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Les Litanies de la Vierge Marie de Gabrielle de Lassus Saint Geniès

En cette très belle solennité liturgique du 15 aout qui célèbre l’Assomption de la Vierge Marie, au moment où elle monte aux cieux dans la gloire de ses retrouvailles avec Dieu, au terme de sa vie terrestre, Narthex toujours prêt à poursuivre sa quête de la spiritualité, a le plaisir de vous accompagner dans la présentation d’une exposition qui s’est tenue à Lourdes à l’été 2024 et qui a été prétexte à la présentation d’un bel et délicat ouvrage en bleu et blanc intitulé « L’herbier de la Vierge «, conçu et réalisé par l’artiste poète : Gabrielle de Lassus Saint Geniès.
Publié le 13 août 2025
Écrit par Jeanne Villeneuve

Cette exposition présentait une sélection de 18 cyanotypes numérotés et uniques rassemblés dans une sorte de petit catalogue d’exposition ou de petit recueil de  méditation, en tirage unique de 90 cm de large sur 220 cm de hauteur disposés dans un  quadridyptique constituant des « baies ». Chaque volet, dont les titres pourraient servir  d’exergue de la nature a en réalité un double titre en latin et en français : Mater/ Mère,  Virgo/ Vierge, Eva Nova/ Eve Nouvelle, Regina/ Reine, nous rappelant que l’artiste  reprenait une tradition de prier la Vierge, dès l’époque médiévale et que la mère de  Jésus a été nommé de différentes façons. 

Le cyanotype étant un procédé d’impression photographique monochrome négatif et  ancien, par le biais duquel on obtenait un tirage photographique bleu de Prusse, bleu de  Cyan. Cette technique avait été mise au point par le scientifique et astronome anglais  John Frederick William Herschel en 1842. Le procédé utilise un mélange composé de  citrate d’ammonium féerique et de ferricyanure de potassium qu’on applique sur une  feuille de papier. Sous l’exposition des rayons U.V. du soleil et après un temps  d’exposition de quelques minutes, on obtient par contraste des motifs qui apparaissent  en blanc sur fond bleu.  

Gabrielle de Lassus reprend à son compte cette technique ancienne de photographies ou  de photogrammes pour créer des empreintes de végétaux, des motifs de tissu en  dentelle (représentant dans l’imaginaire de l’artiste le voile de Marie ou de la mariée),  des images botaniques en prenant les herbes et fleurs de la nature pour objet de grâce  infinie et éternelle. Prétexte oh ! Combien suranné pour permettre à nos esprits  contemporains de se libérer des enclaves d’ici-bas par la médiation sur les plantes  représentées. Son effeuillage un matin s’est transformé pour nous par la magie de l’art  en un instant d’éternité.

Nous avons alors de la joie à imaginer qu’un jour ces petits tableaux deviennent des  vitraux dans une chapelle de la Vierge d’une belle église abandonnée et à restaurer ; éclairant alors de leurs beaux reflets bleus des fidèles priant et récitant des chapelets et  méditant dans une ambiance azuréenne sur les mystères liés à Marie. Quand à  l’acception botanique, tel un songe, elle s’ouvre sur l’éventuel désir de se libérer des  épines du jardin du monde pour entrer dans une belle vision spirituelle.  Notre humanité devenant messagère de la beauté de la nature dans cette végétation  stylisée et sélectionnée par l’artiste, dans son allégresse. Dans cette forêt botanique  minutieusement choisie, Gabrielle de Lassus, n’erre pas mais elle sait traquer chaque  détail, explorer chaque petit secret de la graminée. Les belles lumières colorées de soleil  feront apparaître nos états d’âme en projetant des ombres sur les murs et les pavements  de l’église.
De nos jours, la pratique liturgique dédiée à Marie ne fait plus partie des prières  officielles de l’Eglise. Les bréviaires de Marie d’usage courant dès le XI° siècle sont en  effet tombés en désuétude à la fin du Concile Vatican II. Ces livres étaient cependant très  riches en substance servaient au petit office de la Vierge, l’une des formes les plus  traditionnelles de dévotion, en même temps qu’un incroyable exercice de piété.  Parmi les livres liturgiques qui contenaient l’ensemble des textes nécessaires pour prier  la liturgie des heures de l’office divin, les clercs des ordres sacrés priaient par cycle de 4  semaines avec des psautiers, des antiphonaires, des collectaires, des homéliaires, des  lectionnaires, toute la litanie des saints avec les martyrologues. Toutes les fêtes mariales ou non, tous les rites étaient scrupuleusement mentionnées dans ces livres.  

Et même s’il n’y avait pas à proprement parlé, d’herbiers destinés à aider la prière des fidèles, on peut considérer que « l’herbier de la Vierge » de Gabrielle de Lassus Saint  Geniès, appartient à la catégorie des livres d’heures avec sa collection de plantes séchées  et pressées révélées, sur un support de papier épais. On peut aussi voir dans cette  collection de cyanotypes une sorte de dévotion mariale en un rosaire (couronne de  roses) toujours recomposé. 

La couleur bleue des cyanotypes de Gabrielle de Lassus nous renvoie naturellement et  traditionnellement à la couleur associée dans l’art chrétien et la dévotion mariale à  Marie. Cette couleur est indissociable de celle de la Vierge Marie. Elle symbolise, la  pureté, la royauté, le ciel. Elle, qui conçu un enfant sans péché, incarne bien la pureté  spirituelle. Dès l’antiquité, le bleu était rare et précieux, difficile à obtenir (souvent les  pigments étaient obtenus en broyant des pierres comme le lapis-lazuli). Dans ce contexte religieux, ce bleu évoque donc bien plus qu’une simple couleur vestimentaire,  mais il véhicule une signification spirituelle des plus profondes. En tant que mère de  Dieu, les artistes ont choisi cette couleur symbolique pour indiquer le rôle unique de la  Vierge dans l’histoire du salut de notre humanité. 

Gabrielle de Lassus Saint Geniès nous invite donc à partir de son herbier si subtil  d’intériorité  à prier, méditer, contempler, ses belles images et ses quelques lignes de  poésie, n’importe où, en silence ou en musique. Elle nous laisse aussi en questionnement devant le mystère de l’incarnation. Les plantes nous révélant que la femme que Dieu a  choisie comme Mère du Christ a magnifiquement su répondre à sa vocation. 

©GLSG – Chant de fleurs dans un Eden suspendu.

 

Jeanne VILLENEUVE    

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