Voir toutes les photos

La face cachée des œuvres. Exposition « Verso » au Kunstmuseum de Bâle

Au Kunstmuseum de Bâle (Suisse) se tient jusqu’au 4 janvier 2026 l’exposition « Verso » qui nous révèle la face cachée des œuvres, au sens propre comme au figuré. Généralement invisible au public, le verso des tableaux est réservé aux spécialistes des musées - conservateurs et restaurateurs - qui l’étudient pour mieux en comprendre la matérialité ou l’histoire. L’exposition dévoile les secrets dissimulés au revers de trente-six œuvres issues exclusivement du fonds permanent du musée.
Publié le 06 mai 2025
Vue de l’exposition « Verso », salle des retables, Kunstmuseum de Bâle, ©Max Ehrengruber

Le parcours se concentre particulièrement sur les grands retables de la collection, dont la scénographie soignée permet d’en admirer toutes les faces. Les retables, qui constituaient un élément essentiel de la dévotion au Moyen Âge, étaient composés de volets peints bilatéralement. Ils n’étaient ouverts que pour les  grandes fêtes suivant le calendrier liturgique. On apprend ainsi que les donateurs  et mécènes appréciaient de figurer à une place de choix, c’est-à-dire dans les  volets intérieurs centraux, au plus près des représentations des scènes de la vie  du Christ. Sur les volets externes figuraient souvent les saints protecteurs de  l’église ou de la ville. On trouvait aussi parfois d’autres éléments de décors, le plus  souvent des végétaux, comme la liane en référence à la racine de Jessé. Outre leur  aspect décoratif, ces éléments au verso avaient aussi une dimension conservatoire  : peindre le revers permettait de mieux conserver le support en bois. Les versos  des œuvres font également la part belle aux armoiries de toutes sortes. Leur  présence permettait d’identifier les personnes représentées ou les  commanditaires. 

Portrait de l’anabaptiste David Joris, vers 1540-45, huile sur bois de chêne, 88.9 x 68.4 cm, Kunstmuseum de Bâle, ©Martin P. Bühler

Le verso le plus remarquable est sans doute celui du Portrait de David Joris, réalisé par un artiste néerlandais anonyme. David Joris s’était installé à Bâle en 1544 et avait prospéré  économiquement et socialement, suscitant l’admiration générale. L’homme, qui avait vécu à Bâle sous un faux nom, était en réalité recherché en tant qu’« hérétique ». Après sa mort en 1556 on découvrit a posteriori qu’il était membre des « anabaptistes ». Il fut condamné de manière posthume mais son portrait fut conservé et une inscription en latin et en allemand fut apposée pour révéler la « vraie nature » de  l’homme : elle devait servir  d’avertissement à la population. 

 

Outre quelques artistes célèbres tels Hans Baldung dit Grien, Lucas Cranach et  Konrad Witz, ce sont principalement des œuvres d’anonymes germaniques et  flamands des 14e au 17e siècles qui sont exposées, mettant en lumière une  collection habituellement reléguée aux réserves du musée. Exigeante, l’exposition  s’adresse en premier lieu aux connaisseurs mais laisse place à de belles  découvertes pour tout un chacun. 

Portrait de l’anabaptiste David Joris (revers), vers 1540-45, huile sur bois de chêne, 88.9 x 68.4 cm, Kunstmuseum de Bâle, ©Martin P. Bühler

Chloé Tuboeuf Bizzotto 

Notes

Exposition « Verso » jusqu’au 4 janvier 2026, Kunstmuseum de Bâle, Suisse

Contenus associés
Commentaires
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

INSCRIPTION NEWSLETTERRecevez quotidiennement nos actualités, les informations des derniers articles mis en ligne et notre sélection des expositions à ne pas rater.