d’art de Catalogne à Barcelone. En surplomb : le signe pariétal, soit un poisson, des premiers chrétiens persécutés.

 

Aux 14 stations traditionnelles, j’en ai ajouté une 15e, comme un prologue afin de situer l’action, à savoir : la Palestine contemporaine de Jésus de Nazareth, le palais-forteresse d’Hérode. Et par le toponyme, le rappel de la nuit au jardin de Gethsémani.
La référence aux quatre évangiles est constante quant aux étapes successives, de l’arrestation à la mort. »

 

Pierre Buraglio,
Rome, janvier 2025

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